Chapitre 3 : Le Voyage

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Quelques heures plus tard, Victor émergeait à l'intérieur de son lit. Il remarqua la présence de bandages autour de ses avant-bras, et se sentait très lourd. Ce sommeil avait été tout sauf réparateur. Le pauvre jeune homme avait revécu en boucle les scènes s'étant déroulées au cours des deux derniers jours : son trajet jusqu'à la capitale, sa prestation surréaliste face à la pierre de révélation, et surtout les longues minutes à discuter avec le prince héritier. Un charmant personnage qui avait laissé une trace indélébile dans le corps et l'esprit de Victor.

Il observait le décor de sa chambre, qui avait été complètement retournée. Les fenêtres étaient cassées, les étagères étaient totalement défoncées, et la plupart des meubles avaient été vidés sur le sol et démembrés. Victor essaya de se relever, par réflexe, mais en fut incapable à cause de la douleur qui le lançait sur les avant-bras. Il laissa échapper un grognement, qui fit suffisamment de bruit pour attirer quelqu'un.

Louise et Samira arrivèrent alors, ouvrant la porte de sa chambre avant d'écarquiller les yeux. La rousse se jeta sur le jeune homme et l'enlaça, ce qui accentua encore plus ses douleurs et grognements.

"- Oh, je suis désolée ! J'avais complètement oublié... Tu vas bien ? Je... On a cru que tu allais mourir ! 

Elle tremblait, et avait visiblement du mal à aligner deux mots. Samira lui posa une main sur l'épaule.

- Allez, laisse-le respirer, qu'il nous crève pas dans les pattes après tout le mal qu'on s'est donné pour le remettre sur pied."

Samira s'avança ensuite vers lui, déposant ses yeux dans les siens, d'un air très sérieux.

"- Comment tu te sens, cadavre ambulant ?"

Comment il se sentait ? Victor n'en savait rien. Au-delà de la douleur physique, il était dévasté. Depuis tout petit, il avait nourri un rêve, celui d'explorer le monde et de trouver un endroit meilleur pour sa famille, rêve qui se soldait aujourd'hui par un échec cuisant : il était devenu un monstre, ou du moins une créature que pratiquement tout le monde voulait voir mourir. Au moins, ses amies étaient là pour lui, il avait de la chance de les avoir. À cette pensée, il se figea. Ses parents ? Où étaient-ils ? Pourquoi n'étaient-ce pas eux qui étaient à son chevet ?

"- Samira, où sont mes parents ?, demanda-t-il, froidement, s'attendant déjà au pire après tout ce qu'il avait vécu.

Louise s'avança, lui souriant légèrement en caressant ses cheveux.

- Tu devrais te reposer, c'est important que-..

Victor gardait les yeux rivés vers Samira, sachant pertinemment que Louise ne lui répondrait pas.

- Dis-le-moi, s'il te plaît.

Samira acquiesça, avant d'entrouvrir les lèvres pour prononcer la dure vérité à Victor.

- Ils ont été capturés par la garde, avant même qu'on ne rentre de la capitale. On ne sait pas où ils ont été emmenés."

Le jeune homme se figea à l'entente de ces mots. Après avoir été torturé dans les geôles du palais, par le prince héritier en personne, il ne pouvait pas imaginer qu'un traitement plus appréciable soit réservé à ses parents. S'il avait du mal à tenir mentalement jusque-là, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, et Victor fondit en larmes. Il ne retenait plus rien, ne repoussait plus aucune vérité, il se laissa simplement aller à la plus profonde des tristesses et à la plus grande des souffrances, tandis que Louise et Samira le prirent dans leurs bras et le gardèrent contre elles, jusqu'à ce qu'il cesse de pleurer, jusqu'à ce que la dure vérité soit avalée.

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