Chapitre 19 : Le baiser

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Nos lèvres entrent en contact, nos corps en collision. Mes mains se baladent sur son corps, puis serre sa taille, pour le garder auprès de moi. Les secondes s'écoulent lentement, et j'ai le cœur prêt a imploser. Je me si sens maladroite, à forcer de telle sorte le contact, et de m'accrocher à lui de telle sorte. Je me sens maladroite, oui, mais pas bête, puisque je ne demande qu'à être étreinte en retour. Pourtant, ses bras - tes bras - restent ballants.

Oh, Marcus, tu es incertain, je le sens bien. Je ne le suis pas, pourtant. Comment pourrais-je l'être ? Je sais depuis longtemps que c'est toi que je veux. Je te veux depuis le début, et je te veux encore un peu plus, chaque fois que je te vois. Chaque fois que je te regarde enseigner avec passion, chaque fois que je te vois fumer en face de ma fenêtre, à chaque petite conversation que nous avons ensemble. C'est la première fois que j'ai une chance de t'avoir. Alors, comment pourrais-je l'être ? Je te serre plus fermement ; je veux que tu me vois, que tu répondes. Que tu m'aimes. Vas-tu finalement m'embrasser ? Vais-je devoir attendre longtemps pour que tu te décides ? Ce soir, et pour toujours, je suis tout à toi.

Tu ne fais rien. Tu n'embrasses pas.

Je suis prête à rompre le baiser, pour te supplier de m'embrasser : "Embrasse-moi. C'est ce que je veux. Embrasse-moi s'il-te-plaît". Puis, soudainement... Ta main bouge - plusieurs fois. Pleine d'hésitation, elle mesure le pour et le contre, cherchant à savoir si elle doit m'attirer ou me repousser. Que va-t-elle faire ? Ta main bouge. Poirquoi ? Que va-t-elle faire ?

Ta main bouge, pour finalement m'embrasser. Pour m'attraper.

Nos langues se mélangent. Nous fusionnons. Soudainement, plus rien n'a de sens, et je ne peux que m'accrocher qu'à toi. Le vent souffle autour de nous ; j'ai l'impression d'être au cœur d'une tempête, et que la seule façon pour moi de survivre est de rester amarrer à toi. Ce n'est pas juste une étreinte, non. Et il n'y a rien de chaste, - je ressens ta passion autant que tu ressens la mienne. Un picotement traverse mon corps. J'ai envie de dire que je suis foudroyée en plein cœur, que c'est un coup de foudre, que je t'aime, que je veux que tu sois mien - pourtant je ne suis pas le genre de personne à aimer ce genre de phrases, ou à les penser.

Je me perds dans le baiser. Puis... Tu me repousses. Le moment prend fin. Tes bras me lâchent, tu recules. Nos regards se croisent, mais bien vite, la lune disparaît derrière un écran de fumée, et ton visage s'assombrit. Je ne peux plus en lire les traits, mais tout ce que j'espère, c'est que tu ne regrettes pas. Parce que c'est un moment dont je me souviendrais jusqu'à la fin de mes jours. Ton corps, ton étreinte, ton parfum, ta chaleur. Toi. Je me souviendrais de toi, et de ce soir. Si tu le regrettes, ce ne sera pas un souvenir agréable. Mais si ce soir, toi aussi, tu veux de moi, alors je serais comblée. Ce sera un bon souvenir.

Tu reviens, tu me prends la main. Tu la caresses. Je colle mon front contre le tien, et tu viens caresser mes cheveux.

"Tu sens la cigarette, tu me dis.

- C'est parce que j'ai fumé." je te réponds.

Tu sembles être sur le point de dire quelque chose, mais de petites gouttes d'eau chutent doucement du ciel, et interrompent le début de notre conversation. Et rapidement, les petites gouttes se transforment en grosses, sans qu'on ait le temps de reprendre le cours de notre discussion. Je me mets à rire, toi aussi. La pluie tombe.

"Peut-être que c'est mieux si... bafouilles-tu. Enfin, si...

- Si ?

- Si je te ramène chez toi."

Je ris de plus belle. C'est une belle nuit, maintenant. J'étais en enfer il y a à peine une heure, mais - mal pour un bien - je suis maintenant au paradis. C'est une très belle nuit, pour toi et moi.

Cruelle annéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant