Si...

Chapitre 43

Jared.

Février, il y a trois ans.

Si la relation nouvelle qui subsistait entre moi et Kiara me rendait heureux comme jamais je ne l'ai été et comme jamais je ne pourrais le définir, ni même le décrire, elle a eu vite fait de se finir.

Kiara a quitté Ryan le lendemain de nos premiers ébats. Des ébats corporels, sensuels, charnels et fusionnels. Et si Ryan a dans un premier temps pardonné à sa copine que l'on se soit embrassé, il n'a pas supporté que l'on ait couché ensemble.

Kiara, trop honnête pour priver Ryan de la moindre vérité, lui a tout avoué. Et oui, j'aurais dû imiter son bon comportement avec ma propre copine mais je n'ai rien fait. J'ai baladé Kiara en promesses mais je ne les ai jamais tenues. Fatiguée d'attendre que je mette Alison dans la confidence de nos actes, elle m'a tourné le dos.

Elle a mis fin à la relation saine que lui offrait Ryan pour moi, qui ne lui offre rien. Et ça me tue de savoir qu'elle doit certainement le regretter. Avec Ryan elle était en sécurité. Et même si ça met ma jalousie à rude épreuve que de l'admettre, je suis forcé de reconnaître qu'il la traitait comme une princesse. Toujours à ses petits soins, à son écoute et à l'attention de toutes ses demandes. Il était dévoué et c'est définitivement lui qu'elle méritait.

Seulement le côté naturellement égoïste de ma personne ne peut s'empêcher de tout vouloir, de tout convoiter, de tout posséder, sans jamais faire de choix, sans jamais se risquer à souffrir.

Mais le jeu de l'amour est un jeu honnête parsemé d'épreuves vulnérables et authentiques. S'il n'y a pas d'efforts, pas de prise de risques ni de batailles durement menées, il n'y a pas de mérite, pas même une infime récompense.

« — C'est Alison ou moi, Jared », m'a dit Kiara avant de m'écoper d'un silence drôlement familier lorsque je n'ai pas su répondre à son dilemme. Un silence qui m'apparaissait comme une impression de déjà-vu.

Oui, je le connaissais bien ce silence. C'était le même que je lui avais infligé sans vergogne plus d'un an plus tôt.

Maintenant, sa voix de miel me hante et sa peau satinée me manque.

Trois fois nous avons mélangé nos corps, fusionné nos peaux pour s'ouvrir et se découvrir l'un à l'autre. Et je le sais : jamais plus je ne pourrais me passer d'elle ou alors je me briserais.

Ça ne fait que deux semaines qu'elle ne me donne plus signe de vie et chaque seconde passée loin d'elle m'écorche un peu plus le cœur.

Je ne sais que faire.

Un choix, me dit-elle ?

Entre l'amitié et l'amour. Dans cette histoire quelqu'un finira blessé.

D'ordinaire, que je blesse des personnes sans le vouloir ou presque, ne représente vraiment que le cadet de mes soucis.

Mais il est question de deux femmes que je veux à tout prix éviter de tâcher de mes mains empoisonnées qui ne sèment que tristesse, tracas et tourments.

Alison n'est pas quelqu'un de méchant et la vie lui a déjà si péniblement privé de joie que je me refuse de contribuer au malheur quotidien qu'elle vit en permanence. La perte de sa mère dans le divorce de ses parents a fini de l'achever. Aujourd'hui, elle n'a plus aucun signe de vie de sa part. Et connaissant moi-même que trop bien la saveur amère de la séparation, je ne peux tout simplement pas me résoudre à l'abandonner. Elle est mon amie.

Et Kiara... la femme de ma vie. J'ai besoin d'elle pour respirer et sans elle à mes côtés je me sens comme un poisson hors de l'eau, privé de son habitat naturel, de sa zone la plus sûre.