CHAPITRE 3

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À écouter: Automatisch - Tokio Hotel

(Mention du suicide)

CHAPITRE 3
So Automatisch

Max

2014

Lorsque je pousse le portillon de la maison et que je détache la laisse de Regen, le passage à vide que je ressens depuis trois jours s'abat sur moi d'un coup. Ma respiration se bloque et je suis obligé de prendre appuie contre la rambarde qui mène au perron pour ne pas flancher. Je me sens nauséeux, j'ai le vertige et mon cœur tambourine fort dans ma poitrine. Je m'efforce de reprendre mon souffle, de me calmer mais chaque inspiration me semble être un effort surhumain. Wir Werden Nie Sterben ne résonne pourtant pas dans mes écouteurs. Dès que je sors, mon esprit tourne autour d'autres choses. Sur Regen qui s'éloigne un peu trop loin et que je siffle pour le faire revenir à mes pieds, sur les alentours au cas où quelques fans m'auraient reconnu, sur le paysage d'Hambourg qui me semble bien loin de celui de Los Angeles mais au sein duquel j'aime me perdre.

Sauf que dès que je pousse le portillon de la maison, mon esprit se vide de tout afflux de pensées et ne laisse résonner en moi qu'un immense vide. J'inspire profondément pour ne pas laisser cette angoisse m'emporter avec elle, j'inspire puis je me redresse. En poussant la porte d'entrée, je m'attends à ce que la maison soit vide mais j'aperçois Laurie assise autour de la table du salon et Steven affalé sur le canapé. Leur présence me rassure. Mon cœur cesse de s'affoler et toute cette angoisse se dissipe peu à peu.

– Vous avez des nouvelles de ma batterie ? je demande en accrochant ma veste sur le porte-manteau.

Nein, elle est encore en réparation, m'explique ma sœur, concentrée à griffonner des traits sur son carnet de croquis. Mais le gars qui s'en occupe m'a demandé de te dire de ne pas te faire de faux espoirs. Ta batterie est sans doute...morte au vu des coups qu'elle a pris.

– Je sais, je m'attendais pas à ce qu'on puisse la réparer, j'avoue en m'asseyant face à elle.

Ça me brise tout de même le cœur de réaliser qu'elle est probablement irréparable. Cette batterie est une grosse partie de ma vie, la toute première que m'a achetée ma mère à mes dix ans. Ce sont ses caisses que j'ai frappées de nombreuses fois dans l'espoir de m'améliorer et de créer un son convenable à écouter. C'est avec elle que je m'entrainais dans le garage de la maison des jumeaux. C'est avec elle qu'on a tourné le clip de Durch Den Sturm et de Schrei. Et c'est avec elle qu'on a entamé une tournée Européenne. Mais vers la fin de cette première tournée, j'ai dû me tourner vers une batterie plus qualitative. De couleur bleue, toujours.

– T'as l'air épuisé, me fait remarquer ma sœur.

Cette fois, elle daigne enfin m'adresser un regard que je fuis aussitôt. Je déteste qu'on s'inquiète pour moi, même s'il s'agit de ma famille. La plupart du temps, je cache ma détresse derrière de faux sourires mais depuis trois jours, j'en suis incapable. J'ai juste l'impression de ne plus être maître de mon corps. Comme si j'étais une autre personne, plus fragile que je ne le suis habituellement. Les larmes roulent sur mes joues sans que je ne m'en rende compte et j'ai du mal à trouver le sommeil. Je mange même beaucoup moins. Et ça, ma famille l'a bien remarqué.

– Je sais, je réponds en haussant les épaules. Mais ça va, je tiens le coup.

Nein ! Ça, c'est un mensonge, elle me contredit. Tu tiens absolument pas le coup. Si c'était le cas, tu serais pas dans cet état. Tu t'es regardé dans un miroir au moins ? T'es pâle, t'as des cernes et t'es tellement crevé que t'arrives à peine à ouvrir les yeux.

Schrei - Tome 1 (BxB)Where stories live. Discover now