12, sororité vs fratrie

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Sororité vs fratrie

Maëlys TAYLOR

— À ce stade de votre grossesse, vous ne pouvez plus avorter dans cet État.

Le verdict du gynécologue est sans appel. Je prends sa réponse comme un non et me lève devant lui sans crier gare. Lysandre a marqué au fond du but et ne l'assume plus. Quand il m'a parlé de son rêve de devenir père un jour, j'ai vu en cela le moyen de réaliser la dernière partie de ma vengeance. Faire un enfant bâtard avec mon amant comme Marwan avec Veira pour concevoir Dana. Cependant, après qu'il m'ait posé cet ultimatum, je rumine son rejet en me disant que porter son bébé n'était pas une bonne idée. À bien y penser, j'aurais pu tromper Marwan avec un homme de son rang. Il l'aurait senti passer celle-là.  J'aurais dû porter l'enfant d'un grand homme ainsi quand l'heure du divorce tomberait, il m'aurait vu au bras d'un homme de sa stature et de son niveau social prête à accueillir dans un bonheur insolent la venue de leur bébé tant désiré. Avec Lysandre, je vais payer les couches, le lait et prendre soin en totalité de l'enfant en plus de m'occuper des charges financières du père. C'est à dire que j'aurais un bébé avec un autre incapable. De l'autre côté, j'ai le sentiment que Marwan sera mort d'apprendre que j'ai fait un bébé à un plus jeune que lui. Et cette simple idée me réjouit.

En quittant la clinique, je me rends directement dans mon entreprise de mode. Le vacarme se signale dès l'entrée. Mes employés sont à la bourre et dressés comme des fils électriques. Leurs yeux marqués de cernes,  témoignent qu'ils dorment moins ou pas. Loin de compatir à leur comédie, je remonte dans mon bureau sans leur prêter attention. Ils le savent. J'attends d'eux des résultats solvant ou ce sera le renvoie. Le contrat de travail étant clair à ce sujet.

Pendant que je marche vers mon bureau, la lettre déposée sur la table me marque en premier. Avec dextérité, je la ramasse et coupant l'ouverture, je découvre une lettre de démission en la retirant.

Je balaye la lettre du regard puis la froisse et la jette à la poubelle.

— Espèce de traînée ! Que croyait-elle ? Qu'elle pouvait se taper mon fils et s'en sortir indemne ? C'était mal me connaître. De tout cœur, qu'elle repose en enfer, j'enrage en grognant.

Soudain, une migraine venue de nulle part m'oblige à me contracter tout en me recentrant sur moi. Ce bébé commence déjà à m'énerver. Pour qui se prend t'il pour décider si je crie ou m'énerve ?

Je me sers un verre d'eau et m'en abreuve une fois assise. Je garde la tête  baissée sur la table lorsque ma porte coulisse sur l'entrée d'une personne que je ne pensais pas voir de sitôt. Nos yeux se reconnaissent et s'accrochent en un instant. Le soupir de Malvika en dit long. Je me serai bien levé pour l'accueillir mais mon état m'en empêche.

—Tu avais raison. Je te donne 100 % raison quand tu dis que Marwan pourri vos enfants.
— Ses enfants tu veux dire, je lui réplique sans la  perdre du regard. Ils n'ont rien de moi.
— Si tu avais vu comment Meylandra m'avait parlé alors que j'essayais de la raisonner, tu serais déçue.
— Tu aurais dû lui servir des gifles. C'est ce que je fais tout le temps pour qu'elle se calme. C'est une pourrie et le comble c'est son père le con. Bref, tu es ici pour me parler des rejetons de Marwan ou pour me voir  ?
— Lorsqu'elle m'a vidé de sa chambre, je n'avais pas d'endroit où aller. J'ai immédiatement pensé que je te trouverai dans ton entreprise.

Elle s'assoit en essayant de se détendre. Je fixe ma cave en lui proposant quelque chose à boire. Elle le refuse poliment.

— Tu me déçois chaque jour un peu plus depuis que tu as épousé un plus jeune que toi.
— Maëlys, quelle est cette remarque ?
— Tu baises ton petit frère. Regarde toi, il te mène par le bout du nez. La femme forte  que t'étais a laissé place à une petite fille craintive de perdre ses repères.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Je refuse ton verre parce que je suis enceinte.
— Encore ? Je lui fais la remarque avec dédain. Le simple fait de penser qu'elle attend son huitième gosse me donne des montées nauséeuses.
— Je confirme ce que j'ai dis. Tu es une déception.
— Maëlys c'est quoi cet acharnement. Je ne comprends pas.
— Comment tu arrives à être heureuse après tout ce que ces hommes nous ont fait ?
— De quoi tu parles ? Shawn ne m'a jamais heurté et même s'il l'avait fait, je lui aurais pardonné. C'est mon mari et nous célébrons vingt ans de mariage bientôt.
— Tu paraissais intelligente mais en vrai t'étais qu'une bécasse dans la peau d'une dure à cuire. La mine de Malvika se froisse, son regard durcit.
— À part te faire pondre des gosses ou te baiser comme une pute qu'est-ce qu'il sait faire de mieux ?

Dans l'ombre d'une autre vol 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant