B4. Réunion et mobilisation

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Point de vue de Bucky

« J'ai retrouvé ton type. Turk Barrett, un criminel collaborant régulièrement avec la mafia russe de New-York. Il a en effet eu des différends avec les quatre justiciers dont il t'a parlé.

— Ça n'a aucun sens ! Le mec ose se confronter à toi mais il a peur de s'occuper de ses problèmes tout seul. Pourquoi il te veut toi, il n'a pas les moyens d'accomplir le boulot lui-même avec ses copains mafieux ? Qu'est-ce que tu as d'autre sur eux ? »

Sharon fait défiler son écran pour montrer à Sam le reste des informations qu'elle a rassemblées. Nous avons réunis en urgence au complexe les personnes disponibles et présentes dans les environs. Les deux mains appuyées sur la table, je regarde les lignes qui s'affichent sans les déchiffrer. Je ne vois rien d'autre que la tête de leur maudit ravisseur qui me nargue au milieu des données.

« Je suis d'accord avec Sam, acquiesce Clint. Ils avouent ouvertement qu'ils n'en sont pas capables et pourtant ils veulent t'intimider. Ils prennent un risque en faisant pression sur toi, ils doivent croire que ça en vaut la peine.

— Quelle horrible moustache, commente Lang. Vous croyez qu'il mange comment avec ce truc ?

— Faut dire qu'ils sont plutôt coriaces, Daredevil et sa clique, admet Sharon. Même Fisk les craint. Vous savez, le chauve un peu costaud qui se fait appeler le Caïd et qui a une grosse influence sur les organisations criminelles de New-York. Peut-être qu'ils pensent vraiment que ça vaut le coup de provoquer un Avenger.

— Ou peut-être que ton Barrett bosse en solo sur ce coup, suggère Hope, la femme de l'homme fourmi.

— Avec tous les gars qu'il avait avec lui ? J'en doute.

— Y a quelque chose qui colle pas, dit Sam, les yeux rivés sur l'ordinateur. Cette histoire cache un truc, c'est sûr.

— Ils veulent probablement autre chose, mais quoi ? » s'interroge Clint.

Je m'assois. La soudaineté de mon mouvement fait se tourner tous les regards vers moi.

« Mon fils, laissé-je échapper dans un souffle.

— Quoi ?

— Mon fils, ils veulent mon fils. »

Seul Sam semble avoir compris et son expression se décompose. Les autres me fixent curieusement.

« Pourquoi ils voudraient ton fils ? demande Sharon en fronçant légèrement les sourcils.

— Certainement parce qu'ils pensent qu'il a hérité des effets du sérum, suppose l'archer. Mais alors ils le relâcheront dès qu'ils se rendront compte que ce n'est pas le cas, non ? »

Je soupire en détournant le regard. Cette fois, je n'arrive pas à contrôler l'expression qu'il renvoie et tous ceux qui se tiennent dans la pièce peuvent y lire clairement.

« Sauf que c'est le cas, réalise-t-il en même temps que les autres.

— Très peu de personnes sont au courant, on a fait du mieux qu'on a pu pour le cacher. Il présente certaines... capacités. »

Ils acquiescent en assimilant l'information. Voilà un autre cadeau empoisonné que j'ai fait à mon fils. Après être né avec un poids et une taille records, les premiers signes sont apparus quelques mois à peine après sa naissance : une énergie à toute épreuve, une cicatrisation spectaculaire et bien sûr une force démesurée pour un bébé. Contrairement aux autres parents, nous n'avons pas eu à nous inquiéter qu'il tombe malade ou qu'il se fasse mal, mais plutôt à éviter qu'il blesse quelqu'un ou casse les objets les plus résistants faute de pouvoir maîtriser sa force. L'habillage, les changements de couche et les bains sont devenus des opérations musclées, engendrant régulièrement des dégâts matériels ou des hématomes.

