45. Lisa

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Lisa

Encore une nuit passée loin de chez moi, loin de mon petit ami, loin de ma Lolita. Ils me manquent tous tellement. Même nos disputes avec mon chéri me manquent. J'ai très envie de me réveiller dans ses bras, de sentir son odeur, de sentir ses baisers sur mes lèvres, encore plus ses caresses sur mon corps. Ma peau frisonne lorsque je repense à tous ces moments. Quelques larmes s'échappent sur mes joues, je les essuie rapidement en entendant sonner à la porte. Jamais je ne serai tranquille tant que je ne rentrerai pas chez moi.

Ce n'est que Gregorio, le chien de garde de ce salaud d'Hiro. J'ai enfin appris son prénom, grâce à cette conversation de Sienna. J'ai surpris une conversation téléphonique avant hier : quand elle m'a vue, elle a très vite raccroché. Je ne sais pas à qui elle parlait, mais ça avait l'air louche. Je me demande ce qu'elle est en train de préparer encore celle-là.

– Qu'est-ce que tu veux ?

– Le boss demande à te voir.

— Dis à ton boss que je ne suis pas son chien, alors s'il veut me voir, il n'a qu'à se déplacer, il a encore ses jambes, si je me souviens bien.

— Écoute-moi bien, toi, je n'ai pas de temps à perdre avec toi, alors suis-tu, me suis gentiment, ou je te traîne jusqu'à son bureau.

— Essaie pour voir.

– Ne me tente pas.

Il pense que je ne suis pas au courant des ordres de son boss, le pauvre, c'est pour ça qu'il prend encore ses grands airs.

– Pose seulement un doigt sur moi et on retrouvera ta tête sur une pique quelque part.

Ses yeux deviennent ronds quand il m'entend répéter les mots de son boss. Personne n'a le droit de me toucher, à part lui bien. Ça m'aurait bien arrangé qu'il fasse partie de ceux qui n'ont pas ce droit. Malgré tout ce que je lui ai dit, malgré mes rébellions, il ne s'est toujours pas découragé. Je me demande combien ils sont dans sa tête.

Je ne pousse pas le bouchon trop loin non plus, du coup, je me décide à le suivre. Nous arrivons devant le bureau. Gregorio frappe, nous attendons sa permission avant d'entrer. Je lève les yeux en voyant Sienna assise sur son bureau.

— Je sais que tu viens de te réveiller, ma belle, mais tu es vraiment très belle...

– Tu m'as fait venir pour ça ?

— Qu'est-ce qu'elle fait-là, elle ? Demande Sienna

– Encore ce sale caractère... J'aimerais que vous arrêtiez de vous battre. Essayez de bien vous tenir, car nous allons avoir un invité ce soir.

— Non, merci, je ne suis pas intéressée. Dis-je en me retournant.

– Mais tu n'as pas le choix.

— Laisse-la, mon canard en sucre, on n'a pas besoin d'elle. J'ai toujours su m'occuper de nos invités.

– Celui-là sera très différent.

Un invité spécial. Je me fiche pas mal de qui ça peut bien être, je n'ai pas envie de rencontrer son invité, je veux juste qu'on me laisse tranquille. Je continue à avancer malgré les cris de Sienna m'insultant comme elle sait le faire. Je ne sais pas où nous sommes, mais cette villa est énORME. Et ça fait plus de trois jours que nous sommes ici. D'après ce qu'il dit, personne ne connaît cet endroit, on ne nous retrouvera pas ici. Quand il a dit ça, j'ai compris que je ne rentrerai jamais chez moi.

La matinée se passe rapidement. Personne n'est venu me déranger après cela. Je me balade dans le jardin au milieu des fleurs sous le regard d'une dizaine de gardes du corps. On se demande pourquoi, étant donné que la maison est truffée de caméras. J'essaie de ne pas faire attention à eux. Je m'assois sur la balançoire. Mes idées partent vers ma Lolita. Elle aurait aimé avoir un jardin aussi grand que celui-ci, tout comme Emy. J'imagine Gaby assise sur ce banc en face en train de dessiner. Tout à coup, je vois un petit garçon marcher vers moi. Il a les cheveux bouclés et son sourire me fait penser à quelqu'un. Il s'arrête directement en face de moi.

— Salut toi.

– Salut. Me répond-il toujours avec ce sourire.

Il est très mignon en plus. J'aime bien les enfants, mais je me demande ce qu'un petit garçon de son âge fait ici.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu accompagnes tes parents ? [...] Ne sois pas timide.

Il se rapproche un peu plus pour me toucher les cheveux.

— Tu es belle, tes cheveux sont très jolis.

– Merci. Comment tu t'appelles ?

Alors qu'il est sur le point de me répondre, le petit garçon se cache derrière moi.

– Alexander, arrête de te cacher et réponds quand je t'appelle.

— Ne la laisse pas m'emmener, elle va me forcer à manger de l'herbe.

Je souris face à la mine dépitée du gamin. C'était donc lui notre invité. Je n'aurais pas pu le deviner.

— Qu'est-ce que tu fais avec elle ? Elle a dit ne pas vouloir te rencontrer ce matin.

Cette femme n'a vraiment aucun scrupule, définitivement. Je ne rêve pas, elle essaie de monter le gamin contre moi. Le gamin devient tout triste.

– Alex n'écoute pas ce qu'elle dit. Ce qu'il y a, c'est que je ne savais pas que tu serais aussi mignon, j'étais fatigué et j'ai dit n'importe quoi.

— Aller, vient avec moi, il faut que tu manges...

– Je n'ai pas envie. Papa a dit que je pouvais faire ce que je veux et là, j'ai envie de rester avec elle. Dit-il en me pointant du doigt.

Sienna me fusille du regard. Ça m'amuse de la voir se faire dominer par un gamin. Elle repart rouge de colère en m'injuriant sans doute. Alors comme ça, ce gamin est le fils de ce monstre. Comment un sauvage comme lui peut mettre au monde un petit être si mignon ?

– Ça va ? Tu me regardes bizarrement...

- Bien sûr je vais bien... Alors comme ça, tu t'appelles Alex. Moi, c'est Elisabeth, mais toi, tu peux m'appeler Lisa...

— Tu veux bien jouer avec moi, Lisa ?

Dans d'autres circonstances, j'aurais dit non, mais ce gamin a réussi à me faire rire alors que je ne me souvenais même pas de la dernière fois que c'était arrivé. Nous jouons tous les deux pendant plusieurs minutes. Je vois Sienna nous espionner de loin. Qu'est-ce qu'elle veut ? J'ai l'impression qu'elle ne veut pas que je m'approche du Petit.

— Je t'aime bien, Lisa. J'aimerais bien que tu deviennes ma maman.

C'est sûrement son père qui lui a mis ses idées dans la tête.

– C'est gentil, Alex. Moi aussi, je t'aime bien... Ta maman ne sera pas contente de savoir que tu veux la remplacer.

– Mais je n'ai pas de maman. Je n'en ai jamais eu Papa m'a dit que je pouvais en choisir une.

Ce crétin n'aura certainement pas le prix du meilleur père de l'année. Comment peut-on raconter de telles conneries à un petit garçon ? En parlant du Loup, dès que je le vois, mon humeur change automatiquement. Le petit Alex lui court dans les bras. On peut entendre son rire depuis l'entrée du jardin quand il se met à faire tourner le petit dans les airs. Je ne me trompe pas, il ne me faut pas plus de temps pour voir qu'il est complètement différent en présence de son fils.

— Alors, Mon fils, vous avez fait connaissance tous les deux ?

- Oui. Tu sais quoi ? Lisa est très gentille. C'est elle que je veux.

— Tu as bon goût, Fiston.

Évidemment qu'il l'encourage.

— Et si on allait dîner maintenant ? Demande Sienna en arrivant.

— Tu as faim, Mon fils ?

Alex hausse simplement les épaules. Puis, il attrape ma main. Nous rentrons tous à l'intérieur. Pour une fois qu'un dîner se passe sans chamailleries. Alex est adorable, enfin, comme moi ainsi que les enfants de son âge, il essaie de négocier quand il s'agit de manger ses légumes, ce qui me fait sourire. Quant à Sienna, elle ne cesse de m'envoyer des rayons lasers avec ses yeux...

Quelques jours plus tard

Depuis qu'Alex est avec nous, l'atmosphère à la villa est plus détendue. Sienna est très protectrice envers lui. Mais qu'est-ce qu'elle croit ? Que je vais m'en prendre à un enfant ? C'est qu'elle est folle. Alex n'a que quatre ans et comme tous les enfants, son papa est son héros. C'est un enfant innocent. Non, mais quelle femme serait assez folle pour faire un enfant avec ce fou ?

Sienna ne me cherche plus autant qu'avant. Je sais qu'elle me déteste toujours autant, mais elle prend sur elle pour gagner la confiance et l'affection d'Alex, et je peux vous dire que ça s'améliore.

Je ferme doucement la porte pour quitter la chambre d'Alex après qu'il se soit endormi. Il avait l'air fatigué, en même temps qu'il a passé la journée à jouer dans le jardin. Je tombe nez à nez avec Sienna. Je continue mon chemin, faisant comme si elle n'existe pas.

- Merci...

Je m'arrête en entendant ce mot que je ne pensais pas capable de prononcer. Ce qui m'étonne le plus, c'est que je ne sais même pas pourquoi elle l'a dit.

— Attends ! C'est à moi que tu parles ? Ai-je bien entendu ? Tu viens vraiment de me dire « merci ».

— Alex, j'aime bien et je vois bien que tu prends soin de lui, alors...

— En quoi ça te regarde tout ça, dis-moi ? C'est bien toi qui lui as dit de ne pas s'approcher de moi le jour où il est arrivé, non ? Et maintenant, tu me remercies de m'occuper de lui !

– Tu n'as pas besoin de comprendre.

Et voilà qu'elle redevient bizarre. Plus que d'habitude. Elle mijote quelque chose, c'est sûr. Sinon, pourquoi se sentirait-elle obligée de me remercier ? Sienna s'en va dans la chambre d'Alex, je ne cherche plus à comprendre et je m'en vais dans ma chambre prendre une douche puis me coucher à mon tour...

J'entends frapper à la porte de ma chambre. Cette personne se déchaîne comme une vraie dingue. Le réveil affiche cinq heures trente du matin. Je me frotte les yeux avant de sortir du lit pour aller ouvrir. Sienna se tient devant la porte avec dans ses bras Alex qui dort encore.

— Putain, mais c'est quoi ton problème ? Respecte au moins les heures de sommeil des gens...

— Suis-moi et ne fais pas de bruit.

– Tu rêves si tu penses que...

Elle ne m'écoute même plus, qu'elle est déjà bien loin. Sienna me rappelle que je ne dois pas faire de bruit. Même si je ne comprends pas pourquoi elle se comporte de la sorte, je continue de la suivre alors que je pourrais être encore dans mon lit en train de dormir.

— Prends-le... Vas-y, prend le petit.

– Comment connais-tu notre cachette avec Alex ?

Voyant son silence, je suppose que c'est le gamin qui le lui a dit. Je lui ai pourtant dit de n'en parler à personne. Sienna dépose un bisou sur le front d'Alex sans même prendre la peine de me répondre, ce qui m'énerve, car je n'aime pas quand on m'ignore.

— Hé, tu vas me dire ce qui se passe ? Pourquoi me réveiller en pleine nuit pour m'emmener dans le jardin et ?

Je me Tais aussitôt que j'entends un bruit au-dehors. Un premier coup, et ensuite un deuxième et un troisième, puis je n'arrive plus à les compter.

— Mais qu'est-ce qui se passe au bordel ?

— Écoute-moi bien, Élisabeth. Je sais que c'est beaucoup te demander, mais s'il te plaît, j'ai besoin de ton aide.

Si c'est de la comédie, elle est vraiment une bonne actrice. Non, non, ce n'est pas une blague.

— Ce qu'on entend là, c'est bien ce que je pense...

– Des échanges de tirs. Je n'ai pas le temps de tout expliquer, mais quoi qu'il en soit, ne sors pas de là et surtout ne te sépare pas d'Alex, est-ce que tu m'entends ?

— Qu'est-ce que t'as encore fait, espèce de cinglée ?

– Lisa. Crie-t-elle... Ne laisse personne emmener le petit.

– Quoi ? T'es malade ? Et si son père...

— Tu sais t'en servir ? Me demande-t-elle en me passant une arme... Je prends ton silence pour un Oui. Si son père s'approche de vous deux, tu n'auras qu'à appuyer sur la détente, crois-moi, tu n'as pas intérêt à le rater cette fois-ci.

— Putain, mais je n'y comprends rien.

– Ce sera vite terminé.

Elle est habituée à ce genre de drame, mais pas moi. Ce qui m'énerve le plus est de ne pas savoir ce qui se passe. Une chose est sur, Sienna y est pour quelque chose. Elle nous laisse ici et part en courant alors que les tirs sont de plus en plus proches de nous...

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