Possédée: Il Est Mien (Tome 2)

Chapitre 2

♪ Evanescence, My Heart Is Broken

🥀

GEMMA

J'ai trop chaud. Je repousse la couverture et me retourne pour enfoncer mon visage dans mon oreiller. J'inspire profondément mais bondis en reconnaissant l'odeur de lessive qui imprègne la taie – une odeur que je n'ai pas sentie depuis des mois mais que je ne peux oublier. Aussitôt, mes yeux sont grand ouverts et je pousse un cri d'horreur en découvrant l'endroit où je me trouve. Du blanc de partout – les draps, les murs, le sol, les rideaux.

Me voilà de retour dans mon ancienne chambre...

... Au manoir Carminati.

— La belle au bois dormant est réveillée.

Je sursaute en entendant ces paroles et me tourne en direction de la voix pour découvrir Gianni sur le seuil de ma chambre. Je prends conscience à ce moment que je suis nue et m'empresse de rabattre la couverture sur moi, même si je sais que c'est trop tard, il s'est déjà bien rincé l'œil. Ce n'est pas la première fois non plus.

Mon cœur bat la chamade et mon souffle se fait court tandis que je prends conscience de la réalité. Si je me trouve ici, dans cette chambre de malheur, c'est que je ne suis pas avec Don. Oh mon dieu, Don ! Dans quel état il doit être en voyant que j'ai disparu !

Comment ai-je atterri ici ? 

— Qu'est-ce que je fais ici ? demandé-je alors qu'il entre dans la pièce en fermant la porte derrière lui.

J'ai l'impression que les murs se referment sur moi et j'imagine mille et unes horreurs qu'il pourrait me faire subir.

— Tu es désormais à ta place. Nous t'avons sauvée de ce connard de Di Marino.

Sauvée ? C'est plutôt lui qui m'a sauvée de vous ! pensé-je mais je ne dis rien.

Les événements de la veille me reviennent par flashes: la soirée au club, l'incendie, Don qui me laisse, la silhouette, la voix, le tissu sur ma bouche. Tout était organisé et planifié pour me kidnapper hier soir. Je frémis d'horreur et me contente de regarder mon bourreau, l'air apeuré. Il n'a pas changé depuis octobre. Toujours cet air de mannequin, ce visage juvénile, ces cheveux blonds coupés à la dernière mode et ces petits yeux bruns vicelards.

Je ne suis pas idiote au point de lui demander de me laisser partir. D'une part, il refusera mais d'autre part, cela pourrait l'encourager à être encore plus méchant avec moi. Je vais faire comme si, en effet, j'avais vécu l'enfer avec Don, ou du moins que je ne m'y étais pas plue comme c'est le cas en réalité. Pas comme si j'étais tombée éperdument et irrévocablement amoureuse de lui et qu'il me manquait atrocement.

Gianni se rapproche pas à pas et je recule contre la tête de lit au même rythme mais, évidemment, je me retrouve bloquée contre elle. Mon cœur bat si vite que j'ai l'impression qu'il va exploser et je sens des sueurs froides contre la peau moite de mon dos. Mon souffle se bloque et mon estomac se noue quand il pose un genou sur le matelas près de moi. Je ferme les yeux pour ne pas voir les siens, emplis de désir, ni le sourire obscène plaqué sur ses lèvres et encore moins la bosse à l'avant de son pantalon.

Je plante violemment mes dents dans ma lèvre inférieure au moment où je sens le dos d'une main sur ma joue qui descend ensuite le long de ma gorge. Je ne respire plus et me mets à implorer un quelconque dieu de m'épargner ou du moins de me donner la force de me laisser faire sans me débattre car je sais que si j'essaie de résister, les conséquences seront plus terribles encore que l'acte en lui-même.