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On est un autre samedi, et j'ai invité Yuta à dormir chez moi.
Au début, il était gêné à l'idée de dormir chez une fille, mais je l'ai rassuré en lui disant qu'il pouvait dormir dans une pièce à part s'il était mal à l'aise. Finalement, il a accepté.

Avant ça, on a décidé de sortir un peu en ville, ce qui est devenu une sorte de rituel du samedi entre nous.
Mon ami est actuellement en train de tester son premier bubble tea.

-Et du coup, il faut percer les billes ?

-Ouais, tu vas voir, c'est agréable.

En perçant les billes saveur fraise, il émet de petit sursauts, avant de sourire en sentant le liquide sucré glisser dans sa gorge. Je me surprends à le trouver mignon à chaque fois.

-Il y a plusieurs saveurs ?

-Oui, celle de base c'est avec les billes de tapioca, mais j'aime bien prendre autre chose.

-J'aurais dû tester plus tôt...

-Chaque choses en son temps !

Nous marchons dans les rues de Sendai. Il n'y a pas trop de monde, mais c'est animé.

Après avoir terminé nos boissons, je lui propose d'aller chez moi.

Au fur et à mesure du trajet, il se rend bien compte que ce n'est pas le même pour aller chez lui, je ne pouvais pas garder le secret très longtemps.

-Ce n'est pas la même route ?

-Non... C'est l'opposé, même si ce n'est pas très loin. Mais le fait de retourner dans mon appart me rend mélancolique, donc j'essaie de repousser le moment où j'y retourne. Désolé de t'avoir menti...

-C'est pas grave, je t'en veux pas.

Ses mots sont sincères, ils me donnent du baume au coeur. C'est comme s'il comprenait ce ressenti.

À un moment, on passe devant un square pour enfants, je remarque que je n'entends plus Yuta marcher.
Celui-ci s'est arrêté. Il regarde le square les yeux grands ouverts, complément immobile. Ses lèvred tremblent légèrement.

-Yuta-kun ?

-Ce parc... C'est celui de mon enfance...

Il ne détache pas son regard des jeux pour enfants. Les souvenirs doivent fuser dans sa tête.

-On peux y aller, si tu veux.

Il hoche fébrilement la tête, et se dirige sans hésiter vers le parc. Je le suis, n'osant pas m'approcher de trop.
Il va vers le tourniquet. Il carresse les barres de fers comme s'il s'agissait de statues de verre, puis il fait tourner la structure. Ensuite, il déambule un peu partout. Son regard va partout, comme s'il cherchait quelque chose, ou quelqu'un...

Enfin, il avance vers le bac à sable. Posant ses deux pieds dans le sable, il s'immobilise. Son regard est posé à sa droite, comme si quelqu'un se trouvait juste là.

Je n'ose plus bouger. J'ai peur de le déranger dans ses souvenirs. On dirait un petit garçon perdu, tourmenté...

Ce sont les larmes que je vois dévaler ses joues qui me font me rapprocher de la où il est. Je m'arrête à sa droites, juste devant la délimitation du bac a sable.

-Quand j'étais petit, j'ai rencontré une fille à l'hôpital, elle s'appelait Rika. Elle était drôle, gentille, et jolie. Et elle savait bien utiliser sa mignonnerie...

Un sourire fend son visage.

-On est devenu inséparables. On jouait tout le temps ensemble dans ce parc, on se lançait des bombes à eaux l'été...

Sa main droite vint saisir l'anneau qu'il porte à son cou en guise de collier, qui m'a toujours intrigué. Mais je n'ai jamais posé de questions à propos.

-Un jour, elle m'a offert un bague de fiançailles pour mon anniversaire. Elle m'a promis que quand on sera grand, on se mariera. J'étais tellement  heureux, ce jour là !

Il fit à nouveau une pause. Son sourire s'effaça petit a petit.

-Rika-chan s'est faite écrasé par une voiture, juste sous mes yeux. C'était horrible, je...je croyais être en train de rêver. Je voulais la sauver, mais je n'arrivais pas à bouger, à dire quoi que se soit...

De nouvelles larmes coulent sur ses joues.

-Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais elle s'est transformée. Elle est devenue...une créature. Ce n'est pas un monstre, Rika-chan n'est pas un monstre. Mais elle s'est métamorphosée. Et depuis, elle est toujours là, avec moi. Et parfois, elle attaques les gens qui veulent me faire du mal...

Il lève la tête vers moi. Il sourit de nouveau, mais c'est un sourire triste.

-Je ne sais pas si tu me crois, mais tu es là première personne à être venue me voir. J'ai tellement peur de faire du mal aux gens, je ne sais même pas si j'ai le droit de vivre... J'air peur qu'un jour, tu te face attaquer, Suiko-chan.

Je suis incapable de dire quoi que se soit. Les larmes menacent de couler, mais je les retiens, par respect pour Yuta, et pour Rika.
Ce n'est pas moi qui souffre, je n'ai pas le droit de pleurer.
Fébrilement, je m'avance, contournant un point imaginaire, comme si Rika était là.
J'attrape la main droite de Yuta entre mes deux mains, la serrant doucement.

-Je te crois, Yuta, et je ne te laisserai pas. Tu as le droit de vivre, d'avoir une vie. Et je penses que Rika ne veut que te protéger, par amour.

Je lui souris, le même sourire sincère que je lui avais fait. Il me rend ce sourire, les yeux humides et les jours mouillées.

-Merci, Suiko-chan.

Tu n'as pas besoin de me remercier, Yuta. Ton histoire à beau être difficile à croire, moi je te crois. Et je vous aiderai du mieux que je peux, toi et Rika.

Yume | Yuta Okkotsu X Oc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant