CHAPITRE 18

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Nat serre les poings, tellement que des gouttes de sang s'en échappent. Ses ongles doivent lui rentrer dans la peau, mais il s'en moque, visiblement. Ses yeux sont rouges, son visage est tordu par la colère et la haine.

Je ressens sa fureur de là où je suis, comme un instinct animal qui me prévient qu'un autre a des envies de meurtre, de sang. Il a envie de le tuer, de tuer mon oncle.

Tullio le regarde, agacé d'avoir été interrompu.

Avec la grâce d'un fauve, le jumeau de mon père se relève et se place face à Nat, son arme en avant. Je me relève également pour suivre cet échange, me préparant à intervenir si besoin. En les observant, je ne vois que deux bêtes sauvages prêtes à se jeter l'une sur l'autre au moindre mouvement.



— Répète un peu, gamin, le sollicite Tullio d'une voix grave.

— Stop. Laissez-la tranquille, elle n'est pas comme vous dites !

— Et comment est-elle alors, l'expert ? demande-t-il en riant.

— Elle est douce et pure, comme une enfant. Tout ce qu'elle fait, c'est ce qu'elle pense être juste pour les gens qu'elle aime. Elle est réfléchie, mais aussi impulsive, ce qui implique que, peu importe ses choix, elle aura toujours raison. Alors peut-être que si on suit les règles débiles de la société, elle n'est pas considérée comme quelqu'un de bien, mais je ne la considérerai jamais comme quelqu'un de mauvais. Elle a des sentiments, des peurs et des rêves.



Nat marque une pause le temps de tourner son regard vers moi, immobile.



— C'est quelqu'un de formidable qui n'a pas eu de chance ni d'éducation, et maintenant que je l'ai retrouvée, je l'aiderai à suivre le chemin qu'elle voudra suivre.



Il retourne ensuite son regard vers Tullio.



— Alors, je vous interdis de dire toutes ces horreurs sur elle, sur celle que j'aime.

— Oh mon Dieu ! Je n'ai jamais rien entendu d'aussi hilarant ! Tu l'aimes ?! Vraiment ?!



Mon oncle se plie encore une fois de rire alors que je regarde le jeune homme en face de moi avec des yeux admiratifs. Personne n'avait jamais parlé de moi de cette façon.

Après tout ce qu'il sait, il ne me considère toujours pas comme un monstre... Il m'aime pour celle que je suis...



— Cette chose en face de toi ne connaît et ne connaîtra jamais l'amour. Elle est née pour prendre la vie et faire souffrir. Sa sœur est née pour donner la vie. C'est ainsi que cela s'est toujours passé dans notre famille, un des jumeaux prend, l'autre donne.



Ses explications sont dures et son regard semble fou.



— Elle est pire que moi ! De la même façon que je suis pire que mon père avant moi, et que sa mère avant lui ! C'est l'histoire de notre famille ! Et même si elle croit t'aimer aujourd'hui, un jour viendra où elle réalisera qu'elle a besoin de plus ! Elle ne se contentera jamais d'une petite vie banale, dans une grande maison blanche ! Elle a besoin de sang ! C'est ce qui aura toujours la priorité dans son esprit : la mort ! Et si vous restez ensemble, un jour viendra ou celui qu'elle tuera, dans son accès de folie, ce sera toi...



Ils se regardent dans les yeux, chacun essayant d'affirmer leur point de vue. Je suis totalement perdue, j'ai foi en Nataël, mais si mon oncle avait raison ?

Je ne sais plus quoi faire...

Nat se tourne alors vers moi, laissant mon oncle seul et m'arrêtant dans mes sombres pensées. Il s'avance et pose délicatement une main sur ma joue.

Je m'appelle Skye, Tome 1 : Et je vais vous tromper [édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant