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𝐏𝐮𝐢𝐬-𝐉𝐞 𝐀𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐂𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐃𝐚𝐧𝐬𝐞? (𝐅𝐑)

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AVANT LA LECTURE!! NAPOLÉON BONAPARTE/ALEXANDRE 1ER.

Personnages: Napoléon Bonaparte de France et Alexandre Ier de Russie.

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27 septembre - 14 octobre 1808.

"Plus de vin, Sire?"

Napoléon regarde le serviteur en face de lui et le rejette d'un geste de la main.

"Non, non, merci."

Le jeune homme s'incline en s'excusant et laisse l'Empereur des Français à ses réflexions. C'est le bal de Weimar, une grande soirée de danses et de rires au milieu des discussions politiques du Congrès, mais Napoléon constate qu'il ne l'apprécie pas autant qu'il l'aurait cru, observant tous ces couples tourbillonnants tandis qu'il boude dans son fauteuil avec une assiette de hors-d'œuvre.

Il reporta son regard sur un grand et bel homme vêtu d'un uniforme éblouissant, si ajusté qu'il semblait incapable de se détendre. Mais Alexandre dansait tout de même avec grâce, embrassant une autre jeune duchesse, arborant ses sourires charmants et bien formés. Napoléon sent bien qu'il n'a pas cette grâce, celle que semblent avoir les vrais monarques de sang bleu, préparés à être sous les feux de la rampe dès leur naissance. Il préférait de loin un champ de bataille à une piste de danse.

Lorsqu'il est parti pour Erfurt il y a deux semaines, il n'a pas pu nier l'excitation qu'il ressentait à l'idée de pouvoir passer plus de temps avec Alexander. Le souvenir de Tilsit est encore frais dans son esprit et Napoléon est certain que les problèmes qui ont surgi entre eux depuis lors peuvent être facilement résolus par un nouveau tête-à-tête et un nouveau traité. La plupart des princes russes qui s'étaient pressés au spectacle éblouissant d'Erfurt n'étaient que des spectateurs, tout au plus des acteurs du sommet entre les deux puissants empereurs qui s'étaient partagé l'Europe à Tilsit en 1807.

Motivés par l'évolution de la géopolitique européenne, Alexandre et Napoléon ont tous deux voulu faire de ce sommet un complément nécessaire à ce qui avait été décidé lors de leur première rencontre, sur les rives du Niemen, quinze mois plus tôt, ce qui a donné lieu à un bal en guise de célébration.

Il n'a pas lésiné sur les dépenses pour offrir des cadeaux extravagants au souverain russe ou pour les divertissements, invitant toute la crème de la société européenne, y compris Goethe et toute la Comédie Française qui mettrait en scène des pièces françaises populaires tous les soirs. Il n'arrive à l'heure à aucune d'entre elles, Alexandre lui tenant compagnie.

Les deux empereurs arrivaient souvent ensemble, en retard, à la mode, et s'échangeaient des regards complices tout au long de la représentation, comme deux vilains écoliers. Si leur relation semble des plus fraternelles, il n'en va pas de même de leur alliance politique. Le tsar tergiverse encore, trouve des excuses, fait des promesses qu'il a déjà du mal à tenir.

"Les gens comme nous, nous ne nous appartenons pas". Alexandre lui avait dit un jour, d'un air dépité qui le faisait paraître beaucoup plus âgé qu'il ne l'était: "Nous portons la responsabilité de nos nations, et le titre passe toujours avant la personne."

Même s'ils s'appréciaient, ils savaient tous deux qu'il était impossible que leur relation ne soit pas politique, dépourvue de ficelles et d'intentions cachées. Mais depuis leur première rencontre, Napoléon s'est amusé à écorner la façade prudente d'Alexandre, à faire ressortir petit à petit la vraie personne qu'il est. Le surprendre avec une blague grossière, le faire rire, le voir faire la moue d'agacement, et même flirter avec lui. Il éprouvait presque une certaine fierté à apercevoir le visage d'un homme célèbre pour ses masques. Et Alexandre s'ouvrait parfois, lui racontait des histoires, comme celle de son père qui le faisait marcher avec une garnison dans sa propriété de Gatchina pendant des heures, ou celle de son oreille gauche devenue sourde à la suite d'un coup de canon inopiné à côté de lui. Napoléon a toujours veillé à marcher et à s'asseoir à sa droite après cela, un geste attentif que d'autres n'auraient peut-être pas remarqué, mais qu'Alexander, lui, a remarqué.