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— Aïe ! Espèce de sauvage !

— Oh tais-toi ! C'est pas de ma faute si tu es une chochotte !

— Je ne suis pas une chochotte, pleurniche ma meilleure amie. Je suis une femme sensible !

Swann étouffe un rire. Il faut croire que nos éternelles chamailleries l'amusent beaucoup. En même temps, Élie est le genre de personne à toujours vouloir amuser la galerie. Armure qu'elle a mis des années à construire, pour cacher son cœur trop sensible. Malgré l'humour qu'elle a forcé, je sais qu'elle est vraiment vexée que je n'ai pas parlé d'elle à mon charmant voisin.

Je reporte mon attention sur les genoux ensanglantés d'Élie, les lèvres pincées. Je prends soin de retirer les petits graviers fichés dans la peau meurtrie avant de désinfecter.

— Tu ne mets pas de pansement ? grimace-t-elle en me voyant remettre les produits dans la trousse de secours.

— Tu crois vraiment que j'ai des pansements de cette taille ?

Elle se mord la lèvre et lève de petits yeux vers Swann.

— T'as vu comment il me traite ?

Ce dernier retient un nouveau rire.

— Ça ne sert pas à grand chose de mettre un pansement de toute façon. Il vaut mieux laisser la plaie à l'air libre pour qu'elle sèche.

Élie se ratatine contre le meuble du lavabo, la mine renfrognée.

— Je vois, couine-t-elle. Tout ça parce que tu veux faire bonne impression auprès de ton mec...

Je me sens rougir. Swann n'a même pas pu répondre à mon monologue de tout à l'heure, et Élie est là pour plusieurs jours encore, alors je n'ai aucune idée de ce qu'il pense. Même s'il est beaucoup moins sur la défensive qu'avant. Mais j'ai peur que ce soit l'effet Élie qui le rende aussi serein, et pas ce que je lui ai confié. Je tends ma main à ma meilleure amie pour l'aider à se relever. Elle la saisit en me tirant la langue puis se dirige vers ma chambre.

Je ne peux m'empêcher de jurer lorsqu'elle pousse la porte. On aurait dit qu'une explosion avait eu lieu. Des vêtements recouvrent entièrement mon lit et dégoulinent jusque sur le sol. Swann étouffe un cri dans mon dos.

— Wouah. Merde, Patrick doit suffoquer là-dessous...

— C'est qui, ça, Patrick ? demande Élie avant de se laisser tomber sur le matelas de vêtements. Mettez-moi dans la confidence !

Swann me bouscule gentiment et entreprend de déterrer ma peluche panda. Victorieux, il brandit Patrick à bouts de bras.

— Trouvé ! rit-il.

Son visage rayonne. Putain, ce qu'il m'a manqué. Si Élie n'était pas là, je suis presque sûr que j'aurais déjà essayé de l'embrasser au moins dix fois.

— Attends... qui a osé appeler ton panda, Patrick ? C'est toi, Swann ? Avoue !

— Quoi ? J'adore le prénom Patrick, il me fait rire ! Et puis ça lui va bien, pas vrai Alix ? ajoute-t-il en se tournant vers moi pour chercher mon approbation.

— J'adore...

El soupire, exaspérée par nos échanges niais, puis son visage se renfrogne.

— D'ailleurs, quelles sont les dernières nouvelles ? demande-t-elle d'une voix lointaine.

— Euh...

Je clopine jusqu'au bord du lit et me laisse tomber tête la première dans la montagne de vêtements d'Élie.

On both sides [MxM]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora