Nicolae et Adriana

Chapitre 1

 Je sens quelque chose d'humide qui me touche les chevilles. Je baisse la tête et je me rends compte je me suis emmêlé les pieds dans les racines. Je réalise que je suis allongé sur un lit de fougères. La nuit est noire et je suis en pleine forêt. J'entends un loup hurler au loin et la pluie ne cesse de tomber. Un sentiment de danger imminent me gagne, un peu comme une angoisse qui ne demande qu'à me paralyser. Mais je ne dois pas laisser ces trop fortes émotions me gagner.

Je tente de me relever pour courir le plus vite possible, loin de cette forêt sinistre. Mes ongles sont noirs de boue mais ce n'est pas le moment de se préoccuper. La pluie est maintenant torrentielle, collant mes vêtements à ma peau ce qui n'est pas agréable du tout. Une fois debous, je m'élance aussi vite que possible. Une terreur sans nom m'envahit, j'ai l'impression d'être suivie.

J'avance difficilement avec mes vêtements qui gêne ma progression et l'obscurité ambiante. Je relève mes jupons qui pèse des tonnes gorgées d'eau et les coince dans mon corsage tandis que la chose qui me poursuit se rapproche de plus en plus de moi. J'essaie de deviner de quoi ou de qui il s'agit. Est-ce un homme ou une bête sauvage. Je ne vois qu'une ombre et deux yeux jaune. Dans ma course mon chignon s'est défait et mes cheveux qui me colle au front entrave toujours plus ma vue déjà limitée.

Les braches d'arbre me lacèrent la peau mais je ne peux pas m'arrêter. Il faut que je coure, que je fuie... L'ombre est toujours plus proche et je suis maintenant certaine qu'il s'agit d'un homme. Je retourne la tête pour tenter de voir son visage mais je ne voir qu'une forme noire dans les ténèbres. J'ai l'impression d'être face à un être surnaturel. Je ne vois que les contours de sa silhouette et son long manteau qui balaie le sol. Ça et ses deux yeux jaunes qui me fixent, menaçants.

J'aperçois une lumière au loin, c'est ma chance. Je puise dans mes dernières forces pour avancer vers cette lueur au milieu de la nuit. Elle vient d'une petite cabane dont les traits sont de plus en plus nets. Cette maison au milieu de nulle part me donne un peu d'espoir et j'accélère me pas, augmentant la distance avec l'homme qui me suit. Pourquoi me prend-il en chasse ? Moi, une petite étudiante anonyme à l'université de Londres... je ne comprends pas...

En me posant cette question je serre fort le médaillon que je porte autour du cou. J'ai l'impression que ce bijou en or fin, gravé des deux côtés, agit comme un talisman et me protège. C'est idiot mais j'ai la sensation que c'est ce qui me donne la force d'avancer. Pourtant mon poursuivant se rapproche. Je peux presque sentir son souffle dans mon dos. Un souffle glacé qui me donne la chair de poule.

Il faut que je fasse quelque chose parce que je ne vais pas pouvoir continuer à fuir très longtemps. Mes jambes ne vont pas tarder à me lâcher... je dois agir. L'espace d'une seconde, je pense à grimper dans un arbre pour me protéger. J'ai toujours été très doué à ce jeu, mais pas avec une robe comme celle que je porte, encore moins toute mouillée. Non, mon seul espoir semble être cette maisonnette dont une faible lumière brille à la fenêtre.

Mais aurai-je le temps de l'atteindre avant que l'homme me rattrape... il pourrait me toucher d'une seconde à l'autre ! Il est si proche ! Et pourtant, il m'est toujours impossible de distinguer les traits de son visage. Pourtant lui semble très bien avoir qui je suis. Comment est-ce possible ? C'est une impression très étrange et désagréable. Peut-être qu'il me confond avec quelqu'un d'autre. Je serre un peu plus mon médaillon dans ma main en l'implorant de me donner la force d'arriver à la maison avant qu'il ne soit trop tard.

Tout à coup mes force m'abandonnent. La main de l'homme se rapproche dangereusement, prête à saisir mon bras à tout moment. Je suis foutue... Soudain, un animal gigantesque que je n'avais pas vu arriver se dresse sur son passage. Cette créature ressemble beaucoup à un loup mais avec quelque chose... d'humain dans le regard. Serait-ce un loup-garou ? Est-ce lui que j'ai entendu hurler tout à l'heure ?