Chapitre 2

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AYREEN


Andrew m'a raccompagnée dans la soirée. Il en a profité pour rester avec mon père afin d'entretenir une conversation sur la politique et le port d'armes à feu, que tous deux prônent, bien entendu. Mon frère s'est joint à eux, et de mon côté, je préfère aller me terrer dans ma chambre, le cœur lourd.

Dans le couloir, à l'étage, je croise ma mère. Elle me barre la route, avide d'obtenir une information cruciale.

— Alors, comment s'est déroulé ton rendez-vous ?

En vérité, elle se moque d'apprendre si j'ai apprécié passer du temps avec ce petit ami que l'on m'impose depuis plusieurs années maintenant. Elle souhaite uniquement savoir s'il a prévu de m'épouser. Le business, c'est le business.

— Comme sur des roulettes ! lancé-je en feignant un sourire.

— A-t-il parlé de votre avenir ?

— Oui, oui entre deux coups de queue, il l'a fait.

— Pardon ?

— Mais littéralement, maman ! me marré-je. Il y avait réellement deux sexes aujourd'hui !

— Ayreen ! me gronde-t-elle.

Elle n'en a strictement rien à faire que je me fasse tringler par Andrew et tous ses amis sans même le vouloir véritablement. Tout ce qui l'importe, c'est ce que mon futur mariage lui apportera.

Je me résigne à chercher une quelconque aide de sa part.

— Oui, il a dit qu'il m'épouserait à la fin de sa dernière année d'études.

Elle compte sur ses doigts.

— Hum... ça nous laisse quelques petits mois. Ça ne sera plus très long. A-t-il parlé de fiançailles ? Il faudrait que les médias l'apprennent au plus vite. Ça nous fera un peu de pub gratuite.

— Et peut-être que d'ici là, il n'y aura plus qu'un seul pénis ? supputé-je avec dérision.

Je préfère rire de ma situation plutôt qu'en pleurer. Je chiale déjà assez, en plus de verser des larmes de sang lorsque je ne supporte plus de suffoquer en silence dans ma chambre.

— C'est très bien en tout cas ! s'emballe-t-elle en me frottant le haut du bras sans répondre à mes allusions. Mais je me sentirai pleinement soulagée lorsque vous vous direz oui.

— Et moi, avec un seul phallus, je serai également soulagée, rétorqué-je sans me départir de mon masque jovial.

— As-tu besoin d'intensifier tes rendez-vous avec le Dr Cooper ?

Mon psy, qu'elle paie une fortune, bien que je reste mutique la plupart du temps. Je déteste m'exprimer sur mon mal-être. Je préférerais avoir de vrais amis pour ça, mais j'aurais surtout l'impression de les embêter avec mes problèmes, alors j'extériorise mon désarroi à ma façon. Un psy ne me permettra pas de guérir. Toutefois, ma mère pense que j'endure beaucoup mieux les déviances d'Andrew en ayant recours à ce professionnel.

— Non, inutile, décrété-je.

Elle jette un œil sur mon bras caché par ma veste.

— Tu es certaine ? Je sais qu'il est difficile pour toi de supporter tous ces hommes, mais...

— Mais le succès de notre famille déjà milliardaire repose sur mes épaules, raillé-je avec une amertume non dissimulée.

— Je suis désolée qu'Andrew aime te partager, mais il va falloir t'en accommoder, car en effet, nous garderons un excellent statut grâce à votre union. Et tu ne vas pas prétendre que tu n'es jamais satisfaite, quand même !

Carnage [Publié]Where stories live. Discover now