C'est trop. Je ne peux pas les laisser faire. Je ne peux pas les laisser s'en prendre à lui et lui faire subir ce que j'ai subi.

Je me lève aussi brusquement que je me suis assis, faisant tomber ma chaise à la renverse.

« Je vais les...

— Buck, prononce Sam en s'approchant. On va les empêcher de lui faire quoi que ce soit. Ils ne sont peut-être même pas sûrs de ce dont il est capable pour l'instant. Tu sais qu'elle ne les laissera pas faire. »

Une main se pose sur mon épaule.

« Ça va aller, dit doucement Sharon. S'ils en ont vraiment après le sérum, ils ont besoin de lui en bonne santé. Ils ne lui feront rien avant qu'on ait le temps d'agir.

— Ils étaient où quand tu les as vu ? s'enquiert Lang.

— Dans un vieux motel qu'ils ont customisé dans le New Jersey. Mais ils les ont certainement bougés depuis.

— On va partir de là et des infos qu'on a, déclare Sharon avec une pression sur mon épaule. On va les retrouver, je te le promets. »

Sam, en tant que chef d'équipe, répartit les tâches. J'admire sa capacité à se contenir alors que je sais combien il est aussi affecté. Je suis convaincu qu'il veut presque autant que moi s'envoler pour aller casser la figure à ceux qui s'en sont pris à son amie et son filleul.

Je le laisse gérer et sors prendre l'air, ce qui n'entrave en rien ma colère dans son ascension. La rambarde en métal menace de se tordre sous la pression de mes doigts. Ce sort lui est évité par l'arrivée de Sam qui me rejoint.

« On est tous avec toi, Buck. Clint a déjà eu affaire aux russes, il connaît leurs planques et leurs méthodes. Et Sharon va faire jouer ses contacts.

— On ne devrait pas être là. Tu devrais être avec ta famille, et moi aussi. Ça n'aurait pas dû arriver. Je n'ai pas été capable de les protéger, j'ai échoué dans mon rôle de père et d'époux. Je ne suis bon qu'à leur infliger le retour de pédale de mon passé.

— Tu n'as fait que ça, les protéger. Et c'est encore ce que tu fais là, en étant ici avec nous. Ta famille est loin d'être un échec, mon pote. C'est sans doute ta plus belle réussite. T'as un gamin merveilleux et une femme aussi formidable que forte. »

Forte, elle l'est. Et plus seulement émotionnellement. À cause de son pouvoir de persuasion, j'ai fini par céder et accepter de lui montrer quelques techniques de défense. Juste une fois, c'était le deal. Du moins au début. Je n'avais jamais soupçonné à quel point une séance d'entraînement pouvait être aussi plaisante et addictive. C'est comme ça qu'elle m'a eu. D'autres sessions ont suivi, lors desquelles elle s'est révélée être une élève assidue et appliquée, avec un professeur tout aussi investi qu'elle.

Je ne lui ai jamais demandé et je l'ai encore moins attendu d'elle, mais elle s'est forcée à repousser ses limites, à tel point que j'ai dû freiner son élan plus d'une fois. Certes, elle se débrouille plutôt bien. Mais la seule idée qu'elle ait un jour à mettre en pratique en situation réelle ce qu'elle a appris avec moi ou dans mon dos m'a toujours angoissé. Ce jour n'aurait jamais dû arriver.

« Ils sont ce que j'ai de plus précieux. Je ne sais pas ce que je deviendrai s'il leur arrive quoi que ce soit. Je ne peux pas les perdre, pas eux. »

Sam hoche la tête et pose une main empathique sur mon épaule. Au moins, je ne suis pas seul dans ce cauchemar.

Tout ça à cause de ce satané sérum de super soldat que je me coltine depuis trois quarts de siècle. Je n'ai rien demandé de tout ce bazar, et mon fils encore moins. Cette obsession pour le Soldat de l'hiver ne cessera donc jamais ?

Au risque de t'aimer | Bucky BarnesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora