CHAPITRE 39 - Angie

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Ce matin, la tension est au maximum.

Je n'ai quasiment pas fermé l'œil, et mes cernes commencent à offrir une teinte bleutée à mes pauvres globes oculaires. J'ai un teint maladif. À chaque fois que j'aperçois mon reflet à travers l'écran de mon téléphone, je prends peur.

Il est onze heures du matin, et je suis toujours cloîtrée dans ma chambre : la seule chose que je souhaite, c'est éviter à tout prix de me confronter à Gabriel, qui est resté à la maison.

Je l'ai entendu appeler son maître de stage ce matin, à l'aube, afin de l'informer de son absence pour les trois prochains jours. Ce qui veut dire qu'il n'y retournera pas.

Il est ici, avec moi, jusqu'à ce qu'il parte !

Génial !

Quelle vie...

Je ne sais pas vraiment ce qui l'a poussé à faire ça, mais je m'en fiche. La seule explication que je vois, c'est certainement sa migraine de la veille qui doit certainement toujours le bloquer.

Oh, mais quel dommage...!

J'ai déjà eu des migraines, et j'avoue que c'est loin d'être une partie de plaisir. Je me souviens même d'une fois où, n'ayant pas arrêté de bosser sur mon ordinateur pour des exposés pendant un week-end entier, je me suis retrouvée à devoir rester cloitrée dans ma chambre pendant trois jours, dans le noir, sans bruit, sans lumière, sans rien pour me divertir. Il fallait juste attendre que ça passe.

J'ai entendu Gabriel bouger toute la journée, sans compter qu'il m'a empêché de dormir cette nuit, à force de se frapper contre le mur qui sépare nos chambres respectives.

Je ne sais pas réellement ce qui cloche chez lui, mais il devrait passer un petit séjour en maison de repos. Au moins. Toute la nuit, je l'ai imaginé de cogner la tête contre les murs, certainement pour éradiquer le sentiment de culpabilité lié à tous les abus qu'il m'a fait.

— Mercredi... Courage, Angie...

Je sais que le quitter samedi me fera mal.

Je le sais pertinemment.

Je sais, tout au fond de moi, que notre histoire est impossible, et qu'imaginer une quelconque histoire d'amour est vaine, même avant d'avoir vu le jour. Gabriel est un ange inaccessible, mais il est aussi le démon qui me hante l'esprit depuis des années.

Dès à présent, je m'en rends compte.

Et il est surtout le démon qui a abusé de moi.

Comment peut-on être à la fois un ange et un démon, de la sorte ?

De toute manière, je ne le comprends pas, et je ne suis pas certaine qu'il y ait quoi que ce soit à comprendre. Je l'ai entendu s'énerver plusieurs fois ce matin, et marmonner tout seul dans sa chambre, ce qui m'indique son niveau de débilité.

Bon...

Qui suis-je pour juger ?

Je suis quand même la fille qui a choisi son cousin germain pour la dépuceler...

Super choix, puisqu'il s'avère que ledit cousin est un cinglé !

Je mérite certainement une médaille pour mon bon sens.

Je ne souhaite pas le croiser aujourd'hui.

Ni demain.

Ni jamais.

Si je dois mourir de faim et attendre samedi pour casser la croûte, alors je le ferai. Et si j'ai soif, je n'aurai qu'à mettre un porte-crayon sous la pluie, derrière la fenêtre, pour récolter un peu d'eau de pluie.

Et bah quoi ?

LE BAISER DE L'ANGEDonde viven las historias. Descúbrelo ahora