Chapitre 7 : Tunel

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Après cette révélation, Tida avait été comme figée. S'il y a quelque chose qu'elle avait finalement compris de toute cette histoire c'est que tout lui échapper, absolument tout.

Elle s'était alors retournée et s'était aussitôt endormie pendant que waziz se souvenait encore de cette nuit qui a été la plus longue de toute sa vie.

Il se souvenait encore de cette odeur d'hôpital et de ces murmures à son endroit après son arrivé, après qu'il eut découvert que ses enfants avaient fait un accident sur la route de l'école.

Il se souvenait encore de son sang froid alors que ses jumeaux étaient à l'intérieur, se battant avec la vie pour survivre.


Les cris de marie codou,
Les pleurs de sa mère


Tout lui était revenu en tête, soudainement, alors qu'il venait de revoir son ex-femme.

Leur histoire avait été des plus belles. Marie Codou avait été sa meilleure amie avant d'être l'amour de sa vie. Pourtant, quand ils avaient émis le désir de se marier, leurs amis avaient été tellement surpris que Waziz avait un moment hésité.

Ils avaient passé leur enfance et leur adolescence ensemble. Et malgré le caractère de feu de Waziz, Marie codou n'avait pas hésité à accepter cette demande en mariage.


Bien sûr, à l'époque, waziz ne comptait que sur lui-même. N'ayant plus de père et ne pouvant pas compter sur sa belle mère pour prendre certaines décisions, il avait fait avec les moyens du bord ; Et donc, avec l'aide de Wassour, il avait demandé la main de sa meilleure amie, main qui lui avait été automatiquement accordée, dans la mesure où il faisait presque partie de la famille Faye.

Ils avaient alors passé la meilleure année de leur vie. Une lune de miel à Lisbonne ou leurs jumeaux avaient été conçu.

A cette période-là, Waziz avait été la meilleure version de lui-même. Sa froideur, sa distance et même ses sautes d'humeurs s'étaient volatilisés grâce à ce brin d'espoir qui avait fini par naitre dans son cœur ; Cet espoir d'être enfin père et de faire vivre à ses enfants ce qu'il n'avait lui-même pas vécu.

Se marier très jeune n'avait jamais été un obstacle pour eux. Au contraire. Marie codou terminait doucement ses études alors que Waziz, se voyait propulser l'affaire que lui avait laissé son père. Et.... La naissance de Ibrahima et Falla avait réveillé en lui l'homme le plus bienveillant de la terre.


Si seulement cette bienveillance s'était également manifestée dans les comportements de Marie Codou.
En réalité, après la naissance des jumeaux, Marie Codou avait décidé de prendre sa vie en main. Elle était encore très jeune et c'était légitime. Elle avait alors fait le choix de s'occuper de sa vie, de sa carrière de médecin mais également de ses loisirs ; Délaissant par la même occasion son foyer.


Waziz n'avait pas la force de se quereller avec elle. Tout ce qui lui importait était le bonheur et l'évolution positive de ses enfants. Il avait alors pris sur lui et s'était donné cœurs et âmes pour y arriver.


A leur 3 ans et avec une mère absente, il avait pris la décision de les inscrire à la maternelle ; Falla était une fille très difficile mais dès l'instant où elle n'était pas séparée de son frère tout allait bien pour elle. Waziz avait alors pris cela en compte et les avait mis à l'école ensemble.

Tout se passait pourtant bien. Il s'assurait de les récupérer tous les jours à 13H et faisait de son mieux pour qu'ils n'arpentent pas les trottoirs de Dakar.

Sa prudence frisait la folie, pensait souvent Marie Codou, cela l'énervait de temps à autre. Mais waziz n'en avait cure. Tout ce qui l'importait était la sécurité de ses petits.

Il avait fonctionné comme ça jusqu'à ce fameux jour où son rendez-vous pris un peu plus de temps. Bien évidemment, il était à une phase où, faire développer son entreprise était cruciale pour lui et pour l'avenir de ses enfants. Il avait donc décidé d'appeler leur mère et de la supplier d'aller les récupérer.


« iow waziz meuno andak yalla té nga bayi khaléyi dokh gnibi ?»
(Waziz tu ne peux pas respirer un bon cou et laisser les enfants marcher pour rentrer ?)

Lui avait-elle lancé au téléphone ce jour-là. Mais la patience de waziz encore une fois pris le dessus. Il négociait avec elle ; Il la suppliait...

