Chapitre 4 Monstre

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La panique s'emparait de moi.
J'étais persuadé que le garde bluffait; il allait forcément arrêter d'une minute à l'autre. Il n'irait pas jusqu'ici.
Pas pour une simple menace.

Mais ma théorie s'évaporait peu à peu.
L'eau montait à vu d'œil.
Sym avait cessé de taper contre la vitre, il n'en avait plus la force.
Il me parlait mais je n'entendais rien.
Je lu sur ses lèvres.
"ça va aller".

Non Sym, regarde le niveau de l'eau, regarde le danger se rapprocher, regarde la mort arriver.

Mes mains tremblaient, je ne pouvais rien faire. De toute évidence, je me retrouverai avec une balle dans la tête.
Sym prit une dernière inspiration, et sa tête disparu sous l'eau.
Je me jeta sur Mark en criant, puis j'entendis un coup partir.
Dieu merci, le garde m'avait raté.

Mark leurs fit signe de cesser.
J'hurlais.
Je lui criais d'arrêter, je ferai tout ce qu'il voudrait.
Sym souffrait, il ne se débattait plus.
Mark ne disait rien et fixait le levier.
Je savais que si je me rapprochais de celui ci, le garde ne me raterait plus.

Sym posa une dernière fois sa main sur le vitrage et ferma les yeux. Des dernières bulles sortirent de sa bouche pour remonter à la surface.
- Regarde, dit Mark. C'est déjà fini.

Je regarda avec horreur le corps de mon ami flotter.
Non.
Je me précipita vers le levier et le releva; l'eau du tube se vida, et le corps inanimé de Sym tomba au sol.
C'était fini.
Ces monstre l'avaient tué.
Ils avaient tué mon seul ami.

Je couru vers le tube dont la porte s'ouvrit devant moi.
Je m'approcha du corps de Sym, toujours persuadé que tout cela n'était que du bluff.
Je n'osa pas le toucher.
Ses yeux étaient vitreux, son cœur ne battait plus.
Son corps était sans vie.
- Voilà ce que tu mériteras si tu fais de même, dit Mark.

Je me retourna vers lui, mes veines jaillirent et mes poings se serrèrent.
Ils l'ont tué.
Mark leva les mains en signe de défense.
- Aram, Sym est mort.

En entendant ce mot, je m'effondra au sol.
Je n'avais plus aucune force pour hurler, pour frapper, pour me débattre.
Je n'avais même plus de force pour pleurer.

Un garde me saisit par le bras.
Il m'emmena hors de la pièce.
Je m'eloignais, le regard figé sur le corps inanimé de mon ami.
~
Le garde me jeta à nouveau dans cette salle entièrement blanche.
Ni fenêtre, ni meubles, juste une petite trape, des toilettes, et un lit.
Il ferma la porte, me laissant seul.
Une nouvelle fois.
J'aurai du réagir, j'aurai du faire quelque chose.
Je ne suis qu'un monstre.
~
La douleur devenait chaque jour un peu plus présente.
Pourquoi ces hommes m'enlevaient-ils tout ce qui m'était cher ?
Je les haïssait, au plus profond de moi.
Sym n'avait rien demandé, il avait juste dit le fond de ses pensées, il avait tenté de... comprendre.
Et on l'a tué.

Je le voyais encore dans le tube, frapper contre la vitre, le regard suppliant.
Ils auraient pu l'abattre d'un seul coup de pistolet, il n'aurait pas souffert, mais non : ces monstre ont préféré le faire souffrir.
La culpabilité me rongeait.
Jour après jour...
~
Cela doit faire des jours que je suis dans cette pièce. Je ne savais même plus quel jour nous étions, je n'avais même plus la notion du temps.

Je refusais la nourriture, mais je savais que je ne tiendrais plus très longtemps.
Qu'attendaient-ils de moi ?
Si Sym serait encore vivant, que se serait-il passé ?

Je sentais la folie s'installer en moi, heure après heure, minutes après minutes, secondes après secondes.
Je n'étais pourtant pas atteint de l'Orpha. Mais la tristesse et la colère me rongeait le cerveau.

Mes journées se ressemblaient toutes.
Se lever, refuser la nourriture, pleurer, crier, frapper contre les murs, pleurer, refuser de nouveau la nourriture, et se rendormir.

Depuis combien de temps ce schéma se répétait-il ?
Je m'allongea sur le matelas du lit et tenta de faire le point, mais un bruit métallique m'interpella.
Quelqu'un ouvrait la porte.
Inutile d'essayer de sortir. Où aller ?

Un garde déposa deux plateau de nourriture à terre.
Deux ?
- Je sais que tu vas refuser mais, on ne sait jamais.

J'aperçu une silhouette derrière lui.
- Regarde, tu ne t'ennuieras plus.
Une jeune fille s'avança.
Ses vêtement étaient en lambeaux, et son visage inondé de larmes.

Le garde referma la porte, nous laissant tout les deux.
Elle me regarda, ses larmes continuaient à couler.
Ses cheveux bruns descendaient sur ses épaules, ses yeux clairs étaient rougis.
Elle s'avança lentement vers moi.
- Ils ont tué mon amie, murmura-t-elle.

Elle s'avança vers moi, et pour une raison que j'ignora, elle s'effondra dans mes bras. Je pleura avec elle.
Ces larmes que je retenait depuis tant de temps.

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