Tous nos dérapages

15 - Il m'a fait oublier à quel point je déteste ce boulot

Je rentre chez moi aux alentours de sept heures du matin, épuisée après une nuit de travail harassante et une conversation inattendue. Mes pieds me font horriblement mal, et chaque pas me rappelle combien la vie de serveuse dans un casino peut être éprouvante. Mais malgré la fatigue, une excitation surprenante parcourt tout mon être.

Je file en vitesse sous la douche, l'eau chaude apaisant mes muscles endoloris. Alors que la vapeur de la salle de bain s'élève autour de moi, je repense à la conversation que j'ai eue avec Pierre. Ses mots, son sourire, sa sincérité me reviennent en mémoire, et je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire béat. C'est étrange, je n'aurais jamais imaginé que ma nuit de travail se terminerait de cette manière.

Après m'être séchée et habillée d'un pyjama confortable, je sors de la salle de bain et me dirige vers la chambre. Mon téléphone, posé sur la table de nuit, se met à vibrer. Je m'empresse de l'attraper, intriguée par ce message entrant.

À l'écran, je vois l'inscription « Inconnu » s'afficher. Mon cœur fait un bond, et un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je lis le message, sachant pertinemment qu'il s'agit de Pierre.

PIERRE

Tu es bien rentrée ?

C'est lui, c'est bien Pierre qui s'inquiète de savoir si je suis rentrée en toute sécurité. Cette attention me touche profondément. Je me hâte de lui répondre :

MAXINE

Rentrée saine et sauve ! C'est l'heure pour moi de dormir. Alors, bonne nuit, Pierre 😊

Le message envoyé, je pose mon téléphone à côté de moi, mon sourire ne se dissipant pas. Alors que je m'apprêtais à me détendre et à fermer les yeux pour une bonne nuit de sommeil, mon téléphone vibre de nouveau, brisant la quiétude de ma chambre silencieuse. Bien que la fatigue pèse sur moi, la curiosité l'emporte, et je décide de vérifier le message entrant.

C'est à nouveau Pierre. Ses messages sont devenus un réconfort inattendu, et je me surprends à sourire en lisant sa réponse :

PIERRE

Pas le temps de dormir pour moi, l'avion nous attend et on est déjà à la bourre. Je dormirai dans l'avion. Dors bien, Maxine.

L'idée qu'il prenne un avion me frappe un instant. Pourquoi doit-il s'envoler ? Puis, la réponse me revient en mémoire. Le Grand Prix du Canada, bien sûr. Il doit se rendre là-bas pour participer à la course. L'inquiétude m'envahit à l'idée de monter dans un avion, quelque chose que je n'ai jamais fait et qui me terrifie rien que d'y penser.

Néanmoins, je ne veux pas laisser transparaître mes craintes dans ma réponse. Je lui écris :

MAXINE

Bon courage pour le vol, Pierre. Je suis sûre que tu vas briller sur la piste au Canada ! Peut-être même que je suivrai la course en direct... À bientôt !

Ce n'est pas vraiment dans mon intention de suivre la course. Voir toutes ces voitures rouler à des allures folles et se rentrer dedans, ce n'est vraiment pas quelque chose que j'apprécie. L'adrénaline n'a jamais été mon truc, et j'ai eu ma dose lors de l'accident. Depuis ce jour tragique, je ne veux plus entendre parler de vitesse, de rapidité, ou de sensations fortes. Mais, en y réfléchissant, je me dis que Pierre pourrait peut-être être boosté par le fait de savoir que je regarde la course, que je le soutiens, même de loin. Je verrais, d'ici là, si je trouve le courage de regarder la course ou pas.

Après avoir envoyé mon message à Pierre, la fatigue finit par l'emporter, et je m'endors paisiblement. Le sommeil me transporte vers un monde sans soucis ni préoccupations, où je suis libérée de la fatigue accumulée au cours de cette nuit de travail.