I | PEARL

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2010. Dix-neuf ans.
Forks, Washington

Mes yeux s'ouvrent brusquement lorsque le son de mon agaçant réveil résonne dans la petite pièce où je passe mes nuits. Je reprends peu à peu mes pensées et esprits puis me redresse pour m'assoir sur le bord du lit. Mes pieds touchent soudainement le sol froid, me réveillant davantage.

J'ai encore rêvé d'elle. En ce moment, Lisa hante la plupart de mes rêves et cauchemars. Elle me manque tellement. Son sourire, sa joie de vivre, tout. Elle était ma raison de vivre, mais elle a disparu en un claquement de doigts.

Si seulement j'avais réussi à la sauver.

Je reprends vite mes pensées, ne voulant pas m'attarder sur ce sujet, trop sensible ces derniers temps. Aujourd'hui, c'est la rentrée. Le moment que je redoutais le plus est arrivé. Nouvelle classe, nouveaux professeurs... Mais toujours les mêmes filles.

J'attrape ma tenue qui était posée sur la chaise de mon bureau et sors de ma chambre, me dirigeant vers la salle de bain. Je scrute mon reflet sur le miroir, me dégoutant aussitôt. Je me déshabille promptement, n'ayant pas le temps de trainer. Être en retard est un rituel pour moi.

L'eau froide coule lentement sur ma peau froide, laissant mon corps frissonner. Je me savonne en vitesse pour ne pas perdre plus de temps. J'enroule ma serviette blanche – remplie de taches de sang – autour de mon corps froid.

Je me sèche, m'irritant la peau sous la force de mes gestes. Je n'ai jamais été très délicate pour m'essuyer, souvent, c'était parce que j'avais peur de mon père. J'étais trop "longue" pour lui. J'enfile par la suite mes vêtements – un jean Pattes d'Éléphant bleu foncé ainsi qu'un Top Rouge Bordeaux. Je ferme doucement la porte de la pièce dans laquelle j'étais et retourne dans la chambre pour mettre mes converses noires et prendre mon sac.

Je descends les escaliers, essayant de ne pas faire de bruit pour ne pas le réveiller. J'avance vers son corps endormi, vérifiant qu'il dort à point fermé, ne voulant pas qu'il lâche sa colère sur moi encore une fois.

" – Ne me fait pas de mal, s'il te plait papa, je supplie mon père, ne voulant plus endurer cette torture interminable.

Son regard noir retrouve le mien, qui lui est rempli de peur.

– Tu as détruit notre famille, pauvre conne ! Tout ça, c'est ta faute ! Elle ne serait pas partie sinon, il me répond, en balançant ses bouteilles de bière vides sur le mur.

Les bouts de verre éclatent, coupant ma joue au passage. Il entre dans une colère noire avant de reprendre la parole.

– T'as intérêt à cacher ça quand tu iras en cours, je te préviens, si j'ai des problèmes, je viendrai te tuer de mes propres mains, il m'ordonne d'un ton sévère.

Mes pleurs se font des plus intenses, lorsque mon ouïe fait parvenir les paroles de mon père jusqu'à mon cerveau.

– Nous vivions heureux, jusqu'à ce qu'elle te mette au monde ! Tu as tout gâché, comme toujours ! Tu n'es qu'une bonne à rien ! Ce n'est pas étonnant qu'Alexander t'est rejeté en étant plus jeune, tu n'es qu'un monstre.

– MAIS JE SUIS TA FILLE PAPA, criai-je dans toute la maison, à bout de force et abattue par ce souvenir d'Alexander et moi.

– JE N'AI JAMAIS EU DE FILLE, TU N'ES QUE LA HONTE DE LA FAMILLE ! Tu me dégoûtes, pauvre salope ! "

Une larme s'écoule sur ma joue, en repensant à cet affreux souvenir. Je suis un monstre. Maman est partie à côté de moi. Mon exemple, celle que j'admirais étant plus jeune ne m'aimait pas. Tout est ma faute. Et cet affreux rejet de la part d'Alexander n'a fait qu'aggraver mon état.

DimensionWhere stories live. Discover now