Dimension

V | LISA

TW// Violence, Torture //

2010. Dix-neuf ans.
Seattle, Washington.

Mes paupières s'ouvrent difficilement à cause de la lumière qui se faufile entre les barreaux de la vieille cage où je suis retenue depuis dix ans maintenant. Vous devez sans doute vous demander, pourquoi suis-je encore ici ?

Tout simplement pour sauver mes amis. J'aurais très bien pu m'échapper sans problème, on peut dire que les personnes qui me surveillent ne sont pas très douées. La plupart sont bourrées, si vous voyez ce que je veux dire. Ils ne sont pas très sérieux et s'occupent très peu de moi.

Mais cela devait arriver à l'un de nous trois. Et c'est tombé sur moi, la fille facile et sans défense. On peut dire que tout était prévu depuis le départ. L'abandon d'Alexander envers Pearl puis mon enlèvement. C'était pour la protéger elle.

Désormais, je passe la plupart de mon temps à subir leurs coups ainsi que leurs paroles. Mais vous vous doutez bien qu'après des années de torture, je ne ressens plus rien. Je n'ai qu'une envie, retrouver ma meilleure amie et partir en Angleterre, comme nous l'avions prévu. Parce que la seule chose qui m'importait était son bonheur.

Je commence à ronger ma peau en repensant à ce souvenir joyeux, l'un des derniers. Des bruits de pas me font sortir de mes pensées. Je relève la tête et j'aperçois son visage. Une légère grimace se forme sur ma figure lorsqu'il m'agrippe le bras, me forçant à me relever.

Ici, il y a des règles plus ou moins strictes. J'ai le droit de manger le midi. Ce qui est une chance, sinon, je serai déjà morte depuis bien longtemps.

En parlant de la mort, vous devez vous questionner. Pourquoi ne m'ont-ils pas tué ? Eh bien parce qu'ils avaient besoin de moi pour faire pression et pour accomplir leur plan. Il sera bientôt mis en place d'après les discussions que j'ai entendues. Je ne sais rien de plus et je suis bien contente d'avoir quelques informations.

Mes bottes frottent sur le sol lorsque j'atterris sur les pieds. L'homme qui me garde m'attache des menottes – pas très solides par ailleurs – puis m'agrippe pour m'emmener, je ne sais où.

– Avance, râle-t-il en serrant mon membre supérieur avec plus de force.

Je souffle d'énervement lorsque plusieurs regards se posent sur moi quand nous avançons dans le couloir du bâtiment. Nous empruntons ce chemin très rarement, ce qui veut dire que nous allons voir les dirigeants de l'endroit où on me retient captive depuis des lustres.

– Pourquoi on va les voir ? questionnais-je l'homme qui me surveille depuis que je suis ici.

Celui-ci se racle la gorge, regardant les murs vides, en évitant mon regard. Il ne répond pas, alors j'insiste, lui demandant une seconde fois.

– Bordel, pourquoi tu insistes autant ! On va voir les chefs, point barre. Ne pose pas plus de questions, tu le sauras bien assez tôt.

Sur ces mots, il me tire et ouvre la porte devant nous. Celle-ci grince doucement, puis nous leur faisons face.

Xander – celui qui s'occupe de moi – appuie sur mes épaules pour que je m'assoie sur la seule chaise en face du grand bureau. C'est à partir de ce moment-là que je ne montre plus aucune émotion. Parce que ce sont nos plus grandes faiblesses.

J'ai appris, pendant ces dix années, que je ne pouvais plus faire confiance et que pleurer sur mon sort ne changerait rien. Je dois rester forte pour eux.

Un claquement assourdissant résonne dans la pièce. La porte est désormais fermée à clé. Je suis seule avec mon cauchemar.

– Lisa, bienvenue. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, rigole l'un d'eux, que je connais très bien.