Chapitre 10

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We don't say it, but we both feel it.

02:17am

Milan

C'était l'une de ces nuits sombres. Si sombre que la lune ne daigna même pas lui accorder sa présence. Si sombre qu'il avait presque l'impression que la noirceur allait l'engloutir. Que faire ? Le sommeil ne vient plus, qu'importent ses médicaments, ses habitudes alimentaires, les putains de tisanes qu'il prend tous les soirs en priant pour qu'elles fassent enfin effet. Rien ne marche. C'est comme si tout l'abandonnait, même son corps. Pourtant, il sait, au plus profond de lui, que ce n'est pas le cas. Charles est là, ses proches, ses parents, ses frères, ses amis. Mais il n'arrive pas à s'en convaincre. Après tout, pourquoi seraient-ils là ? Pourquoi seraient-ils encore là ? Rien ne va dans sa tête. Il n'arrête pas de réfléchir, de se remémorer toutes les merdes qu'il a pu dire ou bien faire, et même encore, ne serait-ce que penser, sans jamais réellement réussir à se concentrer. Il est épuisé, aussi bien physiquement que mentalement. Mais, il s'interdit de craquer. Les autres n'ont pas à le savoir, il n'a pas besoin de le savoir lui-même. S'il feint que tout va bien, alors tout finira par aller bien.

Alors, Pierre se lève, sort de son lit, et va analyser les données pour les prochaines courses. S'il ne peut pas dormir, autant être productif, pensa-t-il. Il réfléchit, pris plus de café que nécessaire pour être sûr d'être en forme quand il appellera Charles plus tard dans la journée, tenta de se concentrer sur les données devant lui. Il souffla, pris sa tête entre ses mains :

- « Putain, quelle voiture de merde, qu'est-ce que t'es en train de foutre, Pierre, sérieux, hein ? »

Il parla à voix haute, espérant pitoyablement une réponse à travers le bruit de l'air conditionné. Il se frotta rageusement le visage, peu importuné par les brûlures occasionnées par ses gestes brusques. Cependant, cela n'empêcha pas les larmes de perler paresseusement le long de ses joues.

Il pense. Réfléchit, à toutes les décisions qui ont bien pu l'amener à cette situation de merde. Que peut-il faire pour aller plus vite ? Que peut-il faire pour être plus performant qu'il ne fait pas déjà ?

Peut-être, et bien, la voiture est trop lourde, alors...

Et puis, ce n'est pas comme s'il ne le faisait pas déjà après tout.

Juste, ouais, ça pourrait être bien.

Un rire hystérique passe la barrière de ses lèvres, les larmes continuant de dévaler ses pommettes saillantes, peignant un bien triste tableau. Peut-être n'est-il pas fait pour ça. Qu'importe. Maintenant qu'il est là, qu'il a la chance que tant d'autres personnes rêveraient d'avoir, il n'allait pas la gâcher. Pas pour sa famille, pas pour eux, pas pour lui. Et certainement, pas pour Charles.

Charles mérite le monde, le meilleur. Pierre n'est pas le meilleur. Il est même peut-être le pire. Mais, Pierre est égoïste, laissez-lui au moins ça. Même si c'est seulement pour quelques temps, laissez-lui profiter de ça. Rien que de ça.

Sa respiration se coupe, il essaie de la reprendre, en vain. C'est comme si son corps avait décider de cesser de fonctionner par lui même. Il essaie d'inspirer, mais il n'y arrive pas, il n'y arrive plus. Son pull l'oppresse, comme un poids fermement posé contre sa poitrine. Il tente de le retirer, mais ses tentatives sont toutes infructueuses. Son corps glisse de la chaise sur laquelle il était assis, le laissant se retrouver allongé sur le sol, aussi vulnérable qu'un nouveau-né. Ses larmes ne cessent de couler, se déversant tel un torrent. Ses seules pensées sont : je vais mourir.

Et oui, bien sûr que tu vas mourir Pierre, comme tout le monde le fera un jour.

Tout va bien, c'est juste une crise de panique. Tu le sais pourtant, tout va bien, ce n'est rien.

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⏰ Dernière mise à jour : 5 days ago ⏰

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