CHAPITRE 21 - Angie

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Ce soir, mes parents ont encore eu une idée grandiose : regarder un film « en famille ». Rien n'aurait pu me faire plus plaisir.

Beurk.

Nous sommes tous assis sur le canapé, devant le grand écran, à suivre les péripéties de notre cher Trinita. J'ai vu ces scènes une bonne cinquantaine de fois, mais je suis toujours forcée de les intégrer dans ma vie quotidienne mouvementée.

Mouvementée depuis l'arrivée de Gabriel, du moins.

Or, très vite, il se fait tard. Les couleurs automnales cuivrées s'estompent pour laisser place à la pénombre. Alors, vu que tout le monde travaillera le lendemain, nous choisissons chacun une paire de volets pour les fermer, puis mes parents montent les escaliers avant nous et s'enferment dans leur chambre.

Lorsque je daigne enfin monter après avoir bu un immense verre d'eau fraîche, je constate que Gabriel me suit.

— Ah, t'es là, toi...

— Toujours ! Raille-t-il. T'as apprécié ton yaourt, j'espère ?

— Mmh, délicieux ! Mens-je. Je n'aurais pas pu rêver meilleur dessert !

— Ah, vraiment ?

— Parfaitement.

— Je pourrai t'en refaire demain, si tu veux ! La recette n'est pas compliquée !

— Mmh, avec plaisir... Et moi, je pourrai peut-être faire des animelles d'agneau en persillade !

— Ah, ah, s'esclaffe mon cousin. Ouuuuh, elle est coriace, la p'tite !

— Petite, mais vaillante ! Rétorqué-je.

— J'vois ça.

Tandis que nous montons les marches, Gabriel me bouscule, et je me retrouve collée au mur. Je riposte illico presto, mais il ne bouge pas d'un poil.

— Tu disais ?

— Abruti... Marmonné-je dans ma barbe.

C'est fou comme cet homme parvient à me faire sortir de mes gonds quotidiennement, et ce, en un temps record. J'accélère le pas et arrive avant lui à la dernière marche. Je pivote vers la droite, et ouvre la porte de la salle de bain.

— Oh, oh, oh ! M'interpelle-t-il comme si j'étais un vulgaire chien. Tu fais quoi, là ?!

— J'vais prendre ma douche, réponds-je du tac-au-tac sans baisser les yeux.

— Moi d'abord !

— NON !

— Alors mets pas trois plombs !!! Tonne-t-il en continuant d'avancer jusqu'à sa chambre.

— Compte là-dessus !

Sur ces mots, je claque la porte de la salle de bain, ce qui arrache un cri à ma mère, que j'entends jusqu'ici.

Abruti.

J'allume rapidement l'eau et me déshabille. L'air frais de la pièce me hérisse les poils. Je ne perds pas une minute et rentre dans la baignoire, sous l'eau bouillante, dont la fumée opaque envahit déjà les vitres des deux immenses fenêtres, à ma gauche.

— Mmh... Ça fait du bien... Gémis-je.

BIP BIP

— Roh... C'est pas vrai ! Rugis-je en attrapant mon téléphone sur l'évier. On est jamais tranquille, dans cette maison !

Je lis le message et mes yeux s'arrondissent. Mon nez se retrousse et mes lèvres se pincent.

Gaby (texto) :

Oh ! Grouille-toi ! J'ai pas toute la nuit !

— Quel culot... Tu vas voir, toi !

Je tape ma réponse le plus vite possible pour ne pas perdre une miette de ce duel :

Moi (texto) :

Tu vas devoir attendre encore, chère cousin.

Je suis encore sous la douche.

Gaby (texto) :

Tu mets toujours autant de temps pour te savonner ?

Tu fais un 1m10, bordel !

Moi (texto) :

On en parle de ta consommation de shampoing depuis que

t'es là ?! Alors que t'as deux veuch' qui s'courent après !

Gaby (texto) :

T'as jamais fait l'armée, toi...

Remarque, on serait dans la merde en temps de guerre.

Moi (texto) :

C'est quand qu'on se chie dessus ?

Gaby (texto) :

Quand tu prendras les armes.

Je balance le portable par terre, emparée d'une fureur sans nom, en insultant le jeune homme de tous les noms dans ma tête, histoire de ne pas réveiller mes parents.

Je le DÉTESTE !

ABRUTIIIIIIIIII !!!


LE BAISER DE L'ANGEWhere stories live. Discover now