Chapitre 20

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Je suis presque soulagée en me tenant devant le tribunal. Beaucoup de gens se précipite devant la porte, la plupart sont des étudiants de notre fac. On me fait rentrer dans une salle à l'écart pour que je n'ai aucun contact avec l'accusé étant donné que je viens ici en tant que victime. Deux policiers se tiennent dans la salle mais ne dise pas un mot.

Une petite télé retransmet en direct ce qui se passe dans la salle d'audience. Lucas devrait me rejoindre d'un moment à l'autre. Je cherche Lucas des yeux dans la salle mais je ne le trouve pas. Dix minutes plus tard, le juge entre et tout le monde se lève poliment. Puis il s'en suit la procédure de sélection des jurés. Je ne vois toujours pas Lucas et en parcourant l'écran des yeux je ne le vois pas dans la salle. Le président de la cour vérifie l'identité de l'accusé et la présence de son avocat. Victor semble abattu : il a des cernes et le visage pâle mais je suis sûr que cet air affligé n'est qu'une mise en scène pour susciter la pitié des jurés. Puis le greffier lit l'acte d'accusation : tentative d'homicide volontaire, homicide involontaire, trafic de stupéfiants. Victor prête serment devant la cour puis le président le questionne afin d'en tirer ses déclarations. Il admet avoir vendu de la drogue en se servant de la boite de nuit pour attirer les acheteurs. Il admet également d'avoir tué la fille mais selon lui ce n'était pas volontaire : il s'est laissé emporter sous le coup de la colère. Il dit également qu'il n'a jamais voulu tuer ni Lucas, ni moi : il voulait simplement nous faire peur. Sérieusement, qui croirait à ce genre de conneries ? En revanche, il ne peut pas nier d'avoir détruit les preuves en falsifiant les rapports d'autopsie car l'enquête de police à révéler des transferts de fonds vers le compte d'un médecin légiste.

Le procureur interroge ensuite un officier de la brigade des stupéfiants et un officier de la police judiciaire. Ils témoignent tous deux en tant qu'experts ayant suivis de près cette affaire. Mon père a été écarter en raison de son implication personnelle : cela remet en question son impartialité.

C'est ensuite autour des témoins. Plus j'avance dans la salle d'audience, plus j'ai l'impression que mes jambes vont se dérober. Tous les regards sont fixés sur moi et je sais que tout ce que je dis va être attentivement étudié. Je me place à la barre pour prêter serment. Le procureur commence à me poser des questions banales : "reconnaissez-vous l'accusez ?", "Pouvez-vous raconter devant la cour ce qu'il s'est passé ?". J'explique tout dans les moindres détails depuis la course-poursuite en voiture jusqu'à l'intervention de la police. J'insiste en disant qu'il a battu la fille à mort et qu'il a clairement affirmé avoir l'intention de nous tuer. Avec la blessure que j'ai dans le cou, il serait difficile de penser le contraire. Dans l'audience je vois ma mère qui essuie ses yeux avec un mouchoir. Il ne faut pas que je la regarde sinon le peu de courage qui me reste va s'envoler et je vais m'effondrer. Je mentionne également la présence de Nathan à l'entrepôt.

Lorsque j'ai fini j'ai le droit de m'asseoir à coté de mes parents pour assister à la suite du procès.

Lucas entre dans la salle, je me redresse sur mon siège. Il parcourt la salle des yeux et nos regards se croisent. Je n'arrive pas à déchiffrer son expression : son visage semble fermé mais il dégage toujours cette aura sombre et inquiétante. Le stress me picote le ventre.

Il se plie au même serment que moi et les questions commencent :

- Pouvez-vous identifier cet homme ?

- Victor Cassel.

- Comment êtes-vous entrer en contact avec cet homme ?

- Quand j'ai eu 18 ans j'ai commencé à travailler dans la boîte de nuit qu'il dirige. C'est à ce moment que mon père a quitté ma mère pour se marier avec une autre femme. Je suis resté seule avec ma mère mais elle à commencer à lâcher prise. Elle s'est mise à fréquenter des maisons de jeux illégale et revenait avec des dettes de plus en plus grandes. Un jour des usuriers sont venus réclamer l'argent des dettes ma mère, ils l'ont frappé, nous ont menacés. J'avais besoin d'argent rapidement pour pouvoir continuer à vivre. Victor m'a proposé ce qu'il appelé "un complément de travail" en échange de sommes d'argent généreuse. Dans ma situation, je n'ai pas pu refuser.

