SPLEEN

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝟗

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Zade

Aucune réponse.

Je verrouille l'écran de mon téléphone.

Tant pis. J'ai essayé de faire mon travail de sauveur, si la personne refuse mon aide, je ne peux pas insister.

— Qu'est-ce qui se passe ? demande Dylan face à moi.

— Rien, assuré-je en prenant une bouchée de purée.

— Je te vois fixer ton téléphone depuis tout à l'heure.

— Encore une de tes conquêtes ? ajoute Mason.

— Malheureusement, non. Je n'ai toujours pas trouvé le moyen d'avoir le numéro de ta mère.

— Tu veux pas laisser ma mère tranquille ? T'as de la chance que les tiennes soient lesbiennes sinon t'aurais vu ton meilleur pote sortir avec une d'entre elles.

Je ris. Quel idiot.

Je jette ensuite un regard à Ellie qui ne lâche pas des yeux la table de Jaz et la nouvelle. Je fronce les sourcils, intrigué, en lui donnant un coup de coude. Son attention quitte enfin les deux filles.

— Quoi ?

— Qu'est-ce que t'as à les fixer comme ça ? T'es encore énervée contre Sana parce qu'elle a pris notre table la dernière fois ?

— Quoi ? Non, je m'en fous. C'est sa nouvelle copine le problème.

— L'emo-girl ?

— Oui, soupire-t-elle. T'aurais vu comment elle m'a parlé en classe tout à l'heure.

Je fronce les sourcils.

— Bah c'est pas nouveau.

En effet, à chaque fois qu'elle en a le moyen, Jaz lance des piques mesquines à mon amie. Je n'ai jamais compris la raison de ceux-ci, mais j'ai décidé de ne pas prendre partie pour ces idioties.

— Oui, mais là c'est différent. On travaille ensemble. Je... Je ne pourrais pas supporter ça longtemps.

— Du calme, Ellie. Tu t'en fous.

Sa mâchoire se ferme quelques secondes, avant qu'elle ne prenne une profonde inspiration, repousse ses cheveux clairs sur ses épaules et m'offre un beau sourire.

— T'as raison. Elle ne mérite pas mon attention.

— Exactement.

Mais quand je me tourne vers Mason, je la vois lui jeter un dernier coup d'œil.

— Bon, mec, j'espère que t'es prêt pour l'entraînement de cet après-midi, dis-je à mon ami pour changer de sujet. C'est aujourd'hui que le coach va déterminer qui va participer au match de fin octobre.

— Je sais, je sais. Tu cesses de me le répéter ces derniers jours.

— Oui et bien j'espère que t'en es bien conscient.

Il croque dans un gros bout de pain et me rétorque la bouche toujours pleine :

— Du calme, Zade. Je suis un élément essentiel à notre équipe, il n'y a aucun moyen pour que le coach ne me choisisse pas.

Il ne l'a pas choisi.

A la fin de la séance, on retourne tous dans les vestiaires, transpirant comme des porcs. Je retire immédiatement mon débardeur bleu et le short assorti le rejoint.

Mason s'assoit sur le banc à côté de moi, en râlant.

Je t'avais prévenu, me retiens-je de lui dire.

Je prends toutes mes affaires et vais aux douches communes. Il me suit.

Alors que je commence à me frotter le corps, j'observe mon ami, le visage plaqué sur le carrelage, l'air détruit.

— Mason ?

Il ne bouge pas.

Je ne m'attendais pas à ce que cette défaite le touche autant. Il n'est pas autant fan de basketball que moi, alors c'est assez surprenant. Enfin, peu importe, je dois quand même le soutenir.

— Mason...

Je lui pousse l'épaule et il geint me demandant d'arrêter.

— Mason, c'est pas si grave. Tu pourras te reprendre et participer à plein d'autres matchs importants.

Il se tourne enfin vers moi et me dévisage, un sourcil arqué et aucune trace de larmes. Quel comédien.

— Tu crois que c'est ça le problème ?

Je hausse les épaules.

— Le problème c'est que je pourrais plus m'amuser avec toi, pendant les entraînements. Qu'est-ce que je vais pouvoir faire de mon temps libre.

Quoi ?

Je mets une main devant ma bouche pour retenir le ricanement moqueur prêt à sortir.

— Qu'est-ce qui te fait rire ?

— Toi.

— Va te faire foutre, Zade, c'est pas drôle.

Il essaie de se retourner, mais je l'en empêche.

— T'es au courant que même ceux qui ne participent pas au match vont suivre les entraînements ? Comme ça ils pourront remplacer si l'un de nous se blesse.

— Quoi ? Sérieux ?!

— Mais oui, qu'est ce que tu croyais ?

Content et rassuré, il essaie de me prendre dans ses bras. Mais étant donné qu'on est tous les deux nus, je lui conseille fortement de s'éloigner avant qu'il ne rencontre mon poing.

Et surtout, je ris de ses réactions improbables.

Comme toujours avec Mason.

Lui et Dylan sont mes meilleurs amis, et je ne sais pas ce que je ferais sans eux. Ils me poussent vers le haut et sont là pour faire disparaitre mes doutes.

Je ne les connais que depuis ma première année ici, mais c'est comme si on avait toujours été amis. Ils ne savent pas tout sur moi, et moi sur eux, mais je sais que je peux leur faire confiance les yeux fermés.

Ce sont devenus mes frères.

Et Ellie est notre petite sœur.