Écrire

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« Je veux écrire, je veux écrire. Je. Veux. Écrire. »

      C'est la phrase qui a tourné en boucle dans ma tête il y a quelque temps de cela. Elle y a tourné comme la petite feuille coincée entre deux vents que l'on voit parfois en marchand dans la rue, souvent en sortant de l'élémentaire –pour ma part– et en rigolant avec les amis. Cette petite feuille qui s'élève dans les airs, dessinant un sourire sur chaque visage des plus petits, c'était elle qui tourbillonnait en moi, c'était elle. Elle y était totalement, sans le sourire l'accompagnant habituellement.


     C'était le moment d'une rechute, ou plutôt d'une chute ? Oui c'est exactement ce mot, c'est exactement ce terme, c'était un saut en parachute sans le sac contenant ce dernier. Je me voyais moi-même gonflée de mon espoir juvénile que j'essayais de conserver depuis tant d'années pour le même projet. Du haut de l'âge que je possédais je me doutais qu'il allait s'atténuer, restait à savoir quand. Le « quand », c'est meurtrier. C'est comme dire à quelqu'un « La catastrophe arrivera, nous le savons, mais elle peut se trouver à chaque détour de ta route », et les routes bifurquent, enfin, c'est ce que l'on m'a toujours dis.


     Alors que les idées battaient leur plein, que le clavier meurtri appelait à l'aide pour obtenir renfort et sécurité, le quand m'es tombé dessus. Oh je ne l'ai pas vu venir. On ne m'avait pas prévenu, que dans certains croisements de notre route –ceux que l'on ignore, préférant continuer en ligne droite– se tapissent dans l'ombre des variables inconnus. On ne me l'avait pas dis et pour sûr, ceux qui ne l'ont pas rencontré ne peuvent pas en prévenir, non ?

     Comme une pensée positive, je me suis dis qu'il valait mieux accueillir ce quand les bras grand ouverts, en subissant sa pression de pleins fouets, il repartirais plus vite. C'est ce que j'ai pensée.


     Le quand c'est ce moment que l'on a tous vécu un jour, c'est celui où plus rien ne fait sens. « Quand » c'est celui qui vient vous voir vous et vos projets, vous chuchotant de sa voix pénétrant jusqu'au fin fond de votre être à quel point ce que vous produisez est affreux. Il est vicieux, il est malin, il sait où se trouve les points faibles, qu'il est malin Quand.

     Je ne suis pas une exception, quand il a toqué à ma porte et que je l'ai accueillis il s'est donné à cœur joie de s'immiscer jusqu'au fond de moi. Pleurer de désespoir en refusant d'abandonner, tout en récitant de son mieux ses meilleurs fierté, ce n'était pas concluant. Puis quelqu'un m'a murmuré encore plus bas que celui qui chuchotait. Ce simple bruit dans le vacarme à tout changer.Et j'ai décidé d'écrire « écrire ». Ça paraît simple. Ça paraît bête. Mais « Je veux écrire » était là, je l'ai répété et j'ai décidé de réfléchir à pourquoi. C'est vrai, en quoi dire cette petite phrase faisait s'écrouler le château de carte de mon désespoir ? Qu'est-ce que cette flamme d'espoir était à mes yeux pour qu'elle me chamboule à ce point ?


C'était elle ;


     « Je veux faire sourire les gens devant la lecture, je veux les faire pleurer, leur serrer le cœur et l'alléger. Je veux provoquer des émotions si fortes qu'ils en rêveront la nuit. Je veux qu'ils marchent la tête dans les nuages, les pensées occupé par quelque chose les empêchant de penser à leurs propres problèmes. Je veux que mes personnages vivent, je veux les voir grandir, leur laisser et donner la chance d'exister. Je veux décrire les hortensias devant moi et la couleur de chaque pétals, le lierre qui grimpe sur le mur, le poteau électrique qui pourrait avoir de l'importance, l'avion dans le ciel car ce serait le premier ! Je veux écrire l'évolution de mon monde, je veux le voir grandir en même temps que vieillir, je veux que le futur de mes personnages voit le jour, que leur passé soit écrit avec succès, je veux que chaque feuille de mon livre prenne vie, je veux que chaque épine se plante dans le sol.

     Je veux avoir le livre dans mes mains, toucher mon rêve et pleurer de joie dessus, je veux pouvoir dire au monde entier : J'ai réussis, je l'ai fais ! Je veux prouver aux regards qui ne me croient pas, que si, que si c'est possible, que si , j'y suis arrivé, et que oui, moi et pas vous, parce que je me suis battue ! Je veux me battre pour mon histoire, je ne veux pas l'abandonner ! Je veux écrire, voilà ce que je veux. Je. Veux. Écrire. Et rien m'empêchera d'écrire, parce que c'est ce que je veux plus que tout. »


     Je veux écrire pour me libérer, je veux écrire pour libérer. Je veux danser sous la pluie de l'enivrante sensation que provoque l'écriture, je veux rire à gorge déployé devant les situations rocambolesque que j'aurais créer. Je souhaite offrir une seconde vie à tout ceux qui le voudrons, je souhaite leur permettre de s'effacer au second plan pour accueillir, le temps de se reposer, quelqu'un d'autre au premier rang. Je souhaite écrire à propos de chaque brin d'herbe du sol et de chaque pierre brisé construisant une terrasse une fois assemblée. Je veux écrire à propos de la nuit étoilé qui borde le ciel quand viens le coucher du soleil. Somme toute c'est ça. C'est ça ce que je veux. Écrire.

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