Pizza Party

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Il était 19h30 lorsque la sonnette de son appartement retenti. Lucie sursauta violement, faisant tomber le couteau avec lequel elle coupait des tranches de mozzarella. Elle resta un instant interdite, il était vraiment venu? S'essuyant nerveusement les main sur son tablier, elle se dirigea vers la porte, fit demi-tour, enleva son tablier, vérifia son reflet dans le miroir et, après avoir pris une grande inspiration, la jeune femme ouvrit la porte tout en se disant qu'elle était une idiote et qu'il était tout à fait inconsidéré d'inviter un homme inconnu chez elle, fût-il votre charmant nouveau voisin: rien ne prouvait qu'il n'était pas un dangereux sociopathe. Toutes pensées de sécurité s'envolèrent de l'esprit de la jeune femme lorsqu'elle aperçu le présumé sociopathe. 

Il avait les cheveux encore légèrement humide, portait un pantalon de jogging gris ainsi qu'un tee-shirt blanc et une chemise à carreaux. Il leva les mains: "j'ai apporté le vin" tenant une bouteille dans l'une et deux verres à pieds dans l'autre. Lucie le remercia et s'écarta pour le laisser entrer. 

-J'étais justement en train de préparer les pizzas. Elle mentait, elle préparait une pizza. Une seule, pour elle. Elle ne pensait tout simplement pas qu'il l'aurait prise au pied de la lettre et qu'il se serait pointé. Bon maintenant qu'il était là, elle allait au moins essayer de ne pas se couvrir de honte une nouvelle fois. Une seule sur la journée suffisait! 

-Venez dans la cuisine, on va continuer la préparation des pizzas, vous pourrez choisir ce que vous préférez pour mettre dessus comme ça. L'homme acquiesça et la suivit. 

-Ok, mais pas de "vous" entre nous d'accord? Les papillons firent leur grand retour dans le ventre de Lucie et tendis qu'elle essayait de garder un visage de marbre, il continua: "Tu aurais un ouvre bouteille? je n'ai pas trouvé le miens dans les caisses."

-Bien sur! Lucie sauta sur l'occasion pour engager la conversation: alors, vous... tu... avance dans ton installation? Elle n'était pas tout à fait a l'aise de le tutoyer, il était un peu intimidant. Il servit les verres et tous les deux commencèrent à mettre sur la pâte ronde des ingrédients pour préparer leur pizza. 

- J'ai une question assez délicate, fit à un moment le jeune homme. Lucie se tendit. "Une question délicate?"

-Oui: team ananas ou team l'ananas sur une pizza c'est sacrilège? Il avait un air très sérieux et la petite montée de stress combinée à la question ridicule, l'air sérieux de son invité et le demi verre de vin qu'elle avait bu la firent éclater de rire. 

Ils continuèrent à discuter de sujets légers jusqu'à ce que les pizzas soient cuites et allèrent s'installer sur la table du salon. Ils étaient assis sur des coussins et, le vin ayant effacé une bonne partie de la timidité et du stress de la jeune femme, elle passait un bon moment. Ils étaient au milieu du repas lorsque le téléphone de Mathias sonna. Il regarda l'écran et grogna de mécontentement. "Le boulot" commentât-il. "Si c'est vraiment important, ils rappelleront". 

-Oh, fit Lucie ne sachant pas vraiment comment réagir. Tu travailles dans quoi?

Il sembla hésiter un moment puis fini par répondre.

- Je travaille au château, murmura-t-il. Lucie écarquilla les yeux.

- Le château? répétât-elle, et bien, en voila une surprise, il n'y a pas beaucoup d'humains qui y travaille, tu dois être vraiment très compétant dans ton domaine! 

Alors que le jeune homme lui lançait un regard indéchiffrable, son téléphone se remit a sonner. 

- Je dois vraiment répondre cette fois. Fit-il, passablement contrarié. 

- Oui,  pas de problème, sourit la jeune femme qui se leva et alla dans la cuisine chercher une bouteille d'eau, surtout  pour laisser un peu d'intimité a son invité. Elle l'entendit toutefois répondre 

- Quoi? aboya-t-il en décrochant. Un silence. Il reprit "Très bien, j'arrive" et il raccrocha. Lucie revint alors les mains chargées de sa bouteille d'eau. 

- Alors, tout va bien? sachant pertinemment que la soirée arrivait à son terme. 

-Je suis désolé, je dois y aller, une urgence au boulot. Il guettait la réaction de la jeune femme. 

- Bien sur,  elle se précipita dans la cuisine et revint avec une boite dans laquelle elle mit le reste de la pizza. "Pour la route" commenta-t-elle en souriant

- Je me ferais pardonner, c'est promis! dit Mathias en sortant. 

Lucie était un peu déçue que la soirée se soit écourtée, elle passait un bon moment, son nouveau voisin, en plus d'être absolument canon, était de très bonne compagnie. Elle était aussi désolée pour lui. Il devait retourner à son travail si tard dans la soirée... Et quel travail, le château, il travaillait au château! Tous le monde connaissait cet endroit évidement, puisqu'il s'agissait du domaine du roi des loups. C'était sa demeure mais également l'endroit depuis lequel il faisait régner l'ordre dans tout le pays. Il n'y avait que très peu d'humains autorisés à y travailler. A moins d'avoir des compétences extrêmement utiles et de les maitriser a la perfection, vous n'aviez aucune chance. Les loups préféraient travailler avec d'autres loups. c'était aussi simple que ça. 

Lucie avait fini de manger et débarrassait la table en se demandant distraitement quels étaient les compétences spéciales de Mathias pour lui valoir une place au château lorsqu'elle avisa qu'il avait oublié sa chemise sur le fauteuil. Elle la pris et respira le parfum enivrant du jeune homme avant de passer la chemise et d'aller devant le miroir du salon. Elle tourna sur elle même en se disant qu'elle avait hâte de pouvoir lui piquer ses fringues lorsqu'il serait son petit ami. Elle secoua la tête en rougissant. Elle mettait la charrue avant les bœufs. Certes, ils avaient partagés un bon moment. Mais elle ne le connaissait toujours pas. C'est à ce moment qu'elle entendit du bruit dans le couloir. Mathias devait probablement être en train de partir. Elle décida de lui rendre sa chemise. Elle ouvrit la porte de son appartement et se retrouva face a deux armoires à glace en costume noir. Ils se retournèrent tous les deux d'un même mouvement. Elle avisa ce faisant les oreillettes qu'ils portaient. Elle paniqua aussitôt. C'étaient des gardes du château. Autrement dit, des loups! Elle fit un pas en arrière lorsqu'ils avancèrent, menaçants,  dans sa direction. 

-Foutez-lui la paix, ordonna une voix ferme derrière eux. Mathias se tenait dans l'encadrement de sa porte, habillé d'un costume bleu marine qui lui allait comme un gant et qui avait l'air hors de prix. Il était terriblement beau et avait également l'air terriblement en colère. Lucie ne savait pas si elle l'avait contrarié ou si c'était les deux mastodontes. Toujours est-il qu'il n'avait pas l'air d'avoir peur des deux loups. Il se dirigea vers sa voisine et sourit d'un air d'excuses. 

-Désolé pour la frayeur. 

-Je... heu... tu avais oublié ta chemise. Lucie se dit que décidément, elle n'arrêtait pas de bégayer aujourd'hui. Elle lui rendit donc le vêtement  qu'il prit en la remerciant. Elle ferma la porte à double tour tout en se disant que quelque chose clochait avec son nouveau voisin. Les humains ne parlaient pas sur ce ton aux loups. Soit il avait un poste très haut placé, auquel cas il devait être un véritable génie, soit, et la perspective était bien plus effrayante, il était lui même un loup. Lucie tourna et retourna cette idée dans sa tête tout le reste de la soirée. C'était improbable, un loup ne viendrait pas dans ce quartier ni dans cet immeuble. Oh, c'était un joli immeuble et le quartier n'était pas mal famé, non. Mais quand vous étiez un loup, vous aviez un autre train de vie. Improbable, en effet. Mais n'était il pas encore plus improbable qu'un humain aie un poste haut placé au château du Roi?


Mon voisin est un Loup-GarouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant