CHAPITRE 28

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Les fêtes de Noël ont été belles pour Hélène. Les marchés de Noël avec leur odeur de vin chaud, les quelques flocons qui se sont invités à la fête le matin du 25 ou encore l'ambiance festive de la maison familiale, tout ça à largement contribué à faire remonter les jauges de l'estime de soi et du bonheur d'Hélène. Elle avait bien besoin de cette pause avec le monde de la Formule 1, et même si l'Agence a publié pour elle quelques photos de ses ballades et de ses tenues, elle s'est bien gardée d'aller visiter les pages Gossip et Instagram. 

C'est reposée, rechargée et impatiente qu'elle embarque dans le premier avion qui doit l'emmener vers Dubaï. Elle sourit quand elle se rend compte que le siège réservé par Daniel est en classe Affaire. Hélène s'installe, enfile un pyjama et dort plus de la moitié du vol. 

Elle débarque à Perth, à 11h, heure locale et passe plus d'une heure dans les formalités de douane. Elle décide de ne pas rallumer son téléphone et de se laisser porter par le flux de voyageurs, jusqu'à sa valise. 

"Mademoiselle Martin ? demande une voix derrière elle.

- Oui. Bonjour ! Je peux vous aider ? 

- C'est moi qui vais vous aider, répond la jeune femme en uniforme. Suivez-moi."

La jeune femme retrouve ses valises dans une petite salle dérobée. Elle s'installe sur la canapé et attend quelques minutes. Au moment où elle allait sortir son téléphone pour donner de ses nouvelles à Daniel, la porte s'ouvre. Le pilote, bronzé de ces quelques jours passés au soleil avant l'arrivée d'Hélène affiche un grand sourire et ouvre grand les bras. 

La jeune femme, épuisée du voyage, se relève péniblement et s'accroche au grand brun qui la serre très fort dans ses bras. Après avoir échangé les banalités inhérentes à l'arrivée d'un long voyage, Daniel attrape les les deux grosses valises d'Hélène et lui annonce :

"Toute ma famille est là ... J'ai pas pu les retenir à la maison.

- Sérieux ? s'étonne la jeune femme. Pourquoi ? 

- Parce que t'es importante à mes yeux, alors t'es important pour eux aussi. 

- Mais ..

- Je n'ai rien dit, coupe Daniel en détournant le regard.

- D'accord, répond Hélène n'ayant elle aussi pas envie d'avoir la conversation maintenant. On va donc jouer le jeu, ne t'inquiètes pas !

- Merci. Pour être tranquilles, je nous ai réservé une chambre d'hôtel cette nuit. Ça a beaucoup fait "glousser" à la maison, mais au moins on sera zen ce soir ! 

- C'est une excellente idée, valide Hélène en baillant. Bien que je ne sois pas vraiment sûre de dormir cette nuit !

- Ah bon ? demande Daniel rieur. 

- Parce que je subis le décalage horaire, pervers !"

Rapidement, un des personnels de l'aéroport reprend les bagages à Daniel et le jeune homme attrape Hélène par l'épaule pour l'accompagner jusqu'à la sortie. Il presse le pas et baisse la tête dans l'espoir de ne pas être reconnu et d'arriver le plus rapidement possible à la voiture. En 25 minutes, les deux jeunes gens sont sortis de l'aéroport et Daniel conduit un immense Ford F-150 Raptor qui ne passe pas inaperçu. 

De nombreux fans lui adressent de grands signes et les appels de phares sont nombreux. Heureusement pour Hélène, qui se tasse dans son siège, le voyage n'est pas long et Daniel se gare rapidement devant une superbe maison de banlieue, qu'il annonce comme la maison familiale. 

"Laisse tes bagages, on dit bonjour, on boit un jus et je te kidnappe. On reviendra bien assez tôt !

- Ça me va, je te suis. Je dois savoir quelque chose en particulier ? 

- Ma mère va certainement caler les mots "mariage", "enfant" et "grande famille" dans ces 3 premières phrases. Ne lui en tiens pas rigueur !"

L'heure passée dans la maison des Ricciardo a terminé de lessiver Hélène qui s'endort alors que Daniel n'a pas atteint le bout de sa rue en voiture. Le pilote sourit et profite d'un stop pour regarder la jeune femme dormir. Bien loin des standards de beauté, un filet de bave coule le long de son menton et ses cheveux ont recouvert un côté de son visage. Sa tête penche vers l'avant et Daniel tente de la redresser maladroitement, sans la réveiller. 

Une fois arrivés à l'hôtel en centre ville, il profite du parking souterrain pour ne pas attiser la curiosité des éventuels fans. Délicatement, il détache Hélène et la prend dans ses bras. Avec l'ascenseur de service, il est rapidement dans la chambre et allonge la jeune femme sur le canapé. Le temps d'un aller retour pour aller chercher leurs bagages, la jeune femme n'a pas bougé d'un cm. Daniel fait couler un café et s'installe au niveau de la jolie brune. 

"Hélène ? 

- Ça sent le café, marmonne la jeune femme les yeux fermés. 

- Alors réveilles-toi pour le boire ... 

- Non.

- Ne te rendors pas ! Tu vas te décaler encore plus. 

- Mhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh.

- Je vais donc utiliser les grands moyens !!!!"

Daniel réussit à tenir la jeune femme éveillée jusque 20h30. La jeune femme adresse un dernier regard à Daniel avant de déclarer forfait et s'étaler de tout son long dans l'immense lit de la chambre. 

Après une douche rapide, Daniel rejoint la jeune femme dans les draps blanc et soyeux de la chambre d'hôtel. Sur le dos, il fixe le plafond. La jeune femme lui a tellement manqué ces derniers jours qu'il en vient à s'interroger pour les sentiments qu'il a pour elle. Une fois la course, la pression des paddocks et des médias oubliés, il reste à Daniel beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps pour penser à lui, et par conséquent à elle. 

Ses yeux verts en amande, son petit nez tout fins, ses pommettes rouge quand elle est gênée. Daniel n'avait aucun mal à dessiner dans sa tête son visage. Il revoyait en boucle les gestes tendres et mesurés qu'elle avait eu pour lui. Les fois où elle avait su transformer son désespoir en soirée folle. Elle a réussi à le changer ... : à le détourner du pilotage pour profiter de la vraie vie. Elle est depuis quelques mois maintenant, le soleil de ses journées et l'apaisement de ses nuits. 

Doucement le jeune homme se retourne et passe délicatement un bras sur le creux des hanches de la jeune femme, il se rapproche et se colle doucement à elle. Dans son sommeil, elle gigote et attrape sa main. Daniel pose sa tête sur l'oreiller et continue à se refaire le film des derniers mois. 

Et soudain, il réalise. Sa vie à elle, il l'a gâchée. Elle était personne, elle était heureuse. Et elle s'est retrouvée lancé à 300km/h dans un monde qu'elle ne connait pas. Elle a dû apprendre à apprivoiser son caractère de merde et à s'effacer dans ses crises de remise en cause. Elle l'a sauvé, il l'a plombé. Le jeune homme tente de faire disparaitre ses pensées négatives de son esprits. Il plonge son nez dans les cheveux d'Hélène et respire fort son odeur qui lui a manqué. 

Apaisé, il se promet de lui demander au réveil si elle est heureuse avant de sombrer lui aussi. 

Une Histoire de Bonne PresseWhere stories live. Discover now