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Je n'ai pas fermé l'œil. La lumière blanchâtre est restée allumée toute la nuit. Mon réveil a fini par sonner, mais je n'ai pas eu la force de bouger. Mes yeux me brûlent. Je suis épuisé.

— Alix ! hurle ma mère du bas des marches. Lève-toi, tu vas te mettre en retard !

— Je suis réveillé !

Mon portable se met à vibrer, me rappelant à l'ordre encore une fois. Sauf que c'est une notification Insta : Swann vient de poster.

Un long soupir plus tard, je me brosse les dents tout en ouvrant son post.


@Griminal

Il y a 13 minutes - 9 j'aime - 3 commentaires

Insomnia

Ô douce nuit,

Ouvre-moi les bras

Je suis mon propre ennemi

Dans ton ombre je me noie.


Mon ventre se contracte. Ma question restée sans réponse tourne en boucle dans ma tête. Le dessin qu'il a posté est si sombre. Même si j'ai l'habitude de voir ce genre de dessins sur son profil, c'est différent maintenant que je le connais personnellement. Tout a changé. Je zoome pour ne rater aucun détail. Il s'est dessiné avec des ailes d'ange noires et un coquard à l'œil gauche. C'est lui sans être lui, en réalité. Les traits du visage ne sont pas les siens, ils ne sont pas vraiment humains. Mais ce sont ses cheveux, son bleu, ses ongles vernis de noir. Le paysage autour est un vrai champ de ruines, dépeint sur un ciel noir et rouge. La dernière sonnerie de mon portable me fait sursauter et je le lâche dans l'évier, au milieu de mes crachats de dentifrice.

Il faut absolument que je me ressaisisse. Mais... comment ?

*

Swann marche quelques mètres devant moi. Sa démarche est lente, branlante. Je cours pour le rattraper.

— Salut, dis-je une fois arrivé à sa hauteur.

Il tourne son visage vers moi et me sourit sans rien dire. Ses cheveux sont retenus par un chignon fait à la va-vite alors que d'habitude il est coiffé à la perfection. Les cernes sous ses yeux sont immenses et bleus, ce qui fait ressortir davantage le violet de son coquard.

— Ça va ?

— Oui, pourquoi ? demande-t-il sans me regarder.

— Tu as l'air... fatigué.

— Ça va, t'inquiète.

Il enfonce ses mains dans les poches de sa veste en simili cuir. Pourquoi est-ce qu'il ne me parle pas, à moi ? Je me surprends à être jaloux. Jaloux d'Eryn. Jaloux de moi-même. C'est ridicule. Je veux le toucher, le prendre dans mes bras, lui dire que je suis là pour lui, que tout va bien se passer. Au lieu de ça, je me mure dans le silence jusqu'à ce qu'on arrive au portail du lycée.

— Au fait... j'ai réussi à sauver une bonne partie de tes feuilles, dit-il avant d'ouvrir son sac à dos.

Il me tend une pile de papiers gondolés. L'encre a bavé, mais c'est encore lisible. Je n'ai plus qu'à tout refaire, mais au moins je ne repars pas de zéro.

— Comment tu as fait ?

— Une bonne dose de patience, un sèche-cheveux et le tour est joué, répond-il avec un demi sourire.

On both sides [MxM]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora