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DERRIÈRE LA PLUME D'UN GÉNIE

Le jardin des plantes

(L'image en média a pas vraiment de rapport avec le chapitre, mais je la trouvais trop mimi)

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« Cher Monsieur,

Si je me permets de vous écrire ce mail à cette heure si tardive, c'est pour vous avertir que vous avez omis de mentionner une information des plus importantes lors de notre entrevue, ce jour-ci. Voilà pourquoi, je vous contacte afin de récupérer l'adresse de votre demeure. Aussi, je souhaiterais récupérer votre numéro de téléphone, dans le but de vous partager d'agréables images, qui, j'en suis sûr, vous aideraient à vous détendre. Enfin, je me permets de vous poser une ultime et cruciale question : à quelle heure souhaitez-vous que nous visitions les endroits les plus intimes du paradis, et que je vous démonte comme il se doit dans votre chambre ?

Respectueusement,

Votre élève préféré.

Ps : Je suis friand de lingerie coquine, je n'y résiste jamais ;)

Nikolaï Gogol

Première année de Master de Lettres Classiques
UFR de Langue Française
Faculté de Lettres - Université de Paris. »

   Fyodor relut ce mail sans pouvoir arrêter de sourire, en remuant doucement son verre à pied pour faire tourner le vin dedans. Nikolaï n'avait pas perdu de temps pour lui écrire ce mail, cela ne faisait même pas une journée qu'ils avaient couché ensemble. Son message était très explicite, il voulait son adresse, son numéro de téléphone, et lui proposait même de lui envoyer des photos intimes. Il n'avait pas froid aux yeux, il allait même jusqu'à lui suggérer de porter de la lingerie samedi prochain, lorsqu'ils se verraient ! Ce message était très clair, et il amusait beaucoup Fyodor. Nikolaï avait gardé les usages de politesse, il lui avait écrit comme s'il écrivait à n'importe quel professeur. Fyodor adorait cela, et il devait avouer que ce mail ne le laissait pas du tout indifférent.
   Il relut les dernières phrases du message, avant de baisser son téléphone en voyant un serveur passait près de lui. Il n'avait jamais porté de lingerie, mais cela pouvait être amusant, surtout si c'était ce qui plaisait à Nikolaï. Lui faire ce plaisir ne le dérangerait pas, loin de là, il pourrait aimer cela. Le problème était qu'il n'oserait jamais en acheter. Il ne pouvait pas en acheter sur internet avant d'avoir essayé, mais il était incapable d'aller en boutique pour chercher de la lingerie. Il était joueur, et il pouvait être très coquin, mais seulement avec son partenaire... Fyodor s'accouda au comptoir devant lui, et réfléchit un instant. Il n'avait aucune lingerie chez lui, mais il avait bien quelque chose qui pouvait être séduisant. Il possédait un magnifique peignoir rouge, il était en satin et bordé de dentelle noire, il avait même une ouverture dans le dos, des omoplates aux reins. Ce genre de vêtement devait plaire à Nikolaï, mais il ne pouvait pas le revoir dans une telle tenue... Quand trouverait-il le moment de porter ce peignoir ? Fyodor resta perplexe un instant, avant de soudain penser à quelque chose.
  Il n'avait qu'à dire qu'il partait se doucher ? Après tout, si Nikolaï venait chez lui, ce n'était pas pour rien, donc il passerait la nuit dans son lit. Il n'y aurait rien de surprenant à ce que Fyodor parte se doucher. Et après cela, il enfilerait sa nouvelle tenue, puis il rejoindrait Nikolaï, et il s'arrangerait pour faire monter la température de leur corps. Un sourire étira les lèvres de Fyodor. Il pouvait très bien imaginer ce moment, ainsi que l'expression pleine de désir qu'aurait Nikolaï...
   — Hey ! Comment va l'homme de ma vie préféré, demanda soudain quelqu'un près de lui, en passant un bras autour de ses épaules pour l'embrasser.
   Fyodor sursauta et éteignit vivement son téléphone, pour cacher le mail de Nikolaï, avant de réaliser qu'il ne s'agissait que de ses meilleurs amis, et colocataires. Chûya et Poe venaient d'arriver dans le bar où il se trouvait, et ils s'étaient rapprochés du bar, où était assis Fyodor. Il était aux alentours de dix-neuf heures, alors le bar était assez rempli à cette heure-là, les clients allaient et venaient, les serveurs zigzaguaient entre eux en portant des plateaux, alors Fyodor n'avait pas remarqué leur arrivée.
   Chûya l'embrassa sur la joue, avant de tirer un tabouret vers lui, et de s'asseoir dessus. Il retira son chapeau et commanda un verre de vin et un plat au hasard, avant de retirer sa veste. Le maquillage noir de ses yeux avait commencé à s'effacer, signe que la journée touchait à sa fin, il semblait exténué, tout comme Poe. Ils devaient tout juste sortir de l'université, ce qui expliquait qu'ils aient encore son sac de travail. Eux aussi étaient en lettres, Chûya en première année de thèse, et Poe, qui avait deux ans de plus, était devenu professeur. Ils étaient les meilleurs amis de Fyodor, Chûya était même son colocataire, c'était ainsi qu'ils s'étaient rencontrés !
   — Alors il vient d'où ce joli sourire, demanda Chûya en retirant ses gants.
   — Je ne souris pas, dit Fyodor, alors que ses lèvres étaient toujours figées en un sourire.
   — Ah oui bien sûr.
   — Tu ne grimaces pas non plus, dit Poe.
   — Qu'est-ce qu'il t'arrive, insista Chûya. T'as fini ton nouveau livre ?!
   — Pas du tout.
   — Alors quoi ? Oh mais attends, tu avais tes premiers cours aujourd'hui ! Comment ça c'est passé ?
   — Tu n'étais pas trop angoissé, demanda Poe.
   — Un peu, mais ça allait. Ça s'est bien passé, je pense que je me suis bien débrouillé.
   — Je suis fier de toi, répondit Chûya d'un air sincère. Tes élèves ont de la chance, j'aurais adoré t'avoir comme professeur.
   — Tu m'as comme ami, c'est encore mieux.
   — Oui c'est certain. Et je t'ai aussi comme coloc, et comme petit ami fictif, ajouta Chûya avec un clin d'œil.
   Il fut interrompu par un serveur, qui vint déposer un verre de vin rouge devant lui, et une assiette de salade césar, tandis qu'un autre apportait du rosé à Poe, et une salade de légumes. Fyodor les observa trinquer avec un sourire, avant de soudain réaliser quelque chose. Oh non ! Il était censé être le petit ami fictif de Chûya ! Comment allait-il faire avec Nikolaï ?!
   Cela faisait quelques semaines que Chûya lui avait demandé de se faire passer pour son petit ami, et qu'il avait accepté. Il se faisait harceler par une fille qui voulait absolument sortir avec lui depuis un moment, il avait beau la repousser, ses efforts étaient toujours vains et elle revenait à chaque fois vers lui. Et comme il n'arrivait pas à la faire partir, il avait demandé à Fyodor de jouer le rôle de son petit ami pour être tranquille... Fyodor avait accepté bien sûr, il était toujours prêt à en venir en aide à son meilleur ami, et il n'avait pas pensé à prévenir Nikolaï... Il devait l'avertir. Et il devait peut-être prévenir Chûya de sa... « Relation », avec Nikolaï.
   — À ce propos... Ça te dérange si je dis à quelqu'un qu'on n'est pas vraiment ensemble ?
   — Ça dépend à qui. Si c'est à Dazai, oui, c'est la honte. Le connaissant il se moquera de nous, et il sera encore plus insupportable qu'il ne l'est déjà.
   — Je ne lui adresse jamais la parole, alors ne t'inquiète pas pour ça. Je voudrais le dire à Nikolaï. Tu sais, c'est le garçon dont je t'ai parlé.
   — Ah.... Oui si tu veux... Est-ce que ça risque de le déranger ?
   — Je ne sais pas. Je n'espère pas en tout cas.
   — Vous n'êtes pas ensemble, et puis je pense qu'il comprendra pourquoi tu fais ça, dit Poe pour le rassurer.
   — D'ailleurs tu l'as revu ? Tu le vois au tutorat, non ?
   — Normalement oui, mais en fait c'est un de mes élèves de master. Il m'a fait croire qu'il était en licence pour passer du temps avec moi.
   — Tu es son professeur alors, dit Poe avec surprise. Il ne faut pas que ça se sache...
   — Oui je sais.
   L'air léger qu'arborait Chûya depuis son arrivée disparut, et il fronça les sourcils, les yeux rivés sur son vin. Ce n'était pas bon signe, en général quand le visage de Chûya se fermait, c'était qu'il commençait à être de mauvaise humeur, ou bien qu'il était contrarié par quelque chose. Fyodor n'aimait pas les disputes, il ferait mieux d'être prudent lorsqu'il expliquerait la situation à son ami.
   — Je sais que je ne peux pas sortir avec mon élève, je compte attendre, dit-il alors.
   — Moi je n'y vois pas de problème, dit Poe avec un haussement d'épaules. Je m'attendais à ce qu'il soit ton élève un jour ou l'autre.
   — Tu ne trouves pas ça bizarre ?
   — C'est un peu étrange, mais j'ai l'impression que tu tiens vraiment à lui, et il n'a pas l'air d'être une mauvaise personne. Mais vous devez être discret, il ne faut pas que ça t'empêche de travailler...
   — Il t'a menti sur qui il était, ça commence mal, lança Chûya d'un air agacé.
   — Mais c'était pour passer du temps avec moi. Et puis je savais qu'il m'avait menti, je ne suis pas aveugle.
   — S'il t'a menti sur ça, il a aussi pu te mentir sur autre chose.
   — Je lui fais confiance. Et puis moi aussi je lui ai un peu menti, puisque je ne lui ai pas dit que je savais qu'il n'était pas en L2.
   — Hmm... Mais ça ne me rassure pas ça, tu devrais quand même faire attention. Pourquoi tu veux lui dire qu'on est pas vraiment en couple ? T'as un rendez-vous avec lui ?
   — En quelques sortes. Et puis...
   Fyodor balaya des yeux le café pour vérifier que personne ne les écouter, puis il descendit de son tabouret, se rapprocha de ses meilleurs amis, et chuchota :
   — Je lui ai fait une fellation dans les toilettes.
   Poe s'étouffa avec sa salade et se mit à tousser, alors que Chûya tourna vivement la tête vers lui, et le dévisagea avec de gros yeux.
   — Tu as fait quoi, s'écria aussitôt Chûya d'un air incrédule.
   — Restez discrets !
   — Attends, pour de vrai ?!
   — Dans les toilettes, s'exclama Poe d'une voix étranglée.
   — Oui, je ne vais pas inventer ça, répondit Fyodor en tapotant le dos de son ami.
   — Tu l'as vraiment sucé, murmura Chûya à toute vitesse. Avec la langue ?!
   — En général c'est avec la langue, oui. Et il a adoré. Je pensais que je me débrouillais mal, mais en fait pas du tout, ça me rassure.
   — La vache... T'as couché avec un mec à la fac ! J'aurais jamais cru que t'étais capable de faire ça !
   — Personne ne vous a entendus j'espère, demanda Poe avec inquiétude.
   — Je ne sais pas... On n'a pas couché ensemble, on a juste fait des préliminaires, expliqua Fyodor en se rasseyant.
   — Et c'était comment, demanda Chûya. 
   Un nouveau serveur passa près d'eux, et Fyodor attendit pour répondre. Il ne savait pas vraiment comment décrire le moment qu'il avait passé avec Nikolaï... Ça avait été l'un des moments les plus érotiques de sa vie, sans aucun doute. Il s'était senti bien, à l'aise et confiant, suffisamment pour laisser Nikolaï faire des photos de lui. Même si cela ne le dérangeait pas en général, après tout il savait très bien comment utiliser la loi, dans le cas où ses photos fuiteraient. Mais il savait qu'il n'aurait pas besoin de le faire avec Nikolaï, il avait confiance en lui. Et il avait vraiment adoré s'enfermer dans cette cabine avec lui.
   — C'était merveilleux, dit Fyodor, un sourire au visage. Il embrasse super bien, il est un peu brut - et j'adore ça - et il ne pense pas qu'à lui. Il est aussi très sexy, c'était le moment le plus chaud de toute ma vie... Je ne suis pas du tout déçu de lui. J'avais peur d'avoir imaginé trop de choses, et qu'il ne soit pas à la hauteur de mes espérances, mais en fait il est bien au-delà. Enfin, il y a bien quelque chose qui m'a déçu...
   — Quoi ?
   — Il ne m'a pas pris. J'en mourais d'envie, et j'en ai toujours envie, je suis encore super chaud... Je voulais juste qu'il me prenne et qu'il me... Enfin... Vous voyez, dit Fyodor à voix basse. Je suppose qu'il l'a fait exprès, mais maintenant je vais être frustré toute la semaine...
   — Utilise les sextoys que je t'ai offerts pour te soulager.
   — Chûya, s'exclama Poe.
   — Quoi ? J'essaye de l'aider !
   — C'est pas de sextoys dont j'ai envie... D'ailleurs, est-ce que ça te dérangerait de me laisser l'appartement samedi soir, demanda Fyodor avec espoir.
   — Pourquoi ?
   — Je lui ai proposé de venir.
   — Déjà ? Mais d'habitude tu prends trois ans pour inviter le mec qui te plaît à la maison !
   — Oui mais là j'ai vraiment envie de coucher avec lui, s'il te plaît Chûya, ça fait des mois que je rêve de ce moment !
   — Et je vais dormir où ? À la rue, demanda Chûya avec mauvaise humeur.
   — Chez Poe ?
   — Impossible, je passe le week-end avec la famille de Ranpo, dit Poe.
   — Oh... Alors chez Ryû ?
   — Il est en colocation avec Atsushi et il est absolument hors de question que je dorme dans le même appartement qu'eux.
   — Pourquoi ? Atsushi est très gentil.
   — Il est surtout très proche de Ryû ! Je serais clairement de trop, je refuse. T'as pas le droit de m'imposer ça.
   — Alors va chez Dazai, je suis sûr qu'il serait content de t'avoir pour lui tout seul.
   — Je le supporte pas et tu le sais très bien !
   — Chûya tu as plein d'amis, je suis sûr que tu peux aller dormir chez l'un d'eux. T'es ami avec plein de filles, il y en a bien une qui sera contente de t'accueillir chez elle ! S'il te plaît... Je veux juste passer une nuit avec Nikolaï, et je te promets que je te demanderai plus rien après ça. Et je t'achèterai ton vin préféré.
   Un sourire intéressé étira aussitôt les lèvres de Chûya.
   — C'est bon, j'irai dormir chez mes amies. Et fais pas des promesses que tu peux pas tenir.
   — Merci, tu redonnes un sens à ma vie, dit Fyodor avec joie.
   Chûya lui répondit par un tendre regard, puis il saisit sa fourchette, et commença à remuer sans conviction sa salade. Il resta un moment silencieux, plongé dans ses pensées, sans que Fyodor ne le remarque. Il s'était accoudé au bar, et regardait les différents clients pour s'occuper. Il hésitait à commander à manger, il n'avait rien avalé de la journée, excepté une barre de céréales et un thé noir le matin, et... Il avait avalé le... De Nikolaï... Mais il n'avait pas mangé. Cela lui convenait très bien, il n'avait pas envie de prendre de repas, il voulait jeûner aussi longtemps que possible, et il n'avait pas du tout faim.
   Ne pas manger était quelque chose de normal pour lui, surtout lorsque des événements importants surgissaient dans sa vie. Ce n'était pas qu'il angoissait trop pour manger, c'était seulement qu'il avait besoin de temps pour s'adapter, et que lorsque ses pensées étaient trop nombreuses, il avait besoin de... De retrouver un peu de calme, avant de pouvoir se nourrir et passer à autre chose.
   — Fyodor..., reprit Chûya après un moment. Tu le connais vraiment Nikolaï ?
   — Oui, pourquoi ?
   — Tu ne l'as jamais vu en dehors de la fac, et... Tu lui fais confiance ?
   — Où est-ce que tu veux en venir, demanda Fyodor sans comprendre.
   — Je veux juste que tu prennes ton temps avec lui, ne te mets pas la pression pour coucher avec lui. T'es pas obligé de le faire tu sais ?
   — Mais j'en ai vraiment envie, et ça fait des mois qu'on flirt ensemble.
   — Je dis juste que... Tu devrais faire attention.
   — Pourquoi tu dis ça ?
   — Parce que tu n'as pas beaucoup de chance en amour, alors je veux que tu fasses attention, expliqua Chûya avec précaution. Tes ex étaient tous des connards alors...
   — Nikolaï est différent, ce n'est pas une mauvaise personne, rassura Fyodor avec douceur.
   — Tu disais aussi ça pour tes ex.
   — Tu sais, c'est pas parce que ses anciennes relations se sont mal passées que ça sera toujours comme ça, intervint timidement Poe.
   — Oui, et là c'est vraiment différent. Et puis j'ai juste dit que j'allais coucher avec lui pour l'instant. J'ai le droit, non ?
   — Bien sûr !
   — Oui mais tu t'attaches vite et... T'es peut-être pas prêt pour ça, continua Chûya en ignorant Poe. T'as toujours eu des relations toxiques avec tes ex, et même avec ta famille, alors tu devrais prendre ton temps, non ? Je veux dire... Tu ne sais pas quelles sont les intentions de Nikolaï envers toi, peut-être qu'il ne veut que du sexe, et ça risque de te blesser-
   — Tu dis qu'il ne peut pas m'aimer, demanda Fyodor en fronçant les sourcils. Tu penses qu'on ne peut pas m'aimer sincèrement ?
   — Je pense qu'il s'inquiète juste pour toi, dit Poe, pour essayer de calmer leur conversation.
   — Je dis qu'il t'a menti sur qui il était et que tu l'as sucé dans les toilettes, alors que tu ne sais pas s'il flirt avec toi sérieusement, et que c'est illégal ! Fyodor, je dis ça pour ton bien !
   — Ce n'est pas un connard, et puis je m'en fiche de ce qu'il attend de moi, c'est quelqu'un de bien !
   — Mais qu'est-ce que tu en sais ? Tu le connais à peine, si ça se trouve une fois qu'il t'aura mis dans son lit, il te balancera à tout le monde et il te détruira ta thèse ! Si ça se trouve il veut juste te prendre ton travail !
   — Tu vas un peu loin..., dit Poe à voix basse.
   — Arrête Chûya. Je le connais, je sais qu'il ne me fera pas de mal.
   — Et si jamais il voulait s'en prendre à toi ?!
   — Pourquoi est-ce qu'il le voudrait ?
   — Les gars, calmez-vous...
   — Parce que y'a plein de mecs qui aiment blesser les autres ! Il peut vouloir que tu lui obtiennes un doctorat, que tu lui donnes son master ! Ou alors il veut juste du sexe ! Ou alors il a quelque chose contre toi parce que tu es russe !
   — Qu- Quoi, s'exclama Fyodor avec incrédulité. Où est le rapport ?!
   — Il est ukrainien non ?! Vos pays sont en guerre, il peut très bien t'en vouloir pour ça !
   — Notre opinion sur la guerre est la même, et il a grandi en Russie ! Ça n'a aucun rapport ! Il ne me fera pas de mal, pourquoi est-ce que tu ne me fais pas confiance ?!
   — Et s'il le fait ?! Et s'il te brise le cœur ?!
   — Il ne le fera pas parce que ce n'est pas une mauvaise personne, et que je lui fais confiance !
   — Tu disais aussi ça pour tes ex et ils t'ont tous envoyé chez le psy et mis sous antidépresseurs !
   Cette phrase frappa de plein fouet Fyodor, si bien qu'il fut incapable de répondre. Il recula machinalement, comme pour se protéger de ce qu'avait dit Chûya, et sa vue se mit à se brouiller sans qu'il ne comprenne pourquoi. Chûya lui jeta un regard paniqué, il battit plusieurs fois des paupières, comme s'il réalisait ce qu'il venait de dire, et déglutit difficilement. Fyodor finit par détourner vivement la tête. Il descendit de son tabouret et récupéra son sac, posé par terre.
   — Fyodor, je voulais pas dire ça, je suis désolé, dit aussitôt Chûya.
   — Mais tu l'as dit, répondit Fyodor, avant de s'en aller rapidement.


Recueil Bungo Stray DogsWhere stories live. Discover now