Schrei - Tome 1 (BxB)

CHAPITRE 9

À écouter: Übers Ende Der Welt - Tokio Hotel

CHAPITRE 9
Die Zeit

Max

2014

Assis dans le van en direction du Jardin de la Tour Eiffel, une bouffée de chaleur m'envahit soudainement. J'appuie sur le bouton pour abaisser la fenêtre afin de chercher l'air frais mais Lucas se penche au-dessus de moi pour la remonter. Il fait ensuite plusieurs gestes sous mon nez alors je retire l'un de mes écouteurs puis l'écoute m'expliquer que je devrai attendre encore un peu vis-à-vis des fans qui rôdent tout autour. Je secoue la tête puis me renfrogne un peu plus contre le dossier de mon siège. À travers les vitres teintées, je vois plusieurs fans se presser et s'agiter en direction de la scène que j'aperçois près de la Tour Eiffel. D'autres, sûrement des touristes qui ne connaissent pas Schrei Mania, se font presque bousculer par les différents groupes de fans qui courent afin d'obtenir les meilleures places devant la scène.

Le van s'arrête finalement face au Jardin de la Tour Eiffel, à une distance raisonnable de la scène qui se situe quelques mètres plus loin. Avant de me faire sortir, Lucas évalue la situation en balayant les alentours du regard tandis que Gregor se charge de me tendre mon bonnet gris ainsi que mes lunettes de soleil pour éviter qu'un groupe de fans ne débarquent en hurlant. Tous ceux qui attendaient sur la plate-bande de l'hôtel savent que je suis sorti et mon chauffeur s'est empressé de prendre différents chemins pour ne pas que l'on se fasse suivre. Me donnant enfin son approbation pour sortir, Lucas attrape la laisse de Regen pour le faire sortir en premier puis me laisse regagner la terre ferme, une main fermement enroulée autour de mon bras pour m'empêcher de tomber.

L'air frais me fait du bien. Je reprends la laisse de Regen puis attends les directives de mes gardes du corps. Lucas passe une tête à travers la vitre côté conducteur pour expliquer au chauffeur de rester dans les parages "au cas où" la situation devient ingérable puis m'entraîne avec lui dans un coin isolé du Jardin de la Tour Eiffel, Gregor surveillant mes arrières. Lucas m'oblige à m'asseoir sur un banc à l'abri des regards. De toute manière, avec l'imposante musculature de Gregor, personne n'ose jamais s'approcher. Tant d'agitations prospèrent autour de moi. C'est dingue d'avoir à nouveau l'impression d'être en deux mille sept, lorsque notre popularité était à son paroxysme, surtout en France.

Personne ne pensait que notre petite musique allemande s'étendrait aussi loin, encore moins nous, Schrei Mania, les premiers concernés. Pourtant, celle-ci s'est envolée de partout dans le monde. Même là où on pensait que ça ne serait pas possible comme en France. Nos fans français ont tout de suite adhéré à notre groupe. Ils aimaient tout. Notre musique, notre apparence, notre amitié, notre joie de vivre. On était des ados qui parlaient aux ados d'où la popularité grandissante que nous avions dans les années deux mille. Mais le plus étonnant, c'est lorsque nos fans français sont allés jusqu'à prendre Allemand pour pouvoir comprendre les paroles de nos musiques et tenir une infime conversation avec nous. C'était Nolan qui nous avait rapporté ce fait là et je me souviens encore d'à quel point j'avais été surpris de voir que la première fois que nous avions débarqué ici, une grande majorité de nos fans nous parlaient en Allemand.

– Tu veux que j'aille te chercher un truc à manger, me propose Lucas.

Je relève la tête, retirant mes écouteurs et délaissant à contre-coeur l'air de Durch Den Sturm. Laurie trouve que je m'enferme de plus en plus dans ma bulle et que je devrai profiter davantage du monde qui m'entoure. Alors je fais cet effort pour ne pas paraître insociable. Je sais que Gregor et Lucas se fichent de savoir si je passe le reste de l'après-midi à écouter de la musique ou à bien vouloir échanger quelques mots avec eux mais par respect, je range mes écouteurs. Ils sont mes gardes du corps depuis Durch Den Sturm Tour, notre première tournée. Et depuis, ils ne me lâchent plus. Ils m'ont connu gamin donc savent parfaitement la façon dont j'agis, lorsque j'ai besoin de sortir, de calme ou d'être seul. Ils ont appris à connaître tous les petits signaux et me couvent, parfois, comme si j'avais à nouveau quinze ans.