2. L'art du flirt

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« Tu peux me rappeler ce qu'on fait ici ? s'enquiert Bucky en inspectant les alentours d'un air dubitatif.

— Avant de courir les jupons, il faut réapprendre à marcher.

— Donc tu ne vas pas me demander d'aller aborder une fille ce soir ?

— Non, je garde ça pour plus tard. Aujourd'hui, je veux que tu te détendes et que tu t'imprègnes de l'environnement. Regarde autour de toi ; tout le monde flirt. C'est une mine d'inspiration !

— Si tu le dis. » admet-il avec un sourire amusé en prenant une gorgée de sa boisson.

Le bar que j'ai choisi pour cette première approche n'est pas très grand, mais l'ambiance y est conviviale. Au moins, il n'est pas trop bondé. Loin de moi l'intention de lui faire violence.

Ma stratégie semble fonctionner, car Bucky paraît se détendre un peu au fur et à mesure que nous discutons.

« Vous repartez quand ? dis-je en jouant avec un sous-verre.

— Dans quelques jours, pourquoi ? Je vais te manquer ?

— Ah, tu vois ! jubilé-je sous son air interloqué. Ça commence déjà à revenir.

— De quoi tu parles ?

— De technique de drague, pardi !

— Mais je ne te draguais pas.

— Bien sûr, je sais. Mais sers-toi de cette assurance que tu n'as visiblement pas perdue. Je suis prête à parier que c'est naturel chez toi, en fait. Et pour info, peut-être que tu vas me manquer.

— Je le savais. T'inquiète, poupée, ça ne devrait pas être trop long. »

Le sous-verre s'échappe de mes doigts alors que je lève un regard confus vers lui. Il rattrape l'objet en liège avant qu'il ne bascule de la table et un sourire en coin apparaît sur son visage. Je me mords la lèvre tandis qu'il se moque de ma mine déconcertée. 

« Bien joué. Même si t'étais pas censé t'entraîner sur moi. Tu vas nous chercher d'autres verres ?

— Tu es sûre ? Ce n'est pas parce que je peux tout absorber que c'est ton cas.

— Serais-tu en train de douter de ma capacité d'absorption ?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit, mais oui. »

Je soupire en le regardant se diriger vers le comptoir avec son sourire amusé. Comme par hasard, c'est ce moment que choisi un type un peu éméché pour s'approcher et entamer la conversation.

« Salut.

— Salut, réponds-je poliment.

— Je suis nouveau en ville et on m'a dit de venir ici pour trouver une jolie fille avec un haut bleu qui...

— Vraiment ? le coupé-je en ricanant.

— Je te jure. Et quand je suis rentré, j'ai direct su que c'était toi, m'assure-t-il avec un aplomb plus que comique.

— C'est gentil, mais je ne suis pas en recherche.

— Je peux te laisser mon numéro pour quand tu te mettras à chercher ? »

Avant que j'aie le temps de répliquer, Bucky revient et pose deux verres sur la table sans s'encombrer de douceur. Lorsqu'il croise le regard froid du super soldat, l'importun s'enfuit sans demander son reste.

Si Bucky ne parle pas beaucoup, il compense par un regard très expressif. Il a cette étonnante faculté à s'exprimer avec ses yeux en se contentant de fixer silencieusement son interlocuteur. Ce qui a déjà fait trembler plus d'un John Walker ou d'un inaverti qui ne lui inspirait pas confiance.

« Le pauvre, tu lui as fait peur.

— Il avait l'air de t'ennuyer.

— Bon, voici le parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Évite d'aborder une fille qui est déjà accompagnée. Tu vas juste perdre ton temps inutilement. À moins que le mec te paraisse gay, mais faut pas se tromper dans ses calculs.

— C'est noté, prof. Sam a aussi dit que je devais renouveler ma garde-robe.

— Tu rigoles ? L'écoute pas, il ne sait pas de quoi il parle. Cette allure de bad boy, ça plaît aux femmes.

— De bad boy ?

— La veste en cuir, la moto, ce petit air sombre et distant... Ne me demande pas pourquoi, mais ça fonctionne presque à tous les coups. »

La soirée s'achève dans la bonne humeur. J'apprécie toujours autant de passer du temps avec Bucky. Depuis qu'il s'est ouvert et qu'il parle un peu plus avec moi, nos conversations sont systématiquement intéressantes. Sous cette apparence trompeuse de mauvais garçon, il a su préserver un surprenant intérêt pour la littérature et le cinéma.

Galamment, il me raccompagne même chez moi avant de rentrer à son appartement.

« Tu es déjà allé en boîte ?

— Ces endroits où les gens dansent les uns sur les autres ? Je n'en ai pas vraiment eu l'occasion.

— Parfait. Demain soir, on va danser avec Sam et Sarah.

— Ça fait partie de votre plan pour que je "m'ouvre au monde" ?

— On se retrouve chez eux à 21h, fais-toi beau. » éludé-je de mon plus bel air innocent.

Il lève les yeux au ciel tout en passant sa langue entre ses lèvres.

« Ce que tu viens de faire, là, avec ta bouche. C'est une arme de séduction massive. Fais-en bon usage, lancé-je en franchissant la porte d'entrée de ma petite maison.

— Mais de quoi elle parle, encore ? » l'entends-je grommeler dans mon dos.

Au risque de t'aimer | Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant