Five

CHAPITRE 2 - MAYA

Cela fait à peine trois jours que la rentrée a commencé, et je me sens déjà submergé de travail et également de fatigue, mais heureusement pour moi, nous sommes vendredi et qui dit vendredi, dit fin de la semaine et une Maya heureuse.

Jusqu'ici tout s'est relativement bien passé, les élèves sont pour la plupart à l'écoute et j'ai l'impression de les intéresser un minimum, en tous cas si ne pas les cas, ils sont doués pour ne pas me le faire ressentir. J'ai croisé Mr Jeggins ce matin, il m'a prévenu qu'il y aurait un intervenant dans ma classe pour sensibiliser les élèves aux méfaits et dommages de l'alcool. J'ai d'abord été réticente mais je me suis finalement laissé convaincre, en me disant que ce n'était pas une mauvaise chose, et que peut-être cet intervenant arrivera à toucher un ou deux élèves ce qui évitera certains drames sur la route, du moins je l'espère.

L'heure de la pause déjeuner a sonner, comme tous les jours depuis le début de l'année je sors mon bento de mon sac et commence à manger tout en lisant les rédactions de mes élèves, le sujet était qu'est-ce le bonheur ? C'est un sujet assez vaste, mais la période de l'adolescence est tellement complexe que savoir que signifie le bonheur par des jeunes de dix-sept ans me fascine, cela me permet d'en découvrir un peu plus de chacun,  Certaines rédactions ne sont pas mal, ça va du très simple avec quelques élèves pour qui le bonheur se trouvent dan le faite d'avoir des rapports sexuels, faire la fête, sortir, les choses assez classiques, certaines sont plus profondes, parlant de décès, de souvenir d'enfance, mais c'est sur la rédaction d'Aaron que je m'arrête.

« Qu'est-ce le bonheur ? Pour moi le bonheur n'existe pas, c'est une utopie. Comme le disait Voltaire, le bonheur n'existe pas il n'existe que des moments de bonheur. Certains trouvent le bonheur entouré de leurs enfants, de leurs familles, mais cela reviendrait à dire que les personnes sans familles et sans enfants ne connaissent pas le bonheur. Prenez un homme au hasard dans la rue, demandez lui que signifie le bonheur, il répondra certainement que le bonheur est dans son mariage alors qu'il sait pertinemment que son mariage ne tient qu'a un fil et qu'il se réfugie dans les bras de sa maitresse, demandez aux élèves de cette classe qu'est-ce le bonheur, ils vous répondront, faire la fête jusqu'au bout de la nuit, se réveiller dans les bras d'une charmante demoiselle, mais quand vous regardez de plus près est-ce vraiment ça le bonheur, oublier sa solitude et le fait que nous soyons seul lors de soirées et en heureuse compagnie. Moi Madame Weder, je vous dis une vérité le bonheur n'existe pas, ni pour vous, ni pour moi, ni pour personne, seulement pour les morts, eux ont trouvé le vrai bonheur.

Mes mains sont moites, et ma respiration saccadée je n'arrive pas à croire ce que je viens de lire, j'ai tellement de questions qui me passe par la tête que mon cerveau n'arrive plus à penser correctement, comment une personne si jeune peut-elle déjà ne plus croire au bonheur.

" Ça t'arrive de décrocher quelque fois ? "

La voix de Tyler me sort de mes pensées, et j'ai du mal à lui rendre son charmant sourire, je n'arrive pas à savoir s'il m'a demandé quelque chose ou pas encore

" Je ... Oui... Pardon ? " Essaie-je d'articuler.

Ce sont les seuls mots que j'arrive à prononcer, et je me dis que c'est la deuxième fois que je me retrouve en face de lui et que c'est la deuxième fois que je bégaie et que je n'arrive pas à articuler plus de deux mots et je me sens tellement minable, que lui doit le sentir aussi.

Tu sais que nous avons une salle dédiée aux professeurs. Sa voix est toujours aussi grave mais il emploi un ton plus chaud que lors de notre première rencontre ce qui me mets un peu plus à l'aise. Tu n'es pas obligé de rester dans ta classe pendant la pause, on ne fait pas seulement manger, on discute aussi, mais surtout et c'est le plus important, on se moque des élèves. Je peux t'inviter prendre un café si tu le souhaites ?