Chapitre 10

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~Mingyu~

Un calme apparent régnait au coeur de la capitale. Le soleil brillait haut dans le ciel, peu d'hommes et de femmes déambulataient dans les rues, ceux qu'on pouvait croiser se dirigeaient vers des petits restaurants bondé pour profiter d'une bonne pause déjeuner. On discutait et se saluait, un monde paisible sans problème.
Au milieu de ce paysage se dressait la camionette d'un vendeur ambulant de sandwichs. Ses produits, inspiré de la cuisine européenne, connaissaient une popularité montante. Et pour cause, chaque bouché était un véritable délice. La queue pour y accéder encombrait tout un trottoir, les gens n'avait pas peur de patienter une heure pour goûter à cette bonne nourriture.

C'est ce qu'avait fait Mingyu, sous le soleil de plomb et rafraîchi par le petit air frais qui soufflait dans les rues. Il avait attendu son tour et payait désormais deux gros sandwichs bien garnis. Le sourire au lèvre, il salua poliment le vendeur avant de s'engager sur le chemin. Son porte-monnaie reposait dans les poches d'un long manteau qui flottait derrière ses pas, il était déjà grand mais cet habit le rendait immence.
Il n'aimait pas le porter, ça lui rappelait les capes de sorciers qu'il enfilait parfois quand il était étudiant. Néanmoins, il ne pouvait pas affirmer qu'il n'avait pas belle allure ainsi. Et aujourd'hui il ne désirait que ça: avoir l'air beau.

Son objectif était un franc succès, nombreux était les regards qui suivaient sa silhouette et les personnes qui se demandaient s'il n'était pas un mannequin. Mingyu se savait beau, ses parents ne le lui disaient pas souvent, de peur qu'il prenne la grosse tête, mais il le savait. Plus jeune il n'en avait pas vraiment conscience, sa maladresse et son innocence rayonnait plus que son physique. Adulte il restait maladroit, mais il s'était petit à petit mit à comprendre que son corps d'homme attirait l'attention, qu'au fil du temps les gens le regardaient autrement.

Enfin, ceux qui ne le connaissaient pas. Ces amis de longue date, eux, verraient toujours ne lui le gamin mal habile et souriant qu'il avait été toute sa vie.

Les yeux du monde le suivirent jusqu'au moment où il s'engagea dans une petite ruelle déserte. Il disparu entre deux murs, dans un passage si étroit que peu seraient ceux qui auraient l'idée de le franchir. Derrière cet espace se trouvait une porte dont la serrure paraissait si rouillé qu'on doutait qu'elle puisse s'ouvrir. Pourtant il pressa sa main contre la poignée, celle-ci tourna sans difficulté, et il eu un sourire.

Oui, une personne ordinaire n'aurait pas l'idée d'essayer d'ouvrir cette porte. Mais il n'était pas une personne ordinaire. Même s'il s'efforçait à l'être, la vie le ramenait toujours à ce qu'il était:

Un sorcier.

Un sorcier désormais démuni de magie, comme ceux du monde entier, mais un sorcier quand même. Certes, il n'avait pas pratiqué depuis presque deux ans. Après la guerre qui s'était déroulé à Poudlard et dont il s'était retrouvé être l'un des nombreux acteurs, sa baguette avait été déposé dans un coffre à jamais fermé. Il aurait aimé ne plus jamais entendre parler de magie, de sorcellerie, de sortilège et de potion. Retrouver la vie de moldu qui était la sienne lorsqu'il était enfant, oublier cette part de lui qu'il s'était efforcé s'enfuir.

Adolescent Mingyu était un garçon maladroit et innocent. La guerre avait cassé cette part de lui, les blessures de l'époque laissaient des cicatrices qui orneraient son coeur à tout jamais. Il avait vu la mort de ses propres yeux, s'était fait trahir par des personnes qu'il chérissait, avait perdu des amis, s'était confronté à la terreur et à l'horreur.
Les gens ne comprenaient pas pourquoi il avait choisi de ne plus être un sorcier. Lui ne comprenait pas comment ces mêmes personnes parvenaient à avancer dans le monde magique après ce qu'ils avaient vécu. Peut-être était-il comme ces anciens soldats ayant connu la guerre qui seraient toute leur vie hanté par les cauchemars de ce à quoi ils avaient assisté. Peut-être était-il plus faible que certains autres, puisqu'il ne s'était jamais totalement remit, puisqu'il y pensait encore souvent. Son entourage regardait le futur, lui étreignait le passé.

~ An Ode Is A Lovesong ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant