CARELESS WITH ME

23. Danger

ELYO

J'appréciais le contact de ses lèvres contre les miennes.

Danger.

Je sentais ma peau brûler sous ses doigts pressés sur mes joues et mes hanches.

Danger.

Une multitude de frissons agréables parcouraient mon corps, n'épargnant aucun de mes membres.

Danger.

Ma tête était remplie de pensées que je ne devrais pas avoir.

Danger.

Pas pour lui.

Danger.

Mon corps s'était entièrement figé, comme soudain changé en statue de marbre. Dans mon cerveau, une énorme pancarte s'était matérialisée, affichant le mot « danger » en majuscules rouges, souligné et accompagné de plusieurs points d'exclamation.

Qu'est-ce que je faisais ?

Qu'est-ce que je faisais une nouvelle fois ?

Une putain de connerie.

En réalité, la connerie était surtout de ne pas vraiment considérer ce que je venais de faire comme en étant une. À ce moment-là, ma seule envie était de sceller mes lèvres à celles que je venais de quitter après avoir envoyé se faire voir tous mes doutes.

Mais je n'y arrivais pas, figée, affolée.

Tu commences à baisser ta garde.

Tu baisses ta garde.

Tu vas finir par baisser ta garde.

Danger. Danger. Danger.

Jess avait reculé d'un pas pour me laisser de l'espace, remarquant mon trouble. Sans son contact, je me sentis soudain comme étrangement vide.

Danger. Danger. Danger.

Une seconde plus tard, j'avais quitté la salle, l'entièreté de mes pensées pourtant focalisées sur ce qu'il venait de se passer. Elles se plaisaient d'ailleurs aussi à énumérer toutes les fautes que j'avais commise depuis le début, même involontaires.

J'étais attirée par Jess. Je l'avais trouvé terriblement beau à la seconde même où j'avais posé les yeux sur lui.

Un fait.

Je le détestais presque uniquement à cause de moi et de ma méfiance, sa personnalité n'arrivait pas à me repousser complètement.

Un autre fait.

Je n'avais pas réussi à contrôler la première crise que j'avais faite devant lui, dans les entrepôts de Perry. Cette position de faiblesse de ma part devait à présent être gravée dans son esprit.

Première erreur.

Je l'avais laissé m'embrasser à Brighton. Et, surtout, je l'avais fait également.

Deuxième erreur.

Alors que j'aurais ensuite dû lui en vouloir, le détester plus encore pour avoir ri de mes faiblesses, je l'avais laissé me calmer.

Troisième erreur.

Je lui avais révélé ma véritable identité.

Une autre encore.

Et la liste pouvait aisément se compléter avec ce que je venais de faire.

Mais si j'avais été moins bizarre, moins parano, si j'avais été plus normale et plus confiante, si je l'avais rencontré dans un autre contexte, peut-être que j'aurais pu ne pas considérer toutes ces choses comme des erreurs. Seulement, à mes yeux, elles l'étaient parce qu'elles lui donnaient des armes supplémentaires pour m'abattre. Un viseur direct sur le centre de la cible : moi.