**Chapitre 6 : Les Dortoirs de la Stratégie - Suite**

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C'est quoi ce bruit ?!

Je sors des douches, où le bruit sourd résonne à travers les couloirs, perçant le silence nocturne. Mon cœur s'emballe, ma vigilance aiguisée par l'adrénaline. Les ampoules vacillantes jettent des ombres mouvantes, créant un tableau irréel.

Je me tapie dans l'ombre, mes sens en alerte, me déplaçant silencieusement dans les couloirs sombres. Mon attention est attirée par un groupe de trois hommes qui entourent une femme, leur présence menaçante évidente. Mon instinct me dicte de rester cachée, d'observer la situation depuis mon coin d'ombre.

Je m'approche en silence, m'abritant derrière un mur, écoutant leur conversation avec attention. Ils discutent de manière cynique de son compteur de vie. La femme est terrifiée, son visage blême trahit sa peur.

— C'est une opportunité en or, mec, dit l'un d'entre eux, un jeune homme aux cheveux noirs en bataille. Tu as vu son compteur ? Elle a des années de vie à revendre. On pourrait s'en emparer et en profiter pendant un moment.

Les autres acquiescent avec enthousiasme, leurs visages éclairés par l'idée alléchante de voler le temps de vie de la femme.

— Ouais, carrément, renchérit un autre participant, un grand gaillard aux épaules larges. C'est une chance qui ne se présente pas tous les jours. On pourrait tous se partager une partie de son temps et vivre bien plus longtemps.

Le troisième membre du groupe, un homme aux cheveux roux, lève les yeux de son compteur de vie, son expression rusée.

— Et si on prenait tout son temps pour nous ? propose-t-il toujours en maintenant la femme. On vivrait probablement des siècles, et on pourrait choisir de le partager plus tard, quand on le voudrait. Imaginez les possibilités.

— On pourrait atteindre plus rapide les milles ans chacun pour s'échapper et vivre chez les Sentinelles, dit l'homme aux cheveux noirs.

Les trois conspirateurs se lancent des regards complices, élaborant mentalement les détails de leur plan. Ils sont si absorbés par leur discussion qu'ils ne remarquent pas ma présence à quelques mètres d'eux.

Mon visage est impassible, dissimulant toute émotion. J'entends clairement leurs intentions égoïstes, mais je ne suis pas surprise. Dans cette arène impitoyable, la soif de pouvoir et la volonté de survivre à tout prix poussent les participants à commettre des actes impensables.

Mon couteau est à portée de main, prêt à être utilisé si nécessaire. Dans cette arène, il faut être prêt à se défendre à tout moment, que ce soit contre des adversaires lors des épreuves ou contre d'autres participants aux intentions plus sinistres.

Les hommes semblent enragés, leurs voix résonnent avec agressivité. Ils tirent la femme vers eux, saisissant son bras avec une violence cruelle. Mon regard se pose sur son poignet, où son compteur de vie. Les chiffres sont bien plus élevés que ce que j'ai vu jusqu'à présent, surtout qu'elle laisse son compteur visible, indiquant des siècles de vie encore à vivre.

Mon esprit tourbillonne, analysant la situation sous un angle pragmatique. Je pourrais ignorer cette scène et me replier dans l'ombre, préserver ma propre sécurité. Cependant, une boule d'indignation grandit en moi. Mon regard se pose sur la femme, et je vois la vulnérabilité dans ses yeux. Ma décision est prise.

Lentement, je m'approche du groupe, ma présence silencieuse comme une ombre mouvante. D'un geste vif, je bondis sur le premier homme, un coup de poing puissant le touche au visage. Il titube en arrière avant de s'effondrer au sol et je lui envoie en visage un coup de pied.

Le deuxième homme se retourne juste à temps pour voir mon couteau, un éclair de panique se lit dans ses yeux, puis dans un cri étouffé alors qu'il sent mon couteau s'appuyer fortement sur son cou.

L'autre homme fait volte-face, ses yeux écarquillés de stupeur en me voyant. Je sors mon autre main, mon canif, mais il pare mon attaque. Mon couteau tombe, je l'attrape à la volée et le tiens devant moi comme un avertissement. Il recule, ses mains tremblantes levées en signe de reddition. Je le fixe du regard, mon expression implacable. Il comprend qu'il ne peut pas me désarmer une seconde fois et qu'il est à ma merci.

La femme apeurée demeure immobile, les yeux écarquillés, témoin silencieux de la scène qui se déroule devant elle. Je me tourne vers elle, mon expression passant de la froide à une neutralité calme.

— Dégagez vite, ordonné-je d'une voix calme, mais autoritaire aux trois hommes. J'espère pour vous que je ne vous revois pas dans les prochaines épreuves, parce que je ne vais pas hésiter à utiliser réellement mes armes.

Ils hochent la tête avec empressement.

— Ramène ton copain, dis-je en donnant un coup à son corps inconscient à terre.

Les deux hommes prennent leur ami et ils s'éloignent. Mon regard reste fixé sur leurs dos, jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans les ténèbres du couloir. La tension qui avait envahi l'air semble se relâcher lentement, me laissant seule avec la femme terrifiée.

Elle me fixe, ses yeux brillants de gratitude mêlée à la crainte. Je m'approche lentement d'elle, mon pas mesuré et prudent, veillant à ne pas la brusquer davantage.

— Ça va aller, murmure-je doucement, ma voix aussi apaisante que possible. Un conseil, assure-toi de rester vigilante à l'avenir.

Je lui adresse un bref signe de tête et elle acquiesce timidement, les larmes embrouillant son regard.

— Je le ferai, murmure-t-elle d'une voix légèrement tremblante. Merci.

Alors que je m'éloigne, je souffle profondément, laissant l'adrénaline se dissiper lentement. Mes actions sont motivées par une simple vérité : dans cet univers impitoyable, il faut parfois se battre pour les autres autant que pour soi-même. Mon esprit est en ébullition, mes pensées se bousculent alors que je retourne m'asseoir sur mon lit dans les dortoirs.

Allongée dans l'obscurité, je touche ma nuque où est inscrit mon compteur, mon regard se pose sur le plafond et je ferme les yeux, laissant le sommeil m'envahir peu à peu. 




/image représentatif de la scène/visage découvert/

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