Chapitre 3

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Aiden Hanna - 26 août


Je quitte ma chambre tranquillement, sac à dos sur l'épaule en compagnie de Will et Mike avec qui je la partage. Nous nous dirigeons tous les trois vers le bâtiment principal avant de se séparer dans le hall, n'ayant pas les mêmes cours. Je me retrouve donc seul avec Will pour monter au deuxième étage afin d'attendre la salle 28.

Ces vieux couloirs sombres ne m'avaient pas manquer. Mais alors pas du tout. Je regrette de ne pas pouvoir rester en vacances chez la grand-mère de Will. Nous avons passé un super été. Tantôt plongeant dans la piscine, tantôt jouant aux jeux vidéo devant le gigantesque écran plat qu'avait en possession May. Les soirées sur la plage étaient également un bon et lointain souvenir. Aujourd'hui, je suis ici à l'Institut Stafford. Sûrement le pire qui puisse exister au monde.

Nous arrivons enfin devant la salle où M. Pratt nous attend de pied ferme. Petit, chauve avec des lunettes, il n'est pas méchant mais il peut parfois être lourd. Et surtout il n'a aucun sens de l'humour. Pour autant ce n'est pas un mauvais professeur au contraire il essaie d'être juste et surtout on voit qu'il est passionné par son métier. Ce qui est plutôt rare ces temps-ci.

Dès que tout le monde est rangé correctement, il nous fait rentrer. Nous pouvons nous placer comme nous le souhaitons tant que nous ne gênons pas son cours auquel cas il nous déplace sur une table seule devant son bureau pour le reste de l'année. Je m'assieds au fond de la classe dans un coin près d'un garçon aux cheveux dorés du nom de Stan avec qui je m'entends pas trop mal. Il m'adresse d'ailleurs un sourire avant de sortir ses affaires. Nous avions déjà les mêmes places les années antérieures. C'est d'ailleurs comme cela que nous nous sommes rencontrés. Étant loin du prof, déjà à moitié sourd et aveugle, nous parlions sans qu'il ne sans aperçoive.

Alors que le professeur commence le cours en se présentant lui et sa matière, l'histoire-géographie, sous la table, ma main grattent mon avant-bras gauche déjà rouge. C'est un tic nerveux. Et comme je suis toujours stressé, il ne s'arrête jamais. Je me stoppe avec difficulté avant de faire trop de dégâts et me pose les doigts glacés sur la plaque écarlate qui s'est formée.

Stan vérifie que le professeur de nous regarde pas puis se tourne vers moi et me demande en chuchotant pour ne pas l'alerter :

— T'as pu ramener des trucs ou pas ?

Je comprends tout de suite à quoi il fait allusion. J'ai essayé mais malheureusement la grand-mère à Will n'est pas aussi incompétente que mes parents et à bien fait attention de vérifier ce qu'il prenait ou non alors quand elle a vu ce que contenait mes bagages, elle les a tout de suite mis hors de ma portée. Je me suis également pris un gros savon. Ce n'est pas bon pour la santé, tu vas te gâcher la vie, tu vas devenir addict. Ces phrases qu'on a déjà entendues au moins tous une fois dans notre vie la vie. Ces phrases dont je suis conscient de leur vérité mais qui n'en sont pas moins inutiles quand on est embarqué dedans. Les produits illicites ou drogues une fois qu'on est devenu addict à cette merde c'est foutu. Dans tous les cas, j'aurais pu en mettre dans ma valise sauf qu'elle avait déjà tout prévu et l'avait embarqué avant l'heure en prévention. Pas bête la mémé.

Je secoue la tête.

— Non, je me suis fait prendre et toi ?

Un sourire malin écarte ses lèvres gercées tandis qu'il me répond :

— Ouais ! J'en ai jamais pris autant. On en aura pour un sacré bout de temps ! Mais du coup...

— Oui, je sais. Je te payerai t'inquiète, je lui coupe la parole sachant déjà ce qu'il veut dire.

L'Institut StaffordWhere stories live. Discover now