𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟭𝟮 🁡

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Taehyung


Les corps ne semblent pas avoir été touchés. Toujours habillés de leur tenue d'ouvrier, les deux hommes d'une soixantaine d'années reposent allongés sur deux brancards en fer, la peau plus pâle que jamais.

Leurs paupières closes, du moins, ce qu'il en reste, sont noirâtres suite à la semaine qui vient de s'écouler, et à la décomposition qui s'est relancée pendant le voyage.

Les médecins qui avaient transporté les deux hommes, avaient pris des précautions, mais nous ne pouvions posséder une chambre froide grandeur nature à moteur.

Ce qui explique aussi les différentes marques de dégradation présentes sur les ongles, le cou, et même sur les vêtements qui se sont moulés à la chair à cause de l'eau de la Tamise.

Leurs visages, quant à eux, sont la copie parfaite de celui d'Eda. D'un rapide coup d'œil avisé, je peux affirmer que le même nombre de coups leur ont été portés au visage, avec une pierre du quasi même calibre.

Mais il me faudra attendre les résultats de l'autopsie pour m'en assurer.

« Bien, le médecin légiste qui a reçu les corps avant vous, vous a constitué un dossier pour vous annoter ce qu'il a déjà pu observer. »

En pleine application mentale de mon savoir, je me force pourtant à redresser le visage vers l'homme qui s'adresse à moi.

Debout près du lit en métal, une main sur la rambarde qui l'entoure, et une autre fermement serrée autour du paquet de feuilles qu'il me tend, il me scrute dans l'attente que je réagisse.

Des cernes s'étalent sous ses yeux, témoignant des nombreuses heures qu'il a passées à conduire pour venir jusqu'ici.

Des membres du personnel de la sécurité médicale attendent patiemment plus loin, dans le couloir, près de la mascotte de la morgue ; l'ascenseur rouillé.

Aucun médecin n'est présent à l'horizon, ce qui n'est nullement une surprise étant donné que monsieur Gold m'a informé au préalable que le légiste ne pouvait pas se permettre de venir en personne.

D'un geste vif, je récupère le dossier sans prononcer la moindre parole, le fourre sous mon bras, et attrape les deux lits pour les faire rentrer dans le bureau.

Stupéfait, de par ses yeux écarquillés et sa mine déconfite, le second homme m'observe faire, les bras ballants.

C'est seulement quand il comprend que je compte disparaître dans mon bureau pour clore cette rencontre, qu'il tente de s'imposer en faisant deux pas en avant.

Son corps se tend vers moi dans le but de s'interposer avant que le battant ne claque, mais il ne parvient qu'à rattraper la poignée de justesse.

« Monsieur ! C'est une affaire importante qu'on vous a confié là, me révèle-t-il comme si j'étais incapable de le deviner tout seul. »

Cela fait une semaine que les meurtres ont eu lieu. La presse s'est, comme à son habitude, empressée de s'emparer de l'événement.

Les postes de radio bourdonnent d'informations quand on les écoute, ainsi que les chaînes de télévision. Et ne parlons pas des journaux dont les premières pages relatent en détails toute cette tragédie.

Apparemment, la police scientifique londonienne tenterait de relier ce meurtre à celui du député retrouvé assassiné, mais ça serait sans grand succès.

Ce qui n'est pas étonnant.

Je ne vois pas le rapport que pourrait avoir un député avec deux ouvriers des bâtiments retrouvés morts dans la Tamise.

𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟  〕  𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant