GAME OF DEVIL

PROLOGUE

Aleksander

C'est ainsi que le croque-mitaine est mort, face au feu sauvage qui balaye tout sur son passage. Mon père m'aurait trouvé pathétique, là, dans cette ruelle à attendre la mort sans me battre. Mais, comment pourrais-je me battre contre elle ? C'est impossible. Cet événement est inévitable.

Mon cœur s'emballe face à elle. Dans cette ruelle sombre et déserte, une arme pointée sur moi. Mais, il se brise quand je remarque les larmes qui coulent sur ses joues et son visage marqué par la détresse. Pourtant, malgré le danger imminent, je reste étrangement calme.

Je comprends son choix.

— Moy dikiy, murmuré-je d'une voix douce, cherchant à apaiser sa peine. Je sais que tu es désolée. Je sais aussi que tout est ma faute et je n'ai aucune rancune envers toi. Tu n'as aucune autre solution. Fais-le.

Nos regards se croisent et dans ses yeux, je vois une profonde douleur mêlée à une certaine résolution. Les événements qui ont conduit à cette confrontation ont été causés par des forces plus grandes que nous, des circonstances qui nous ont entraînés sur des chemins opposés.

— Je ne veux pas te faire de mal, je ne veux plus t'en faire, continué-je avec un calme qui est loin de me caractériser, mais je suis sincère.

— Si c'est ainsi que ça doit se terminer, je ne tenterai pas de me défendre. Je suis fatigué de tout ça, fatigué des combats et des conflits. Si cela peut t'aider à apaiser ta peine, alors je suis prêt à accepter mon sort.

Je baisse légèrement les bras pour lui montrer que je ne représente plus aucune menace. Elle semble hésiter, comme si son cœur et son esprit étaient en pleine bataille. Elle serre l'arme entre ses doigts tremblants, les larmes continuant de couler sur ses joues.

— Je veux pas en arriver là Xander, dit-elle d'une voix brisée. J'aime toujours autant l'entendre, savoir que sa voix n'appartient qu'à moi. Même en cet instant. Mais, c'est ma seule chance de m'échapper de tout ça. Ils me forcent à faire ça, sinon ils les tueront aussi.

— "Post tenebras lux", tu te rappelles ? Après les ténèbres, la lumière. Je suis tes ténèbres, change ça, change ton destin. Soit ta propre lumière, c'est ma dernière volonté. Fais-le, je suis prêt. Je l'ai toujours été.

Les secondes s'écoulent lentement, chacune comme une éternité. Nos regards restent verrouillés, alors que le bruit berçant lointain des voitures et des passants nous entourent. J'ai toujours aimé cette ville, j'ai aimé la terrorisé, la manipuler, la rendre accro à mes besoins. Cette ville a toujours été à moi.

Maintenant ? Anton et Tasha connaissent la marche à suivre. Continuer ce que j'ai commencé sans jamais faillir.

— Je.. Je..

Elle lutte pour parler dans cette situation de stress intense. Je la sens se débattre avec ses propres démons pour pouvoir sortir quelques mots.

— Je..Je t'aime.

Je t'aime.

Je souris quand j'entends enfin ces stupides mots sortir de sa bouche.

Je souris encore quand sa main presse la gâchette et c'est ainsi que le croque-mitaine est mort, face au feu sauvage qui balaye tout sur son passage, le sourire aux lèvres.