🎃 𝕻𝖆𝖗𝖙𝖎𝖊 𝖚𝖓𝖊🎃

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Minuit sonna dans la nuit, et pas un chat dans les rues. La lune était presque pleine, ce soir-là, pourtant c'est à peine si on la voyait se distinguer entre les deux immeubles de la cité. L'air gelé d'octobre fit apparaître quelques frissons sur ses bras nus. La lumière jaune des lampadaires lui brûlait les rétines, et les relents puants des égouts lui fichait la nausée.

Katsuki Bakugo se frotta les yeux du revers de la paume et grimaça.

Le corps engourdi, il se redressa sur les coudes et jeta un coup d'œil autour de lui. Il était seul au milieu de la ruelle, celle devant laquelle il passait tous les matins pour aller au lycée. Près de lui, une poubelle avait été renversée, éparpillant ses déchets sur le bitume. Katsuki remarqua une pile de carton dont le creux laissait deviner un corps endormi, sans doute un sdf. Un horrible frisson le prit à l'idée qu'une autre personne se trouvait ici alors qu'il était inconscient.

Tout son corps lui faisait un mal de chien, et les rares heures de sommeil qu'il s'octroyait depuis qu'il traînait là n'aidaient en rien.

Pire, il mourrait de faim.

Sa gorge le brûlait depuis qu'il s'était réveillé seul dans la rue, il y a quelque jours. Katsuki ne se souvenait plus de grand chose, à part qu'il avait commencé à tomber malade il y a deux semaines. Après ça, il s'était (encore) engueulé avec ses parents puis s'était directement cassé de chez lui. Juste après, il avait fait la rencontre d'une blonde un peu barrée aux yeux jaunes, ils avaient discuté toute la soirée, peut-être qu'ils avaient bu un verre ensemble, mais Katsuki l'avait touvé trop chelou pour aller plus loin.

Il s'était réveillé bien plus tard, le jour était tombé depuis bien longtemps, souffrant le martyr. Il avait passé plusieurs jours à se tordre de douleur, planqué entre deux bennes à ordures, à l'abri des regards, à se demander ce qu'il avait foutu pour mériter ça, et quel genre de maladie faisait tant souffrir. Pas qu'il en connaisse un rayon en médecine, mais tout de même.

Et après ça, blackout total. Katsuki n'avait aucun souvenir de ce qui avait suivi. Avait-il été conscient ou non, impossible à dire.

Mais sa faim, elle, était toujours présente.

Un corbeau hurla, au loin, son cri résonna dans la nuit au silence angoissant. Katsuki se tourna vers l'animal. Il devait bien être à une centaine de mètres de la bestiole, mais le jeune homme fut impressionné de la précision avec laquelle il arrivait à voir l'oiseau.

Katsuki se frotta de nouveau les yeux et lâcha un juron. La fatigue devait parler pour lui. Puisant dans le peu de force qui lui restait, il se remit debout et s'étira, comme s'il cherchait à chasser la douleur. Le sang lui cognait aux tympans, son cœur se tordait de souffrance à chaque inspiration.

Tu ressembles à un pauvre camé.

Il se focalisa sur autre chose que la douleur, et en revint à la faim dévorante qui le consumait. La gorge irritée, la bouche pleine de salive, son comportement lui parut sur le coup très animal, peut-être même trop. Il n'avait jamais ressenti un tel appétit, une telle soif.

Il sortit de la ruelle en silence, se dirigeant vers chez lui, histoire d'aller choper un sandwich dans le frigo, quand une brusque odeur le frappa comme une masse, le déchiqueta comme une grenade a fragmentation.

L'arôme lui embruma le cerveau, l'empêchant de réfléchir correctement.

La soif lui incendia la gorge, il avait la bouche brûlée, desséchée. Le besoin lui tordait le ventre, ses muscles étaient tendus comme des ressorts. Katsuki inhala profondément, et le feu de l'odeur courut dans ses veines. Ses yeux roulèrent dans leur orbites.

Red NightDonde viven las historias. Descúbrelo ahora