𝐋'𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐃𝐈𝐓

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟑

Pouvoir prendre au sérieux les mots de cet homme était devenu soudainement complexe, d'autant plus lorsque mon cerveau vagabondait entre réalité et illusion à cause de la quantité importante d'alcool consommée.

Ses paroles furent prononcées avec une telle assurance et un aplomb inspirant à la fois la crainte et le respect, témoignant une confiance en soi inébranlable.

Hélas, l'échappement de ma respiration frénétique me trahissait lorsque son souffle caressa ma peau, qui, étrangement, cherchait une chaleur émanant de son corps ferme.

   —  Un... un agent secret ?

   —  Oui, tu as très bien entendu. C'est ce que je suis, affirma-t-il en reculant légèrement, sans pour autant relâcher sa prise sur mes deux bras.

   —  Comme James Bond ? demandai-je à brûle-pourpoint, sans réfléchir.

Une des commissures de ses lèvres se releva légèrement, révélant un petit rictus amusé.

On aurait pu me confondre avec une enfant découvrant que quelqu'un savait voler et souhaitant le voir en action pour y croire vraiment.

   —  Tu ne devais pas le savoir, mais bon sang Teresa, que tu es têtue...

Une brise légère s'invita sans crier gare, caressant mon visage et faisant flotter nonchalamment quelques mèches rebelles autour.

Je détestais cette voix suave qui me laissait complètement déboussolée et me faisait sentir désarçonnée, comme si mon équilibre était chamboulé par un charme et une douceur sauvage.

Je n'aurais jamais dû boire autant !

Je me sentais désorientée et confuse, au point de ressentir des difficultés à me mouvoir librement et de me souvenir comment je m'étais retrouvée dans ce parking désert, qui semblait abandonné à une heure si tardive.

Une voix familière retentit au loin, me sortant de mes profondes et introspectives réflexions.

Nul besoin de me retourner pour deviner l'origine de cette voix : c'était celle de mon fiancé, probablement soucieux de ne pas me retrouver à l'endroit où il m'avait laissée, dans sa voiture.

Éden m'appelait avec inquiétude.

Depuis combien de temps étais-je partie ?

Je tentai de bouger et de me décoller de la voiture, mais en vain.

Malgré mes efforts, le corps de William Reyes Wilson m'écrasait sans pour autant relâcher sa pression.

Complètement coincée, prise au piège au dépit de mes ardeurs et mes tentatives acharnées, je ressentais une frustration et une déception palpables et grandissantes face à ce résultat insatisfaisant.

Ses iris glacials et perçants se fixaient intensément sur mon visage, me laissant muette et incapable d'émettre le moindre son.

Mon cœur prenait un rythme fervent, pris dans un tourbillon d'émotions me paralysant et suscitant en moi une certaine anxiété.

   —  Lâchez-moi.

Ma voix était plus rauque que prévu.

Il demeurait stoïque alors que je tentais une fois de plus d'éloigner son corps dur pressé contre le mien, sa résistance ne faiblissait pas mais se renforçait.

   —  Mon fiancé est à ma recherche, tentai-je une nouvelle fois en dissimulant mon stress.

La vérité était que je ne souhaitais nullement qu'Éden me découvre ici en sa compagnie dans de telles circonstances ; il serait furieusement courroucé.