Féheries

Chapitre 7.1 - Combat floral

Ce matin, le même programme qu'hier, mon réveil sonne aux aurores et je pars voler au-dessus de la forêt pour me dégourdir les ailes. Je fais l'impasse sur le petit-déjeuner pour pouvoir faire des pirouettes dans les airs plus longtemps, et me retrouve à devoir presque courir pour ne pas arriver en retard au cours de magie. Je suis essoufflée en entrant dans la pièce pour m'asseoir à ma place de la veille. 

— Oh mademoiselle Feychel, vous allez devoir changer de place afin d'être avec un élève du groupe A. On part du principe que vous devez apprendre des meilleurs et rien de mieux que de vous mettre avec eux.  

Oui, concrètement, elle vient de dire que je suis un benêt devant la classe entière.  

Je lui souris et attends le reste de ses instructions. 

— Vous vous mettrez avec Jordan, elle n'est encore avec personne.

Je me tourne pour apercevoir la fille qu'elle montre du doigt, c'est celle d'hier. La rouquine qui a mis à terre la montagne avec une agilité déconcertante. Elle relève un sourcil dans ma direction, mais ne fait aucun geste pour me saluer alors que je m'installe à côté d'elle. Elle reste juste stoïque en attendant de savoir ce qu'on va faire. Ça tombe bien, je suis sûrement aussi sociable qu'elle. Ça va être marrant, on dirait.  

— Bon, aujourd'hui, nous allons voir quelque chose d'un peu particulier, la visualisation de votre don. Dans la pièce, d'à côté, une planche avec plusieurs boîtes scellées vous attend. Je veux que vous les rameniez ici dans un premier temps.  

On s'exécute, je regarde derrière moi et m'aperçois que Jordan n'a pas bougé d'un centimètre. Elle attend que je le fasse à sa place, génial. Tout est génial. J'adore servir de sous-fifre.  

Je reviens avec l'ensemble des boîtes et les pose devant moi.  

— Tu peux la mettre au milieu ?  
— Un s'il te plaît t'égorgerait ? dis-je d'un ton fataliste. 

Une lueur verte irradie dans ses rétines marron, mais disparaît aussitôt, elle rapproche sa chaise de moi pour seule réponse.  

— Bon, commençons, reprend notre professeur, dans chacune des quatre boîtes devant vous, il y a de la terre, des brindilles, de l'eau, et une qui ne renferme rien. L'élève du groupe B ou C devra, avec la seule force de sa magie, retrouver chaque élément dans l'ordre, sans, bien sûr, secouer les boîtes. Une fois que le groupe A a vérifié ses propos, il devra réussir à ouvrir un maximum de boîtes.  

— Mais Madame, comment pourrions-nous ouvrir une case qui n'est pas de notre élément ?  

Un garçon tape dans le mille, c'est exactement la question que je me posais.  

— Ça, très chère, c'est à vous de le découvrir.  

Mme Cérimas lui adresse un sourire et un râle commun se laisse entendre.  

Bon, très bien. C'est donc à moi.  

Je me redresse sur ma chaise et regarde les quatre boîtes collées entre elles, il y a un verrou devant chaque porte en bois. 

Je récapitule.  
Je peux toucher, mais pas prendre les boites de ma main pour les secouer.  
En outre, le seul moyen est de ressentir mon élément. Jordan est à mes côtés, mais le menton dans sa main, elle regarde ailleurs. Super, donc elle, elle ne m'aidera pas. Le regard de notre professeur pèse sur moi quand elle passe devant mon bureau et elle continue son slalom entre les tables.  

— Le bois est un élément conducteur pour la magie, ressentez votre élément, il coule dans vos veines.  

Je ferme les yeux et touche de deux doigts chaque porte, la première, rien, la deuxième, idem, quand j'approche ma main de la troisième, je peux entendre un bruit, comme un bruit d'eau dans une grotte, une goutte qui tombe dans de la roche et qui résonne.