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Home sweet home.

C'est l'expression qui aurait traversé l'esprit du mannequin à ce moment-là s'il n'avait pas une dent contre la maison mère de la mode ultra moderne, ou plus exactement envers la matriarche de ce royaume prospère, face à ce gratte-ciel aux étages trop nombreux pour pouvoir être comptés. Un gigantesque logo en forme d'épée élégante, dont la lame est entourée par un serpent, décore sa façade. Signe à l'image de cette agence qui aime semer la pagaille dans les esprits les plus étriqués, à l'image de la déesse vengeresse antique.

La nostalgie, la joie des retrouvailles, il n'a pas le temps pour fêter ça. Plus important l'attend et il se trouve au dernier étage de cette tour qui a de quoi donner le vertige, même depuis le contrebas.

Taehyung longe les couloirs vineux de cet antre qui la fait naître, le pas déterminé, la saveur amère de la rancœur sur ses papilles gustatives, la frénésie au ventre. Il n'avait pas su fermer l'œil de la nuit, trop agité, trop en colère pour pouvoir être bercé dans les bras consolateurs de Morphée. Il s'était laissé libre cours à sa rumination jusqu'à l'aurore et durant une majeure partie de la journée, il avait longuement réfléchi à comment se déroulerait cet entretien avec madame Cheong et ce qu'il lui dirait exactement. Sa fureur ne se tarira que lorsqu'il discutera avec elle. Encore faut-il que l'issue de ce face-à-face corresponde à ses attentes. Tandis que Tae répète le scénario qu'il s'est créé dans sa tête, la distance se réduit entre le bureau de la créatrice de l'agence et lui.

Malheureusement, il n'a pas pu échapper aux regards insistants de certains mannequins – dont quelques visages lui paraissaient nouveaux –, ni à l'œillade fuyante de la réceptionniste, ni aux chuchotements des artistes maquilleurs présents, ni aux expressions effarées des stylistes dès son arrivée dans les locaux. Avec un aussi grand bandage qui recouvre la moitié de son faciès, Taehyung ne passe pas inaperçu. Se fondre dans la masse est infaisable tant on ne voit que ce satané pansement blanc, mais il ne se sent toujours pas prêt à affirmer cette déformation faciale qui le repousse à en vomir. C'est à peine s'il ose toucher du bout de son ongle cette partie-là de lui, ne serait-ce que pour administrer les soins cosmétiques à cette chair abîmée.

Si lui-même n'est même pas fichu d'apprécier ce nouvel apparat, qui l'appréciera ? Dans ce monde où le corps joue un rôle crucial d'estimation, où le libre-arbitre est restreint face aux diktats de la beauté ; dans cette société qui implante des complexes chez l'Homme et les transformant de véritables cercles infernaux : qui le rassurera sur son statut attitré « d'Adonis des Podiums » ? Qui pourra confirmer pour lui qu'il est toujours aussi beau qu'à ses débuts dans le mannequinat ? Même le peu de gens sur qui ils comptent en temps normal, comme Jimin, lui mentiront pour ne pas le froisser et entretenir une illusion parfaite. Il n'y avait donc personne. Personne à part lui-même, s'il a le courage d'accepter cette nouveauté définitive dont il se passerait bien.

𝐅.𝐄.𝐑.𝐀.𝐋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant