Le Dilemme

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Chez "grand-père" nous n'avions que peu d'occasions de sortir. Sa maison et son jardin dans les Hampton constituaient notre cadre de vie. Il n'existait rien de l'autre côté de ses murs. 

Parfois il recevait des hommes. 

Des collègues ethnologues; comme lui, ou d'autres spécialités scientifique: Anthropologues, Géologues, Paléobotanistes, ou bien encore Archéologues et Paléontologues. Ils se réunissaient principalement autours de la grande cheminé du living-room de style ancien, où nous étions conviées, mes "sœurs" et moi, dans le but d'apprendre les vérités de la vie

J'adorai tout particulièrement ces journées-là car elles étaient pour moi l'occasion de tant apprendre sur le monde dans lequel j'évoluais. Un monde aussi sauvage que la brousse dans laquelle nous avions grandit, avant que le destin ne s'en mêle. Malgré nôtre drame personnel, on savait que la vie nous offrait une opportunité unique, de celles que beaucoup de personnes ne connaîtraient jamais. 

Un monde dans lequel on ne peut pas tricher.

Un monde loin, très loin des "grandes-surfaces" dont Alice me parlait non-stop depuis le départ du Viking. 

Nous passâmes le reste de la matinée assises seules dans le canapé blanc, tandis qu' Alice me parlait d'évènements qu'elle qualifia de somptueux et consistant à un rassemblement de filles en flagrantes carences alimentaires, revêtues de vêtements si chers que très peu de personnes pouvaient se les offrir. 

Vous y voyez un intérêt, vous? 

Non, moi non plus.

Alors que les tribus que je connaissait célébrés les esprits, les Dieux ou la nature pour leur avoir permit de survivre une année supplémentaire, ici ils célébraient le rachitisme et les objets auxquels ils n'auraient jamais accès.

Des choses totalement inutile à la vie, à la survie, mais que tous convoitaient comme si leur vie en dépendait. 

Bien sûr, mes "sœurs" et moi venions de passer les dernières semaines à vendre nos corps à de parfaits inconnus, aussi nous savions que la civilisation dans laquelle nous évoluâmes était différente de celles d'Amazonie, ou toutes autres régions reculées. Néanmoins notre "activité" sur les trottoirs de L.A répondait à un besoin naturel. 

Universel.

Le sexe. 

Ce besoin vital et commun à chaque espèce vivante: qu'elle soit animal ou végétal. Il en allait d'un réflexe de survie.

Notre survie. 

—Franchement! déclara soudain Alice, assise à ma droite du long canapé blanc. Tu ne vas pas me dire que ça te donne pas une putain d'envie, quand tu vois ça! 

 Elle pointait du doigt la mante religieuse qui avançait sur une longue piste, vantant je cite: "sa beauté sauvage".

—J'ai faim! déclarais-je pour toute réponse. Ce qui me valu un énième regard oblique et curieux.

Je me levai et m'approchais du frigo lorsque des pas lourds annoncèrent l'arrivée du Viking et de son regard sadique qu'il posa instantanément dans ma direction. Le téléphone portable à une oreille, Il paraissait surpris par ma présence. 

Sans doute avait-il espéré m'avoir fait peur avec sa tricherie puérile. 

Il s'attendait peut-être à ce que je prenne mes jambes à mon cou?

Je n'en fit rien, et entamais de rechercher quoi que ce soit qui aurait pu me sustenter. Du moins, jusqu'au diner qui n'allait plus tarder étant donnée que l'horloge du salon affichait 11h15.  

L'Albinos (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant