Après leur sortie de la salle de sport, les deux meilleurs amis se sont mis directement en marche vers une destination inconnue à ma personne. Yong-Joon marchait calmement sous le brouhaha de la noiraude, son sac apaisé à son épaule et tenu par une main, alors que l'autre avait trouvé refuge dans la poche de son pantalon. Tandis que Sun-Hi trouvait grand plaisir à lui raconter sa vie et des trucs qui sont en majeure partie complètement incompréhensibles. Mais le nombre d'années qu'il l'a côtoyé, a fait qu'il comprenne bizarrement tout ce qu'elle raconte dans le détail le plus minime sans aucun brin d'effort. Sans même se fatiguer à continuer un argument avant de passer à un autre, elle trouve miraculeusement la manière d'unir deux arguments qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Elle passe d'une histoire à l'autre comme la grenouille saute d'une feuille de nénuphar à l'autre: sans aucune raison bien valable et d'une manière complètement inattendue et improvisée. Ce petit détail fait d'elle une personne qui a rarement fini un argument qu'elle a commencé, et souvent répété la même anecdote pendant une semaine ou plus sans même s'en rendre compte. Mais Song-Joon est une personne qui n'est pas du tout dérangée par ce fait, et trouve même un grand plaisir à l'écouter sans devoir interagir chaque fois à ses dires, comme avec la plupart des gens qui vont probablement être dérangés à parler avec un mur. Ce rapport harmonieux entre interlocutrice et auditeur a fait des deux les personnes les plus adaptes à être amis du cœur.
" ...Ouvre-moi bien tes petites oreilles s'il te plait, et écoute moi bien. Donne le meilleur de toi-même jusqu'au jour du tournoi, tu y participes, et tu le remportes. Bien évidemment il y aura des gens dispersés dans la foule qui cherchent des talents particuliers. Et mesdames et messieurs, roulement de tambours..." Dès qu'elle finit son petit discours, elle se met à taper dans le vide au rythme du son qu'elle se met à produire avec sa bouche. Cette séquence de bruit et de mouvement qu'elle produit dure pendant quelques secondes qui semblaient durer une éternité avant d'arrêter ses mouvement et hurler un "Tadaa", en rallongeant les "A" et suivre avec les gestes en le désignant de ses deux mains, comme si elle présentait un tour de magie à un public imaginaire. La voyant gesticuler devant son visage, attire son attention, et ainsi l'attire à tourner son visage lentement vers elle.
"Par conséquent, tu signeras un contrat avec la meilleure proposition qu'on t'a offert, et autour quelques mois, y aura écrit partout "Choi Yong-Joon, remporte le championnat et devient champion du monde à seulement vingt-cinq ans". Et bien sûr...tout le mérite sera le mien." Comme à ses habitudes, les mouvements de mains pour exprimer chacune de ses paroles ne viennent jamais à manquer. Elle regarde en effet son ami en lui souriant de toutes ses dents et bouge ses mains autour de son propre visage pour s'auto désigner et en dansant avec la tête fière d'elle-même. Le beau jeune homme, rigole légèrement à voix basse épuisé de ses conneries qui n'ont et n'auront jamais aucune limite. Il la regarde ainsi un léger sourire collé aux lèvres avant de lui demander la raison. Elle s'arrête de sourire à sa question et le regarde brusquement avant de s'appreter de lui donner mille et une raisons qui doivent tôt ou tard le convaincre.
"Comment ça, pourquoi ? De un, ça sera moi ta manager, mais j'crois que ça c'est évident, de deux, toi tu ne peux pas négocier avec ce genre de gens et savoir qui est qui. Et en plus...(et bla bla bla bla)" Il entre ferme ses yeux en rigolant intérieurement et secoue la tête par ses bêtises qu'elle continue à lui citer une à une dans la certitude qu'elle va le convaincre, finissant son monologue un siècle plus tard, quand les deux s'étaient déjà bien éloignés de la salle de sport et allaient arriver à destination dans quelques brèves minutes. En attendant, Yong-Joon décide enfin de prendre la parole.
"Ne t'en fais pas pour le tournoi, je vais l'emporter. Mais tu sais très bien que j'étudie pour être juge pas pour devenir boxeur." "Regarde moi les gens qui ont des neurones fonctionnant" chuchota-elle à voix basse avant de resserrer ses yeux en l'écoutant parler. Quand il finì sa phrase, elle releva sa tête vers lui et lui souria comme à son habitude d'un large et gros sourire qui provoque la fermeture de ses yeux, s'apprêtant à répliquer.
"Même un ami avocat peut me servir un jour, qui sait ?" La noiraude, finissant sa phrase, elle regarde devant elle tout en continuant à sourir et penser à je ne sais quoi, quant à son pote, il continue de regarder les snacks et boutiques qui défilent uns à uns à ses côté, en voulant lui corriger systématiquement le fait qu'il étudie pour devenir juge pas avocat –erreur qu'elle a répété pour l'énième fois pendant toute une vie– mais cette dernière lui coupe la parole en lui donnant deux coups de coudes légers au ventre, geste qui a directement attiré son regard sur la petite silhouette de son amie. Sachant davantage qu'il la regardait, elle lui indique du menton un mec de leur quartier, adossé à un mur pas si loin d'où les deux marchait.
"C'est qui qui l'a défiguré ?" En effet, l'intéressé qui se fumait une cigarette tout en parlant avec une autre personne (sûrement entrain de péter un cable vu les expressions de son visage), était réduit à un état plus que piteux, sa main gauche ornée par de gros tatouages, était plâtré du coude jusqu'à la main, ainsi que d'autres couleurs qui décorait son oeil droit sans oublier son nez recouvert de bandages. Yong-Joon s'apprête de lui raconter l'histoire en se rendant compte qu'elle n'est au courant de rien, vu le ton de sa voix quand elle a posé sa question.
"Y a des rumeurs qui disent qu'il s'est fait frappé au sang hier pour avoir vendu de la drogue sans l'accord de ses fournisseurs. Je crois que c'est un nouveau gang qui détient le pouvoir, vu qu'avant il faisait tout ce qui lui passait par la tête sans que personne lui dise rien."
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