Chapitre 9

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Lorsque je la vois le lendemain à 8h devant l'amphithéâtre, je suis la personne la plus joyeuse au monde.

- Est-ce que ça va mieux ? Je suis contente que tu sois venu aujourd'hui ! dis-je très enthousiaste

Elle m'arrête tout de suite :

- Ok Mathilde arrête de crier aussi fort et de sauter partout tu me donne mal à la tête.

- Oh... je vois répondis-je déconcertée

Pendant le cours de biologie moléculaire je m'ennuie inlassable. Je finis par jouer avec tout ce qui me tombe sous la main : porte-clefs, gomme, je fais des petits dessins sur ma copie... Maintenant je jette mon dévolue sur mon stylo quatre couleurs. Thaïs m'arrache violemment le stylo des mains et le pose presque en frappant sur la table.

- Arrête ce cliquetis est insupportable !

Je pose mes mains sur mes cuisses comme une enfant qui vient d'être grondée. Je ne pensais pas qu'elle se mettrait autant en colère.

A la pause repas, elle ne mange presque rien et avale seulement deux cachets.

Je me risque à lui parler :

- Tu n'as pas l'air bien, tu devrais peut être rentrer chez toi. Je t'enverrais les cours.

- Je vais faire ça, dit-elle en ramassant ces affaires.

- Tu devrais en profiter pour te reposer demain aussi.

- Mais quelle brillante idée Mathilde !

Elle s'éloigne. Est-ce que j'ai fait ou dit quelque chose qui aurait pu l'énerver ?

Le jour suivant elle n'est pas venu. Sur une semaine de cours elle n'est présente que deux jours par semaine et l'ambiance entre nous est électrique : nos conversation ne dure pas plus de deux minutes. Aujourd'hui je remarque des gouttes de sueurs qui perlent sur ces tempes. Je lui demande :

- Est-ce que tu as chaud ?

- Non

- Peut être que tu as encore de la fièvre.

J'approche ma main pour toucher son front mais elle m'évite. Ma main reste dans le vide. Maintenant que je la regarde de plus près elle a d'énormes cernes sous les yeux. Il faut qu'elle aille voir un médecin. J'ouvre la bouche mais ma phrase ne sors jamais... si je dis quelque chose elle va encore mal le prendre.

C'est la même ambiance pendant le reste de la journée, ça en devient gênant. Au loin je vois Lucas passer alors je lève la tête. Je sens un coup de coude. Je me tourne vers Thaïs.

- Tu deviens obsédé à ce niveau, me dit-elle

Je rigole. Voilà la Thaïs que je connais.

- Arrête, dis-je en lui rendant sa tape.

- Je ne veux pas te vexer mais tu sais... ça n'a pas l'air d'être quelqu'un de très fréquentable. Je pense qu'il faudrait mieux que tu ne t'implique plus avec lui

- Tu n'as aucun risque à te faire à ce sujet.

- Tant mieux, répond-elle. Je pense que tu ne le connais pas assez.


Le week-end avant les examens c'est toujours la même chose : je panique devant la quantité de cours à apprendre et me jure que je m'y prendrais plus tôt au semestre prochain. Le bachotage s'impose.

La semaine arrive et Thaïs m'assuré qu'elle ne raterait pas les examens. Lorsque je la vois arriver elle porte des lunettes de soleil noires :

- C'est quoi ça ? Un nouveau style ? je lui demande pour rigoler

- Fous-moi la paix dit-elle en râlant.

J'avais oublié ce petit détail. Il faudra définitivement que je lui demande ce qu'il se passe. On se dirige ensemble vers les salles d'examens.

- Alors bonne chance à... toi...

Elle n'est déjà plus là : mes encouragements se perdent dans la foule.

Je me vide l'esprit et m'installe à ma place. J'ai les mains moites. Les professeurs nous distribuent les sujets et l'épreuve commence.

Lorsque je rends ma copie je souffle un bon coup. 1 de faits, plus que 4 autres... Youpi pensais-je sarcastiquement.

Je décide d'attendre Thaïs devant sa salle. J'attends 10 minutes et elle se décide enfin à sortir. Je l'attrape par le bras et l'attire dans un endroit à l'écart

- Maintenant dis-moi ce qu'il se passe. Ça fait plusieurs semaines que tu te comportes bizarrement.

Elle se frotte les tempes et réponds

- Ecoute Mathilde... Si je pensais que tu pouvais m'aider je t'en aurais déjà parlé depuis longtemps.

- Donc il se passe bien quelque chose. Explique-moi, je peux au moins essayer de comprendre. On est amies non ?

- C'est justement parce que nous sommes amies que je n'ai rien à te dire.

- Thaïs, ce que tu dis n'a aucun sens. S'il te plait laisse-moi t'aider.

- Je te le répète une dernière fois je n'ai pas besoin de ton aide.

Elle me laisse là, en plan, et part. Mes yeux s'humidifient et j'essuie une larme qui menace de couler sur ma joue.

- Mathilde !

Je lève la tête. Ce serait un euphémisme de dire que Lucas est la dernière personne que j'ai envie de voir en ce moment. Depuis combien de temps est-il là ? Est ce qu'il a entendu notre conversation ?

- Non pas maintenant Lucas... Tu te moqueras de moi un peu plus tard.

- Il faut que je te parle de quelque chose

- Il faudrait que tu te décides ! On a des choses à se dire maintenant ? demandé-je énervée.

Il s'avance mais je fais immédiatement un pas en arrière.

- C'est bon ne m'approche pas... Je préférais ne pas avoir à faire toi tout de suite.

- On parlera plus tard. dit-il sèchement en partant

Je passe une main dans mes cheveux. Ça y est les larmes inondent mon visage et je renifle bruyamment. Je m'accorde 5 minutes. 5 petites minutes pour relâcher la pression de ces dernières semaines. Je ferme les yeux et mets les mains sur mes joues pour essayer de me calmer.


Le reste des examens s'est bien déroulé... enfin du mieux que cela peut se dérouler. Seulement l'examen de statistiques m'a posé problème : je ne vois pas l'intérêt de se bourrer le crâne avec des formules incompréhensibles dans lesquelles il n'y a même plus un seul chiffre !

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