Je connais maintenant la raison qui la poussé à faire ce choix. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un pincement au cœur : dans ce genre de situation, si ma famille, ma vie était en train de s'écrouler, qu'est-ce que j'aurais fait ?

- Pouvez-vous être plus clair sur "les compléments de travail" dont vous parlez ?

- Je travaillais au bar donc je voyais passer beaucoup de monde. Je devais identifier des acheteurs potentiels. On m'avait demandé de trouver des personnes entre 18 et 30 ans qui pourrait avoir d'un "boost" au quotidien. Victor se chargeait du reste.

- Est-ce que vous saviez ce qu'était cette substance ? reprend le procureur.

- Non. Ce n'est que plus tard que j'ai effectué des recherches, et j'ai découvert que c'était un produit modifié qui servait de stimulant cognitif.

- Pourquoi avez-vous mis fin à votre contrat ?

- J'ai été accusé d'un meurtre d'une fille qui achetait du MPH+. J'ai finalement été acquitté puisque l'enquête de police a conclue à un suicide. Je suis sûr que Victor m'a fait accuser parce qu'il avait besoin que quelqu'un prenne le blâme. Mais finalement peut être que falsifier les rapports d'autopsies était plus simple. Et il ne cherche qu'une seule chose : nous faire taire. Il allait nous tuer !

Plus il avance dans son récit, plus sa voix devient cinglante.

- Ne faites pas de spéculations, intervient le juge. Énoncé seulement les faits.

Lucas continue :

- J'ai remarqué que ce cas n'était pas le seul : certains acheteurs ne passaient plus de commandes du jour au lendemain. En cherchant dans les contacts des clients, j'ai découvert qu'ils étaient morts et que tous s'étaient suicidés. Je n'ai jamais voulu être impliqué ou provoquer ce genre de chose alors je suis parti. Mais je sais que rien d'autre n'arrêtera Victor. Il faut le condamner et l'enfermer. Sinon il trouvera toujours un moyen de recommencer et de mettre en place un nouveau réseau qui provoquera à nouveau des morts.

- Que contient la liste que vous avez remis à la police ?

Thomas explique que c'est la liste des acheteurs et comment il l'a obtenu. Dans la suite de son témoignage, il confirme ce que j'ai précédemment expliqué.

Le président de la cour appelle ensuite un certain Maurice Catillard. Un homme d'une cinquantaine d'année arrive et s'installe. Il est accompagné d'un avocat : c'est un témoin assisté. Cela signifie qu'il est dans une position entre le mis en examen et le simple témoin. Il existe ainsi des éléments qui mettent en avant sa possible implication.

Il ne faut pas plus de 30 secondes pour qu'il déballe toute la mise en œuvre et les paiements qu'ils recevait en retour. Il n'arrête pas de ponctuer ses phrases par des "je m'en veux", "je regrette" en s'essuyant le nez avec son mouchoir en tissu. Je n'arrive pas à savoir s'il est sincère.

Le procureur termine son plaidoyer en rappelant le fondement des accusations de Victor. Il appuie sur le fait que le MPH+ est une substance modifiée et que vendre un tel produit tout en connaissant sa dangerosité n'est pas un accident. Il a une manière de parler très éloquente. J'ai l'impression qu'il pourrait même me persuader que la terre est plate. Il est indiscutablement doué en négociation. Il réclame ainsi une peine de 30 ans de prisons ferme sans libération conditionnelle.

C'est au tour de l'avocat de Victor de plaider. Il reconnait le fait qu'il y a une responsabilité morale de la part de l'accusé mais qu'avec les quantités de MPH+ retrouvé dans le corps des victimes, il s'agit d'une overdose et ainsi d'une erreur de d'administration de la part de la victime. Il nie ainsi les accusations de tentative d'homicide volontaire et d'homicide volontaire.

Suite à cela, le président de la cour déclare le débat clos. Les juges et jurés se retirent dans la chambre des délibérations.

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