𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝟒

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Sana

J'aime les chats.

Plus que les humains.

Ce sont de tendres êtres, réclamant seulement du calme et un peu de compagnie.

J'ai l'impression qu'il n'y a qu'avec eux que je me sens moi-même, que j'arrive à retirer l'épaisse carapace que je porte à longueur de temps.

C'est pour ça qu'après cette première journée lourde en rebondissements, je suis contente de retrouver Moon allongée sur mon lit. Ma meilleure amie aux poils noirs relève la tête en m'apercevant.

Je retire mes grosses chaussures, les balance au sol et vais la rejoindre sur le plaid. Lorsque je la caresse et l'embrasse, elle ronronne de plaisir.

— Tu ne t'es pas trop ennuyée sans moi ?

Comme si elle me comprenait, elle grimpe sur mes jambes pour se frotter à mon ventre. Je souris de bon cœur.

— Moi c'était horrible, dis-je. Ce lycée n'est pas fait pour moi. Je hais cette ville et ces gens. Je te promets que je vais t'emmener loin d'ici.

Après cinq bonnes minutes de câlins partagés, je me relève pour rejoindre mon bureau. Assise devant celui-ci, j'allume une bougie senteur vanille qui laisse planer une douce odeur de sucré dans les airs. La flamme vacillante aide à calmer mon esprit et ajoute une lumière douce à la pièce.

Je sors une feuille, un stylo et écrit l'autorisation parentale pour participer à la Sainte-Couronne, avant d'oublier. Ensuite, je reste là à rêver, perdue dans des souvenirs incessants.

Jusqu'à ce que mon chat revienne pour monter sur mes genoux et réclamer de nouvelles caresses.

.·͙☽

Encore dans mon uniforme bleu, je descends dans la cuisine pour me servir un thé rouge et une tartine au beurre de cacahuète. A même le comptoir, je mange.

Quand j'avale la dernière bouchée, un bruit de serrure gronde vers la porte d'entrée. Malheureusement avant que je ne puisse m'enfuir en courant, mon beau père entre dans la pièce, vêtue de son plus beau costard. Il dépose soigneusement sa mallette de travail au sol et j'essaie de ne pas le dévisager.

— Bonsoir, Sana, commence-t-il en touchant ce qui lui reste de cheveux blancs.

— Bonjour, Marco.

Je bois d'une gorgée le reste de ma boisson, me brûlant la langue du même coup, pour en finir le plus vite possible avec lui.

— Où est ma mère ? demandé-je.

— Partie sortir avec des voisines. Tu vois, elle ne s'est pas si mal adaptée ici.

Ferme là.

Son faux sourire gentil m'exaspère.

Il a forcé ma mère —  et moi —   à le rejoindre ici, et maintenant il ose faire comme si c'était un bien pour elle. Je pince les lèvres pour ne pas soupirer.

— Et toi alors ? L'école ? Tu n'as encore frappé personne, rassure-moi, plaisante-t-il.

Très drôle.

— D'ailleurs, qu'est-ce que c'est...

Je ne peux le stopper qu'il est déjà en train de lire la feuille près de moi. Je serre les dents de frustration.

— La Sainte-Couronne ? Tu ne comptes quand même pas y participer, j'espère.

Il plante ses yeux bleus dans le noir des miens, en arquant vicieusement un sourcil.

— Cette école est une des meilleures du pays, Sana. On est pas dans ta petite cité, tu n'auras jamais le niveau pour être ne serait-ce que qualifier.

Je lui tire violemment la feuille des mains, sans pouvoir me contrôler ou m'entailler une nouvelle fois la peau. Mon pouls s'emballe sous la fureur.

— Et alors ? Je pourrais tenter ma chance.

Car je sais que je peux gagner cette compétition.

Non.

Je sais que je vais gagner cette compétition.

Il rigole de moi et finalement la colère quitte mon sang pour offrir sa place à la détermination. Très bien, il peut se moquer autant qu'il le souhaite, mais je jure que le vingt novembre, je porterais cette couronne de diamant.

— Si tu me le permets...

Laissant ma vaisselle, je rejoins l'étage, l'autorisation parentale serrée entre mes doigts.

Oui, je dois gagner. Je n'ai pas le choix.

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qu'avez vous pensé de ce court chapitre ?

vos envies/théories pour la suite ?

chapitre 5, dans quelques minutes...

SPLEENWhere stories live. Discover now