Chapitre 14

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Ava

«La pire des choses est le sentiment de n'exister pour personne.
Anonyme.
»

10/20 ? Sérieusement ?
Réviser jours et nuits, connaître sa leçon sur le bout des doigts, s'épuiser au travail, tout ça pour n'avoir que la moyenne. C'est une vie, ça ?
Si l'art est ma passion, pourquoi suis-je obligée de me concentrer sur le travail ?
Je me donne les moyens, je travaille dur, mais les résultats ne sont pas là. Je suis incompétente, comme le dit ma mère. Je ne peux pas être parfaite ? Juste comme ma mère voudrait. Je pourrais ne pas être une déception, un échec ? Me supporter moi-même est si dur...
Bruce m'attire à lui, avec une fausse tendresse.

«- On passe du temps ensemble ? me demande-t-il.
- Je n'ai pas vraiment envie...dis-je en évitant son regard.
- Aller ! Ça va être sympa.
- Je n'ai pas envie, désolé.»

Lorsque je m'éloigne de lui pour partir, il m'attrape brutalement le poignet.

«- Je ne crois pas t'avoir demandé ton avis.»

Et comme si je n'avais pas déjà l'air faible comme ça, mes yeux s'humidifient face à ce monstre prêt à me dévorer. Les larmes coulent. Il me regarde, méprisant. Il relâche mon poignet non sans violence, me laissant ainsi. Je le regarde partir, dégoûtée de son attitude.
Je reprends mon chemin, dans le froid de janvier, et comme à chaque fois que je me sens mal, je pense inévitablement à lui.

Jordan.

Je me souviens parfaitement du jour de mon anniversaire. Tout était beau, le ciel était bleu, les oiseaux chantaient, nous étions heureux. Il est arrivé à 23h45, l'heure pile de ma naissance, devant mon immeuble, m'offrir un bouquet de roses qu'il a essayé de balancer à travers la fenêtre, sans succès. Je ne pouvais évidemment pas sortir de chez moi à cette heure-ci, craignant la colère de ma mère. Il a alors escaladé le mur, pour venir m'offrir ce magnifique bouquet. Il est entré dans ma chambre par la fenêtre et m'a embrassé. Un baiser plein de passion, un baiser qui remplaçait tous les mots qui pouvaient être dits. Nos deux âmes apprenaient à se compléter, nos deux cœurs n'en faisaient plus qu'un. J'étais au paradis. Me voilà un enfer, maintenant séparée de lui. Si je n'essayais pas tant bien que mal de lui rappeler mon existence, il m'aurait déjà oubliée. Seulement, je n'aurai jamais pu l'oublier, moi.
Cupidon, la prochaine fois touche les deux.

***

Je rate encore une passe.

«- Mais t'es nulle ou quoi ?»

Elle me regarde, mécontente de mon incapacité.

«- Ca y est, le match est fini. On a perdu à cause de toi. Tu sais pas attraper des balles ou quoi ? me dit Laura.
- Je suis désolée. Je réponds, baissant les yeux.
- Tu as besoins de plus d'entraînements Ava, dit ma coach après avoir marché jusqu'à moi. On dirait que tu prends le volley un peu trop à la légère.
- Je vais me ressaisir.
- Oui, il serait temps !»

Je déçois tout le monde. Je ne suis pas à la hauteur de ce que je prétends.
Mais comment puis-je les impressionner si une part de moi est morte, et que personne ne le remarque ? Personne ne se soucie de comment va la jolie fille. Tout le monde suppose que sa vie est parfaite. Ah, foutus préjugés.
Quand je passe la porte, c'est la guerre. Ma mère en train de crier sur mon père. Mon père presque en larmes face à ma mère qui l'accuse de tromperie. Je me dirige vers ma chambre, essayant de m'éloigner le plus possible de la dispute pour travailler calmement.

J'entends encore les cris d'enfants dans ma tête. Leurs pleurs, leur détresse, leur souffrance, leur effroi, essayant pourtant de couvrir mes oreilles. Je presse de plus en plus fort mes mains contre mes oreilles, comme si je pouvais me défigurer ainsi. J'enfonce mes ongles dans ma peau, grimaçant, pleurant, souffrant. Je les retire pour ne pas provoquer un écoulement de sang, mais continue de pleurer. J'entends toujours ma mère engueuler mon père pendant que je force mon corps à ressentir la douleur. Toute la douleur intérieure que j'extériorise. Quand les cris se taisent, je ressens un soulagement au plus profond de mon corps. Mais quand j'entends les pas de ma mère s'approcher, je m'immobilise.

«- Tu as eu une note aujourd'hui ? me demande-t-elle, agacée.»

Je me résous à me lever et chercher cette note dans mon sac. Je la lui tends, envoyant en enfer mes prochaines sorties prévues.
Quand elle voit la note écrit noir sur blanc sur le papier, ni une, ni deux, elle me gifle atrocement. Des larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les en empêcher. Elle commence une liste d'inévitables reproches. Elle dit que je ne travaille pas assez et qu'elle a honte de moi. Elle a raison. Je ne suis capable de rien, je suis faible. Elle a raison. Chaque jour de plus est un nouvel échec. Ai-je déjà fait quelque chose de bien dans ma vie ?
Une fois ma mère partie de ma chambre, ma peine prend le contrôle sur moi. Je sens la douleur grandir puissamment en moi. Comme si une espèce de démon prenait le contrôle de mon corps. Je ne vois plus qu'en lui. Je ne me connais que grâce à cette force diabolique qui s'empare de moi dès que je suis au plus bas. C'est peut-être bien la personne que je suis. Je joue un rôle de belle fille intelligente, mais peut-être ne suis-je en réalité qu'un démon au cœur noir. J'aimerai crier. Crier toute la rage que j'ai contre ce monde. Mais est-ce que ça changerait quoi que soit ?
La paire de ciseaux sur mon bureau attire mon attention. Je la regarde, en me demandant qui suis-je. C'est maintenant ou jamais. Suis-je une personne saine, où une détraquée ? Je prends lentement cette paire de ciseaux, joue avec son mécanisme, avant de regarder l'horrible personne que je suis devenue à travers le miroir. Je coupe mes cheveux dans une irrégularité flagrante. Mèche par mèche, j'ai l'impression devenir encore plus folle. Je saccage mes cheveux, juste pour me sentir entière. Mes boucles forment un mélangent affreux. Je me sens vivre à travers les coups de ciseaux, autant que je me sens mourir.

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Désolé pour le retard de 1 jour, et merci beaucoup d'avoir lu :)
J'espère que ce chapitre un peu spécial, avec le point de vue de Ava vous a plus. Si vous appréciez, vous pouvez appuyer sur le bouton pour voter (l'étoile)

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