2 - Tous les clients du casino ne sont pas si insupportables que ça

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Je sors de mon appartement en courant, mettant de côté ces pensées sombres pour me concentrer sur le travail qui m'attend. Le casino m'attend, avec ses clients exigeants et son ambiance étouffante. Le Grand Prix de Monaco bat son plein, et je n'ai d'autre choix que de faire face à ce désastre quotidien qui envahit ma vie, même si cela signifie revivre mes pires cauchemars à chaque rugissement de moteur.

Je descends rapidement les escaliers de mon appartement et dévale les ruelles de Monaco. Les touristes affluent déjà, bloquant mon chemin à chaque coin de rue. Je slalome entre eux, pressée de toutes parts, laissant les rires et les conversations en arrière-plan.

Finalement, je parviens à atteindre le casino, mon lieu de travail maudit. Je ne m'attarde pas à la porte principale, préférant emprunter la porte du personnel pour gagner quelques précieuses minutes. Mon cœur bat toujours la chamade alors que je me précipite dans les couloirs familiers.

Alors que j'approche des vestiaires du personnel, je croise l'un de mes collègues et grand ami, Victor. Il m'adresse un sourire chaleureux, mais je continue de marcher sans m'arrêter. Par le passé, Victor a essayé de se rapprocher de moi, de briser les barrières que j'avais érigées autour de moi. Mais je n'ai pas voulu, tout simplement parce que ma vie était déjà assez chaotique sans y faire entrer sérieusement quelqu'un. À la place, il est devenu mon meilleur ami, mon frère de coeur. 

- Max, tu es en retard, me dit-il en haussant un sourcil taquin.

Je lui adresse un regard désolé tout en continuant ma course vers les vestiaires.

- Ouais, désolée, Victor. J'étais crevée du service de hier.

- Pas de problème, Max. Va te préparer, et surtout, par pitié, essaie de sourire un peu plus ce soir, d'accord ? Bertrand m'a bien fait la morale.

Je hoche la tête en signe d'acquiescement, puis entre dans les vestiaires. Là, je me dépêche de revêtir mon uniforme de barmaid, remettant de l'ordre dans mes cheveux en désordre et en corrigeant rapidement mon maquillage.

Du coin de la salle, je sens le regard de Bertrand, mon responsable, peser sur moi. Il observe chaque geste que je fais, chaque sourire forcé que j'adresse aux clients. Cela fait cinq ans que je travaille dans ce misérable casino, cinq ans à servir des inconnus arrogants et à subir les remarques impolies de clients ivres. Je n'ai plus besoin d'un superviseur pour me dire comment faire mon travail.

L'agacement monte en moi alors que je prépare des cocktails compliqués pour des clients exigeants. Bertrand n'a pas besoin de me rappeler de sourire, je sais très bien comment jouer ce jeu. Mon visage peut afficher la façade polie et souriante qu'ils attendent tous, mais à l'intérieur, c'est une toute autre histoire.

Du coin de l'œil, je vois Bertrand qui, avec des gestes exagérés, m'incite à sourire davantage. Une furieuse envie de lui faire un doigt d'honneur monte en moi, mais je retiens mon impulsion. Mon doigt ne ferait que révéler le mépris que je ressens pour lui, pour ce casino et pour ce travail.

Juste à temps, Victor se tient à mes côtés derrière le bar. Il me lance un regard complice et me chuchote discrètement :

- Laisse tomber, Max. Ignore-le. Il est toujours comme ça lors du Grand Prix.

Je lui adresse un sourire de remerciement, reconnaissante qu'il soit là pour me calmer. Victor est l'une des rares personnes qui comprennent ma situation, même si je n'ai jamais laissé qui que ce soit entrer vraiment dans ma vie. Il sait que je ne suis pas du genre à accepter les ordres de Bertrand sans broncher.

- Je le déteste, cet imbécile, soufflé-je tout bas.

Les relations tendues entre Bertrand et moi remontent à mes débuts ici, à l'âge de vingt ans. Dès mon arrivée, il s'est révélé désagréable, condescendant, et autoritaire, tout ce que je déteste chez quelqu'un. Il m'a fait comprendre que je n'étais qu'une employée parmi tant d'autres, une pièce interchangeable dans la machinerie du casino. Son mépris pour moi était flagrant, et il n'a jamais manqué une occasion de me rappeler ma place.

Tous nos dérapagesWhere stories live. Discover now