- S'il te plait Marie ! la ville n'est pas sûre, les chauffards empestent les routes de Dakar. Va les chercher, ça ne te coute rien


Aucune réponse. C'est après des centaines de supplications que sa femme avait accepté. Il s'était senti soulagé un moment mais son sixième sens était en alerte.


Il avait cependant bien géré son rendez-vous. Et contre toute attente, il avait signé ce jour-là l'un des plus gros contrats de toute sa carrière. Le contrat qui avait propulsé son entreprise vers l'avant alors que ses enfants faisaient un accident de la route au même moment.


Quand son téléphone avait sonné après cette fameuse entrevue, le cœur de waziz avait fait un bond dans sa poitrine.


C'était Marie Codou ; quand il décrocha subitement, les cris et les hurlements de sa femme l'avaient alerté.

- Calme toi Marie qu'est ce qu'il y a ?


- Waziz les...enfants.... Waziz je suis tellement désolé.... WAZIZ JE....


Elle n'arrivait pas à en placer une. Une de ses amies pris le téléphone et demanda à waziz de se rendre immédiatement à l'hôpital militaire de Ouakam. Il était resté sur place pendant une bonne minute avant de réaliser qu'il était peut-être arrivé quelque chose à ses enfants.


Il avait alors conduit sans savoir comment il s'était débrouillé pour y arriver. Quand il se gara et se dirigea vers cette salle d'attente qu'il connaissait bien à cause de son père, waziz semblait émerger d'un autre monde.

Marie Codou était restée immobile, fixant un coin du vide alors qu'une de ses amies, qu'il ne connaissait pas d'ailleurs, était assise à côté d'elle.

Il s'approcha d'elle : où sont mes enfants ?


Marie avait sursauté à l'entente de la voix sourde de waziz. Elle se leva brusquement et se jeta sur lui : PARDONNE MOI Birago.... Pardonne moi....


Ce dernier n'avait rien fait, aucun geste aucun mouvement. Il voulait simplement comprendre, il voulait savoir, il voulait voir ses enfants.


Il la poussa doucement avant de l'obliger à le regarder : où sont Ibrahima et Falla ?


Marie codou pleurait : je... ils sont là, dedans... je.... Ils sont là...


- Ok calme toi ! ils sont vivants ?


Marie codou acquiesça d'un signe de tête, et waziz souffla d'espoir.

- Alors assied toi et calme toi.

Il l'aida à s'asseoir puis à son tour, il s'assit à coté, priant de toutes ses forces que ses petits s'en sortent.

Malheureusement, quelques minutes plus tard, Waziz et reçurent l'une des plus mauvaises nouvelles de leur vie.


Leurs enfants venaient de rendre l'âme. Ibrahima en premier ; Falla avait survécu, elle n'avait rien de grave, mais elle avait soudain perdu le pouls et était aussi partie.


Le hurlement strident de Marie Codou n'avait plus jamais quitté la mémoire de waziz. Ce jour-là, il avait simplement demandé à les voir et les avait regardés, l'un couché à côté de l'autre. Ils avaient toujours été comme ça, toujours ensemble et ils étaient partis ensemble.


Waziz avait ensuite demandé à la copine de sa femme de l'emmener chez ses parents, qu'il puisse régler la paperasse comme un grand. Il l'avait fait, sans flancher, sans fléchir.

Avec l'aide de Wassour, il les avait tout geré et était rentré chez lui, aussi seul que jamais.


Voilà l'histoire macabre de waziz et marie codou. Et sans même le savoir, waziz venait de débloquer des tonnes de souvenirs, notamment concernant Wassour, mais bizarrement et contre toute attente, il avait des bribes de souvenir de sa mère, de....


Il se leva soudain et se rendit compte qu'en réalité, Rokhaya n'était pas sa mère...

Il se recoucha, fatigué et tellement triste que son cœur ne put s'empêcher de ressentir de la jalousie à la vue de Tida dormant profondément sans aucun stresse.


Il sourit cependant et l'attira à lui. Son cœur était chaud et sa respiration saccadée. Elle était l'innocence incarné, pensait-il.

Bizarrement, il éprouvait là une sensation de sérénité, de sécurité et surtout, il parvenait à lâcher prise. C'est là qu'il s'endormi ressentant soudain un apaisement qu'il sentait pour la première fois depuis son accident ;




QUELQUES HEURES PLUS TARD

ManigancesWhere stories live. Discover now