Chapitre 51

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L'immeuble était en feu et moi, tenant une boîte d'allumette, je le regardais partir en fumée. Le pyromane n'était encore qu'un enfant lorsqu'il fut émerveillé par ce spectacle. Je me fichais du danger, pour moi rien n'était plus merveilleux qu'un bâtiment en flamme. C'était ce jour-là le déclencheur de ma folie pyromane. Au départ je voulais juste voir ce qu'il se passait si je lançais une allumette dans les escaliers en bois du vieux bâtiment de ma ville. Ce fut le premier bâtiment d'une longue série brûlée par ma faute. Tous essayèrent de mettre la main sur moi, le pyromane. Mais personne ne se doutait qu'il pouvait s'agir d'un simple enfant.

Et après un long moment je fus attrapé. Je ne pouvais pas croire que je l'avais perdue, Françoise ma bien aimée. A la place, je fus emmené dans un bâtiment loin de chez moi. Je m'en voulais tellement de l'avoir tuée que je commençais à m'en prendre à tout le monde. Surtout à ce garçon qui avait, lui aussi tué une jeune fille de notre âge. Mais lui, il continuait à dire qu'il n'y était pour rien et cela m'agaçait ! Il n'assumait pas ses actes alors que moi j'avais abandonné l'idée que Françoise me revienne un jour.

Je ne connaissais pas réellement son histoire et j'étais loin de me douter que nous allions finir par nous allier lui et moi près d'un an après être enfin sorti de ce lieu.

_ Alors ? Quelle tête elle faisait quand tu l'as poussée du haut de l'immeuble ?

Mes camarades et moi l'encerclaient en espérant une réponse de sa part.

_ Mais puisque je vous dis que je suis innocent ! Je ne sais absolument pas quel regard elle a jeté à son assassin !

Soudain, je l'attrapai par le col et le plaqua contre le mur rempli de graffitis. Puis l'on put apercevoir une larme s'échapper de son œil et, immédiatement l'un de nos camarades s'empressa de le faire remarquer.

_ Eh les gars, regardez il chiale !

Cela leur créa un prétexte pour se jeter sur lui et le frapper. Moi, je n'étais pas une brute comme eux mais je ne pouvais pas être de son côté pour deux raisons. La première étant qu'il devait payer pour avoir tué sa camarade de classe même sans vouloir en assumer les conséquences et la deuxième étant que je ne voulais pas non-plus devenir leur cible.

J'étais peut-être un monstre de penser cela mais c'était l'image que tout le monde voulait voire d'un pyromane tel que moi. Ils étaient tous loin d'imaginer à quel point j'avais souffert de cette expérience. A cause de la mort de Françoise que j'avais provoqué dans ma folie incendiaire, je fini par développer une phobie atroce du feu. Le pyromane était devenu pyrophobe.

Si cela venait à se savoir, je serais une cible tel que ce Olwen qui tentait tant bien que mal de rallier certain à sa cause. Nuit et jour il provoquait chacun d'entre nous dans un discours qu'il n'avait jamais le temps de finir. Il y dénoncé des injustices du passé, des hommes condamnés à mort alors qu'ils étaient innocents... Et la fin, jamais il ne l'avait prononcé. Seulement, à chaque fois que tout le monde commençait à s'en prendre à lui et qu'il perdait sa feuille de discours, je prenais le soin de la ramasser et de la garder précieusement. Ainsi, chaque soir je plongeais mon nez dans ses écrits. Je fus le seul à connaître la fin de ses discours sur l'innocence. Il devait nous demander qui était innocent et qui voulait se lever contre l'injustice dont ils étaient victimes. Le problème était que, s'il était véritablement innocent, personne d'autre ici ne l'était. Personne ne pouvait l'aider, pas même moi...

Une mort sur la conscienceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant