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    — T'es sûr que tu veux qu'on dorme ensemble ? Tu peux toujours partir tu sais, je t'en voudrais pas, je veux pas que tu te forces ou que tu fasses ça sur un coup de tête, répéta Ryômen en suivant Megumi dans son salon.
    Megumi ne lui répondit pas, et regarda autour de lui avec curiosité. Il n'était jamais venu ici, il avait seulement aperçu l'appartement depuis l'entrée, lorsqu'il venait chercher Yuji pour aller quelque part. Mais Yuji ne l'avait jamais fait entrer, ni lui ni Nobara, car il y avait toujours ses frères à la maison et il ne voulait pas les déranger. Ils allaient toujours chez Nobara pour se voir, c'était la seule de leur trio à vivre seule alors son appartement était un lieu sûr.
    L'appartement de Ryômen était plus grand que celui de Nobara, mais moins que celui de Megumi. Il était plongé dans la pénombre, de grands rideaux étaient tirés devant les fenêtres du salon, et seuls quelques carrés de lumière argentée apparaissaient sur le parquet. Tout était bien rangé, pas un vêtement, pas un livre, pas un chargeur ne traînait. Il y avait un tel ordre dans la pièce que Megumi osait à peine se déplacer et bousculer l'espace autour de lui. Les chaussures étaient alignées les unes à côté des autres dans l'entrée, les manteaux étaient tous rangés par couleur, les coussins étaient parallèles sur le canapé, et les commandes de la télévision étaient parfaitement perpendiculaires au bord de la table sur laquelle elles reposaient. Le rangement était minutieux, et Megumi se doutait qu'il ne venait pas de Yuji, qui était trop turbulent et désordonné. Il avait aussi du mal à imaginer que cela venait de Choso. Alors comme ça Ryômen était maniaque ? C'était amusant à savoir, Megumi ne s'en serait pas douté en le voyant.
    — Elle est où ta chambre ? demanda-t-il curieusement à voix basse, pour ne pas réveiller Yuji et Choso qui devaient dormir.
    — T'es sûr que tu veux qu'on dorme ensemble ? insista Ryômen d'un air peu convaincu. On s'est pas parlé de la semaine donc...
    — C'est toi qui m'as dit de venir, rappela Megumi en se tournant vers lui.
    — Oui mais je pensais pas que t'aurais le courage de le faire, et puis je veux pas que tu te sentes obligé de le faire. T'es sûr que tu veux dormir dans mon lit ?
    — Je t'ai déjà dit que oui.
    — T'as pas peur de dormir avec moi ? demanda Ryômen avec un petit sourire en coin.
    — Pas du tout, répondit Megumi en soutenant son regard.
    En réalité, dormir avec lui le stressait de plus en plus, mais il était hors de question qu'il fasse demi-tour. Il savait que Ryômen ne lui en voudrait pas s'il changeait d'avis, mais il savait aussi que cela lui ferait de la peine, même s'il ne le disait pas. Il lui avait déjà fait suffisamment de peine cette semaine, et il ne voulait pas continuer de lui en faire. S'il partait maintenant, cela allait jeter un froid entre eux, cela ferait reculer leur relation et Megumi n'était pas sûr de vouloir retourner en arrière. Ce n'était pas qu'il aimait Ryômen, c'était seulement s'il s'était habitué à parler avec lui tous les jours, et sa compagnie n'était pas déplaisante alors... Passer une nuit avec lui ne lui ferait pas de mal...
    Et il n'avait aucune raison d'avoir peur de dormir avec lui. Il savait que Ryômen ne tenterait rien qu'il ne désirait pas, il respectait ses interdictions maintenant. Megumi savait qu'il ne risquait rien avec lui, tout se passerait bien. Il angoissait un peu à l'idée de dormir dans un lit qui n'était pas le sien, de laisser une odeur qui n'était pas la sienne imprégner ses vêtements, de passer la nuit loin de ses chiens, qui dormaient souvent dans sa chambre, de devoir partager son espace avec quelqu'un, de sentir un corps proche du sien, de sentir un souffle sur lui, et de se réveiller avec quelqu'un à ses côtés. Il avait aussi un peu peur de la tête endormie qu'il aurait à son réveil, et de ce qu'il devrait dire lorsqu'il se réveillerait, et de ce moment embarrassant où il devrait retourner chez lui, mais... Tout allait bien se passer. Ce n'était qu'une nuit après tout, il n'allait pas en mourir ! Certes, il allait dormir avec Ryômen, un garçon qu'il ne connaissait que depuis un mois, qui l'avait presque harcelé pour lui parler, qui le draguait tous les jours, qui voulait coucher avec lui et qui était un peu plus attirant chaque jour, mais tout allait bien se passer.
    Après tout, il était presque quatre heures du matin, il n'allait pas pouvoir se passer grand-chose jusqu'à leur réveil...
    — Où est ta chambre ? répéta Megumi.
    — C'est à toi de la trouver, laisse ton cœur te guider, répliqua Ryômen un air charmeur.
    Il se tourna vers un couloir et fit signe à Megumi de s'y aventurer. Megumi se retint de lever les yeux au ciel, et s'avança dans le couloir à pas de loups. Il y avait trois portes, dont l'une d'elles était ouverte. C'était sûrement la chambre de Choso, il avait l'air d'être le genre de personne à ne jamais fermer sa porte, pour montrer à ses frères qu'ils pouvaient toujours venir le voir. Il ne restait donc que deux possibilités... Megumi se dirigea instinctivement vers la porte de gauche, et l'ouvrit de quelques centimètres. Il passa timidement sa tête dans l'ouverture, en priant pour ne pas s'être trompé de chambre, et parcourut la pièce du regard. Le lit qui apparut en face de lui était vide, c'était bien la chambre de Ryômen.
    — Ça aurait été plus drôle que tu te trompes de chambre, murmura Ryômen à son oreille.
    Un frisson parcourut le corps de Megumi lorsque son souffle caressa sa nuque, et il s'écarta précipitamment de Ryômen pour entrer dans sa chambre.
    Elle n'avait rien à voir avec ce qu'il avait imaginé. Elle était plus petite que la sienne, encadrée par des murs solides et épais, ainsi qu'une porte fixe, contrairement à la sienne qui était faite de cloisons. Il n'y avait pas beaucoup de meubles dedans, ce qui la rendait plus grande, et le lit était placé juste devant la fenêtre, si bien qu'un rayon de lune tombait sur les draps. Elle était presque aussi vide que la chambre de Megumi, il n'y avait rien qu'un lit, une armoire, et un petit meuble de rangement. Il n'y avait pas de bureau, ni de bibliothèque ou d'étagère. Il n'y avait pas de décoration non plus. Mais elle était agréable, le vide de la pièce était rassurant, Megumi arrivait mieux à trouver ses repères ainsi.
    Il tourna sur lui-même un instant, ne sachant pas quoi faire ni où aller. Qu'allaient-ils faire à présent ? Allaient-ils simplement monter dans le lit et s'endormir ? Megumi n'était pas sûr de pouvoir trouver le sommeil aussi facilement... Pouvait-il explorer la chambre de Ryômen ? Il était curieux, et même s'il n'y avait pas beaucoup d'espace, il avait envie de faire le tour de la pièce pour la voir sous différents angles. Et puis il était curieux de voir les livres de Ryômen. Yuji lui avait dit qu'il adorait lire, et il se demandait quel genre de livre il pouvait bien lire. Mais il ne voyait aucune bibliothèque dans la pièce.
    — Tu ranges tes livres où ? ne put-il s'empêcher de demander en parcourant la pièce des yeux.
    — Je t'ai jamais dit que j'avais des livres.
    — Yuji m'a dit que tu lisais. Tu lis sur ton téléphone ?
    — Non, j'ai des vrais livres, répondit Ryômen.
    Il s'agenouilla près de son lit et tira Megumi près de lui, avant de saisir son matelas et de le soulever. Megumi le regarda faire avec surprise, et vit alors des rangements apparaître sous son lit, dans lesquels se succédaient plusieurs rangées de livres qui tenaient à la verticale. Il y en avait de toutes les tailles, des petits, des grands, des épais, des fins, des noirs, des colorés, des séries de livres, des mangas, et même des carnets. Mais ils ne semblaient pas triés, Megumi avait beau les regarder, il ne voyait pas de logique à leur rangement. Ce n'était ni par ordre alphabétique, ni par genre, ni par date, ni par couleur. C'était étrange, Ryômen semblait plutôt maniaque, alors pourquoi ne pas trier ses livres ?
    — Tu les ranges n'importe comment ?
    — Non, je les range par préférence.
    — Par préférence ? Vraiment ?
    — Juge pas, c'est comme ça que je m'y retrouve.
    — Et pourquoi tu caches tes livres là ? T'as honte ? poursuivit Megumi en se penchant sur ses livres pour lire les titres.
    — Je les cache pas, c'est juste que je déteste qu'on y touche, donc je les mets là. Ça me fait économiser de la place dans ma chambre, je peux acheter les livres que je veux et comme ça ils prennent pas le soleil, donc ils jaunissent pas, expliqua Ryômen, une pointe de fierté dans la voix.
    — C'est pas bête, approuva Megumi. Alors tu préfères Ça à Hunger Games ?
    — Oui. C'est pas forcément mieux écrit, mais je préfère ce genre d'histoire, et puis j'adore les histoires avec des morts glauques, avoua Ryômen avec un sourire. Dans Hunger Games c'est pas très trash.
    — Ça m'étonne pas. Je les ai jamais lus.
    — Vraiment ?
    — En fait je sais même vraiment de quoi ça parle...
    — Mais t'as pas honte ! s'exclama Ryômen d'un ton vif, faisant relever la tête à Megumi.
    — Euh... Non ?
    — Qu'est-ce que t'as pas lu là dedans ?
    — Presque tout. Je lis pas de roman.
    Ryômen ferma les yeux un instant, comme s'il venait d'apprendre une terrible nouvelle, sous le regard amusé de Megumi. Après quelques secondes, il se pencha au-dessus de ses livres en les regardant attentivement, et commença à en choisir quelques-uns avec minutie. Il tirait chaque livre avec soin, faisait attention à ne plier aucune couverture, et les reposait sans faire de bruit, comme s'il manipulait des objets précieux. Il se contentait parfois d'effleurer le dos du livre du bout du doigt, l'air penseur, avant de se décaler vers un autre côté de la rangée et de saisir un autre livre. Megumi le regarda faire en silence, les yeux rivés sur ses mains.
    Il n'avait jamais observé ses mains, Ryômen avait toujours ses mains dans ses poches et Megumi ne pensait pas à les regarder lorsqu'il les sortait, mais maintenant qu'il le faisait... Il se rendait compte qu'elles étaient très délicates. Ses ongles étaient coupés courts, ils avaient tous la même longueur. Ses doigts étaient longs, fins, ils se posaient en silence sur les livres et frôlaient l'air avec douceur. Deux épaisses lignes noires entouraient ses poignets et les amincissaient, comme des bracelets de tissu qui colleraient sa peau. Ses mains étaient couvertes de petites cicatrices. Des marques de coupures striaient ses doigts, ses index en particulier, il y avait des brûlures sur leurs pulpes, et des lignes blanches apparaissaient aussi sur ses paumes.
    — Il y a des choses que tu veux pas lire ? demanda Ryômen au bout d'un moment, tirant Megumi de sa contemplation.
    — Quoi ? demanda Megumi sans comprendre.
    — Du sexe, de la violence... Il y a des sujets qui te dérangent ?
    — Oh...Non, pas vraiment. Mais j'aime pas les histoires clichés.
    — Et tu lis l'anglais ?
    — Normalement oui, ça devrait aller.
    — T'as pas l'air d'être du genre à lire des romances, mais je suppose que si c'est des histoires d'action sur fond de romance, ça devrait te plaire. Je vais te faire un mélange de genres.
    — Je croyais que tu prêtais pas tes livres ?
    — Toi je sais que tu en prendras soin, répondit simplement Ryômen.
    Il saisit un dernier livre, puis il baissa son matelas pour recouvrir sa bibliothèque, et s'assit sur son lit. Megumi se releva alors et s'assit avec hésitation près de lui, laissant un espace entre eux pour les livres qu'avait sélectionnés Ryômen.
    — J'en ai pris des pas trop longs pour que tu sois pas débordé, expliqua-t-il en s'asseyant en tailleur.
    — Présente-les moi, pour que je sache par lequel commencer, répondit Megumi en l'imitant.
    — Je t'ai mis le tome un de Hunger Games, il faut que tu découvres, c'est très important. En plus les films sont avec l'actrice préférée de Yuji donc tu dois connaître.
    — Ça parle de quoi ?
    — C'est une télé-réalité sur des ados qui se tuent dans une arène.
    — Ça fait très envie dis donc, répondit Megumi d'un ton sceptique.
    — C'est pas déplaisant à lire, et c'est pas si gore que ce à quoi on peut penser. L'écriture est pas exceptionnelle, mais c'est cool de voir des gens mourir, dit Ryômen en haussant les épaules. Je t'ai mis La Chute de la maison Usher, c'est une enquête, tu devrais aimer. J'ai mis Le Passage de la nuit parce que c'est une ambiance un peu mystérieuse aussi. Après j'ai mis La Femme d'un autre et le mari sous le lit parce que c'est hilarant et Le Rêve d'un homme ridicule parce que je sais que tu vas aimer ce genre d'histoire. Ah oui j'ai mis Au prochain arrêt, c'est bien. Après en romance j'ai mis des livres plus récents. Nos étoiles contraires, un classique, Devil's sons, un chef d'œuvre de la littérature, Hadès et Perséphone, tu vas adorer, c'est le livre de Yuji mais tu peux le prendre, et après en romance ancienne je t'ai mis Les Chroniques de Yokohama, Épistolaire et Les Petits meurtres de Shibuya, c'est super soft en plus y'a du sexe nulle part, les madames roses derrière c'est juste pour dire que c'est girly...
    La voix de Ryômen s'estompa peu à peu, se transformant en un murmure lointain, un chuchotement indistinct que Megumi ne percevait que d'une oreille. Il l'écoutait pourtant, mais lorsque Ryômen avait commencé à étaler les livres devant lui et à les feuilleter, ses yeux n'avaient pu s'empêcher de se poser sur ses mains, et il avait cessé de l'écouter sans s'en rendre compte. Ses cicatrices brillaient dans la lumière de la lune, comme des traits d'argent sur sa peau blanche. Ses doigts tapotaient la couverture de ses livres en laissant des empreintes éphémères dessus, la pulpe de ses pouces caressait les pages qu'il tournait à toute vitesse, dans un bruit de froissement aussi délicat que l'air qu'il expirait. Comment ses mains pouvaient-elles être si hypnotisantes ?!
    Deux doigts s'approchèrent soudain du visage de Megumi et claquèrent devant lui. Il sursauta et battit des paupières, avant de relever les yeux vers Ryômen, et de réaliser qu'il avait terminé de lui présenter sa sélection.
    — Tu fixes mon bassin depuis tout à l'heure, c'est très perturbant Megumi, fit remarquer Ryômen. Tu veux me faire passer un message ?
    — C'étaient tes mains que je regardais, dit Megumi sans être déstabilisé.
    — Qu'est-ce que vous avez tous avec mes mains ?
    — Tous ? répéta Megumi en fronçant les sourcils.
    — T'es pas le premier à regarder mes mains comme ça. Je sais que tout est beau chez moi, mais tu préfères pas regarder mes yeux ?
    — T'as plein de cicatrices. Tu te les aies faites en cuisinant ?
    — Oui, quand j'étais plus jeune je faisais pas très attention, et encore aujourd'hui ça m'arrive de me couper quand je cuisine vite. T'aimes pas ?
    — Quoi ? Non, c'est pas pour ça que je les regardais... Enfin c'était... J'étais juste surpris, répondit Megumi avec gêne. Donc... Je dois lire tous ces livres ? J'ai combien de temps ?
    — Si tu me les rends pas au bout de deux mois, je porte plainte pour enlèvement.
    — Enlèvement ? Tu veux dire vol ?
    — Non, on parle de mes bébés là, dit Ryômen en arquant les sourcils. Prends-en soin ou je te les fais tous repayer.
    — J'en prendrai soin, promit Megumi.
    Il observa les livres un instant, avant de relever les yeux vers lui d'un air suspicieux. Ryômen souriait d'un air innocent et ses yeux brillaient d'espièglerie. Le connaissant, il avait sûrement dû lui donner des livres plein de sexe, et qui étaient loin d'être des chefs d'œuvres littéraires... Mais Megumi était curieux, et il voulait bien faire l'effort de lire quelques romans. Il n'aimait pas cela en général, il avait toujours du mal à se plonger dans un univers qui n'était pas le sien et à s'attacher aux personnages. Et la lecture était une perte de temps si elle ne lui apportait aucune connaissance. Mais il avait bien compris que Ryômen aimait beaucoup cela, alors il était prêt à essayer. Peut-être que cela lui permettrait de mieux le connaître...
    Il regroupa les livres en deux piles, les grands d'un côté et les petits de l'autre, et les déposa au sol avec délicatesse. Il se redressa ensuite et regarda Ryômen sans savoir quoi faire. Que devait-il faire maintenant ? Ils n'allaient pas parler de livre toute la nuit, et puis il était très tard...
    — On devrait dormir non ? demanda-t-il avec gêne. On doit se lever demain en plus, on travaille...
    — Tout à l'heure plutôt. Tu te lèves à quelle heure ?
    — J'ai cours que l'après-midi donc je me lève quand je veux. Et toi ?
    — Huit heures.
    — Huit heures ?! Mais on doit dormir Ryômen ! s'exclama Megumi.
    Ryômen ouvrit la bouche pour lui répondre, mais les coins de ses lèvres se relevaient déjà, et un sourire se mit à éclore sur son visage. Déstabilisé par ce soudain sourire, Megumi le regarda sans comprendre.
    — Quoi ?
    — Tu m'as appelé par mon prénom.
    — Et alors ?
    — J'aime bien quand tu le fais, dit simplement Ryômen, en se reculant sur son lit. C'est vraiment ton pyjama ou tu veux que je te prête des vêtements ?
    — Non je dors comme ça, répondit Megumi en le suivant avec hésitation.
    Il était vêtu d'un simple t-shirt et d'un jogging ample, et ses cheveux, qu'il n'avait pas pris le temps de sécher après sa douche, tombaient négligemment autour de son visage. Il ne ressemblait pas à grand chose, il ne s'était jamais montré dans une telle tenue à Ryômen. Ryômen portait une tenue similaire à la sienne, il portait un pull ample et un pantalon fluide, et ses cheveux tombaient sur son front. Megumi s'était attendu à le voir dans une tenue plus légère, Ryômen avait tendance à mettre des vêtements qui mettaient en valeur ses muscles, mais peut-être qu'il s'était changé pour ne pas le mettre mal à l'aise.
    — Tu veux dormir de quel côté ? questionna-t-il.
    — J'ai pas de préférence, je dors au milieu en général.
    — Tu peux dormir au milieu si tu veux.
    — T'auras pas de place après.
    — Ça me donnera une bonne raison de me coller à toi, répondit Ryômen avec un sourire.
    — Je vais dormir à droite, répondit Megumi.
    Il passa devant Ryômen en l'ignorant, et souleva la couette pour se glisser dessous. Ryômen l'imita d'un air amusé, et s'allongea près de lui en laissant une distance de sécurité entre eux.
    Mince, que devait-il faire ? Megumi n'avait jamais dormi avec quelqu'un ! Enfin, il avait déjà dormi avec Tsumiki, Satoru et ses parents, mais c'était lorsqu'il était petit, et puis c'était sa famille, ce n'était pas pareil... Il n'avait aucune idée de comment faire ! Devait-il s'endormir immédiatement ? Devait-il attendre que Ryômen s'endorme ? Et s'il n'arrivait pas à trouver le sommeil ? Que faire ? Dans quelle position devait-il se mettre ? Devait-il se tourner vers Ryômen ou lui tourner le dos ? Devait-il se rapprocher de lui et rester dans ses bras ? Et qu'allaient-ils faire au réveil ? Que faire s'ils ne se réveillaient pas en même temps ? Et comment se passeraient leur relation après ? Allaient-ils faire comme si de rien n'était ? Ils allaient dormir ensemble quand même ! Et si Ryômen n'aimait pas dormir avec lui ? Et s'il se réveillait avant lui et qu'il partait sans le prévenir ? Et si cette nuit était suffisante pour qu'il gagne le pari ? Et s'il arrêtait de lui parler du jour au lendemain ?
    — Détends-toi Megumi, ça va aller, dit Ryômen au bout d'un moment, comme s'il avait entendu ses pensées.
    — Je... J'ai jamais dormi avec quelqu'un en fait, avoua Megumi avec gêne. Je sais pas comment faire.
    — Fais comme si t'étais tout seul, dit simplement Ryômen, en se tournant vers lui pour le regarder. T'as fait comment avec la fille avec qui t'as couché ? T'as pas dormi avec elle ?
    — Je me suis endormi directement après avoir fini... Je m'en souviens plus trop, dit Megumi en détournant les yeux.
    Ryômen ne répondit pas, mais Megumi sentit qu'il ne le croyait pas. Il avait raison... Megumi se souvenait très bien de cette nuit. Il s'était endormi en tenant cette fille dans ses bras, et il s'était réveillé seul. Il se souvenait encore de la nuit chaude qu'il avait passée. Il se souvenait de l'odeur de cette fille, une odeur douce, sucrée, semblable à celle d'un bonbon. Il s'était endormi en la tenant dans ses bras, sa tête posée contre son cœur, sa main plongée dans ses cheveux. Il se souvenait de son cœur qui s'était accordé au sien, de son souffle qui s'était mêlé au sien, de sa peau moite sur la sienne... Et il se souvenait du lit froid à son réveil. Des messages qu'il avait envoyés sans qu'ils ne soient lus. Du message qu'il avait reçu une semaine plus tard, qui disait qu'elle avait déjà quelqu'un, qu'elle voulait lui dire au revoir, qu'elle était désolée. Il se souvenait de l'humiliation qu'il avait ressentie, de cette impression d'avoir perdu toute valeur, de cette solitude qui s'était emparée de lui...
    Les années passaient, mais ses souvenirs ne s'effaçaient pas, il ne parvenait pas à oublier cet épisode de sa vie. Ce n'était plus aussi douloureux qu'avant, mais c'était toujours là, et il ne pouvait pas ignorer cette peur qui tordait son cœur. Il ne voulait plus jamais revivre cela, surtout pas avec Ryômen.
    Une main se posa sur sa taille, et le tourna délicatement sur le côté. Megumi se laissa faire et retrouva face à Ryômen, qui avait réduit la distance entre eux pour le prendre par la taille.
    — Je suis désolé d'avoir fait remonter de mauvais souvenirs, dit-il dans un murmure.
    — Tu pouvais pas savoir...
    — Je suis désolé quand même. Je voulais pas te faire sentir comme un objet. C'est pas comme ça que je te vois.
    — Merci... Moi aussi je suis désolé. Je voulais pas te faire sentir inférieur, dit alors Megumi.
    — Tu m'as pas fait me sentir inférieur, répondit Ryômen en retirant sa main de sa taille.
    — Je suis sûr de t'avoir blessé. Je voulais vraiment pas, je t'assure.
    — C'est bon, ça va.
    — Tu peux le dire tu sais, t'as le droit d'être blessé par-
    — Non, ça va je suis pas blessé. Je m'attendais à rien de toute façon, coupa Ryômen d'un ton plus sec.
    Il s'écarta de nouveau et se retourna sur le dos, et Megumi ne sut pas quoi dire pour empêcher un blanc de s'installer entre eux. Ryômen s'était refermé d'un coup, comme une fleur dont les pétales se rétracteraient au moindre contact. Megumi avait dû toucher une corde sensible... Il se doutait un peu que Ryômen avait un complexe là-dessus. Ce n'était peut-être pas un complexe d'infériorité, ni même un complexe à proprement parler... Mais c'était quelque chose de douloureux pour lui. Quand Megumi avait dû faire son classement des plus beaux garçons de l'immeuble, Ryômen l'avait bloqué après qu'il ait dit qu'il se trouvait après Yuji. Il ne l'avait pas bloqué après avoir vu qu'il n'était pas dans le classement ou qu'il était dernier, il l'avait bloqué après avoir vu qu'il était après Yuji. C'était cela qui l'avait blessé, Megumi en était certain.
    Il s'en voulait vraiment, il n'avait jamais voulu lui donner l'impression qu'il était moins bien que son jumeau... Surtout que Ryômen devait être habitué à recevoir ce genre de remarque. Tout le monde avait l'air de le trouver inférieur à Yuji, comme s'il était le jumeau délaissé, le jumeau défaillant, celui qui ne valait pas la peine de recevoir d'attention. Le pire était qu'il avait l'air habitué à être traité ainsi, si bien que cela ne l'atteignait plus, que c'était devenu banal pour lui. Megumi n'aimait pas cela. Il savait à quel point c'était douloureux de se sentir moins considéré que les autres, et il n'osait même pas imaginer ce que ça devait être lorsque les autres en question étaient sa famille. Il ne voulait pas que Ryômen ressente cela avec lui. Qu'il vienne lui parler chaque jour en s'imaginant que quoiqu'il dise, Megumi préférerait toujours Yuji. Qu'il dorme avec lui en pensant que peu importe ce qu'il ferait, ce ne serait jamais suffisant pour le rendre égal à Yuji. Ryômen s'était peut-être mal comporté avec lui, mais il ne méritait pas cela pour autant.
    Après un moment d'hésitation, Megumi se rapprocha de lui et se redressa sur un coude pour mieux voir son visage.
    — Sur le groupe tout le monde était d'accord pour dire que tu es le jumeau sexy, dit-il à voix basse.
    — Vraiment ? demanda Ryômen en tournant les yeux vers lui.
    — Quand Satoru t'a sauté dessus dans la rue, et qu'il t'a attrapé par le bras, tout le monde voulait devenir sa main, ajouta Megumi.
    — Pourquoi ?
    — T'avais un t-shirt moulant et t'es musclé alors...
    — C'est vrai, dit Ryômen en retrouvant le sourire. Je suis très sexy.
    — Très vaniteux aussi, répliqua Megumi en se rallongeant près de lui.
    — Mais avoue que je suis sexy !
    — Tu l'es un peu, répondit Megumi avec un haussement d'épaules.
    — Pas qu'un peu ! Mais c'est déjà un début pour toi donc ça me suffit, dit Ryômen d'un ton fier.
    Il finit par se retourner vers lui, pour lui faire de nouveau face, et se retrouva si près de lui que leurs nez se touchait presque. Megumi ne se recula pas, et ne détourna pas le regard.
    — Si tu apprends à me connaître, je veux aussi apprendre à te connaître, dit-il dans un souffle. Et si je fais quelque chose qui te blesse, tu dois me le dire.
    — On peut pas juste coucher ensemble ?
    — Non, je veux savoir avec qui je couche.
    — Ça veut dire que je dois prendre le risque que tu m'aimes pas ? Non, ça augmenterait mes chances de perdre mon pari et-
    — C'est pas discutable ! Il faut que ça marche entre nous pour qu'on couche ensemble, insista Megumi.
    — Si ça se trouve ça marchera sexuellement mais pas mentalement.
    — Ryômen, c'est pas comme ça que ça marche une relation. Peu importe qu'on soit amis ou plus, pour qu'il y ait un lien entre nous, il faut qu'on se connaisse un minimum. Tu fais des efforts pour me connaître comme je te l'ai demandé, mais tu dois aussi me laisser apprendre à te connaître, et ça inclut que tu dois me parler quand il y a quelque chose qui va pas avec moi. Si je dis quelque chose qui te blesse, tu peux me le dire et m'expliquer pourquoi.
    — Je peux pas m'ouvrir comme ça Megumi, c'est trop simple, finit par dire Ryômen. Si t'apprends à me connaître tu verras que je suis un sauvage, tu le supporteras pas.
    — Qu'est-ce qui te dit que j'en suis pas un aussi ? répliqua Megumi en haussant les sourcils.
    — Tu peux pas être un psychopathe et un sauvage, répondit Ryômen.
    — Arrête de dire n'importe quoi, je suis sérieux. Je peux très bien m'habituer à ta façon d'être et tu peux t'habituer à moi. C'est ça une relation, c'est s'adapter mutuellement l'un à l'autre, apprendre à se connaître, s'apprivoiser.
    Ryômen ne répondit pas tout de suite, et regarda longuement Megumi. La chambre était plongée dans le noir, mais Megumi s'était habitué à l'obscurité et parvenait à voir Ryômen près de lui, si bien qu'il pouvait voir les détails de son visage. Les mèches de ses cheveux qui barraient son front, ses sourcils légèrement froncés, son nez droit, ses yeux en amande, ses joues creusées, la ligne de sa mâchoire, et ses lèvres fermées. Il pouvait même sentir son regard qui était descendu sur ses lèvres, comme si ses yeux le touchaient et le faisaient frissonner. C'était aussi déstabilisant qu'agréable, et le faible espace entre eux se chargeait peu à peu d'électricité. Megumi ne savait pas si cela venait de Ryômen ou de lui, mais l'atmosphère avait changé, si bien qu'une étrange sensation se mettait à remuer son ventre.
    — Apprivoise-moi Megumi, murmura Ryômen après un moment.
    Son souffle s'échoua sur ses lèvres en une sensuelle caresse, et le cœur de Megumi loupa un coup. Il releva vivement les yeux vers Ryômen, et son regard s'accrocha immédiatement au sien.
    L'obscurité baignait la chambre, et pourtant, Megumi n'eut aucun mal à voir que ses iris étaient devenus brûlants. Les reflets d'or de ses pupilles avaient laissé place à des marbrures rose et rouge, qui ressortaient plus que jamais dans le noir. Son regard était si intense qu'il en devenait hypnotisant, la lueur de malice et d'amusement qui brillaient habituellement dedans avec disparue, laissant place à une lueur de désir et de plaisir. Ses longs cils ombrageaient ses iris et les rendaient encore plus profonds, ils donnaient envie de plonger dans son regard et de se perdre à jamais dedans. Plus les secondes passaient, et plus Megumi avait du mal à se détacher de ses yeux. Quelle idée d'aller dans son lit et de le regarder ainsi...
    À présent son cœur battait rapidement, il ne l'avait pas remarqué au départ, mais il frappait avec force sa poitrine, comme s'il sentait que le cœur de Ryômen était proche de lui. Son ventre ne cessait de papillonner, son corps se réchauffait, ses mains étaient moites, et son souffle de plus en plus court. Ce n'était tout de même pas Ryômen qui lui faisait autant d'effet, n'est-ce pas ?
    — Me regarde pas comme ça, ça me donne envie de te faire l'amour toute la nuit, dit Ryômen avec un sourire.
    Les papillons dans son ventre volèrent avec frénésie, et Megumi sentit ses joues s'enflammer. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais il se rendit rapidement compte qu'il était incapable de parler, et qu'il ne savait pas quoi dire. Par chance, Ryômen n'attendit pas qu'il réponde. Il le saisit une nouvelle fois par la taille et le fit se retourner dos à lui, avant de le tirer contre lui, de manière à ce qu'il soit contre lui. Il entoura son torse de son bras et passa son bras de libre sous la tête de Megumi, pour lui servir d'oreiller, avant de le replier autour de ses épaules et de l'attirer un peu plus contre lui. Il nicha sa tête près de la sienne, son souffle chaud caressant alors la nuque de Megumi, et colla volontairement son bassin à ses fesses.
    — La condition c'était que tu dormes dans mes bras, murmura-t-il à son oreille.
    — Je sais..., répondit Megumi d'une voix mal assurée.
    Il ne me plaît pas. Il n'est pas attirant. Il n'est pas plus sexy qu'un autre. Il n'est pas sauvagement excitant. Il ne me plaît pas, il ne me plaît pas, il ne me plaît pas, il ne me plaît pas...
    Il ne lui plaisait pas, pourquoi son corps réagissait ainsi ?! Il était hors de question qu'il cède et qu'il lui fasse gagner son stupide pari, ce n'était pas envisageable. Sentir son corps contre lui ne lui faisait rien, son souffle réchauffant son cou non plus, et il était complètement indifférent à son bassin contre ses fesses. Il allait ignorer tout cela, ignorer la main posée sur son ventre et l'avant-bras musclé qui entourait ses épaules, et s'endormir tranquillement. Tout allait bien se passer, il pouvait le faire. Il pouvait le faire car Ryômen ne l'attirait pas, il ne lui plaisait pas, il ne lui...
    Des lèvres se posèrent soudain sur l'épaule de Megumi, et il se figea contre Ryômen. Ryômen glissa lentement sa main sous son t-shirt et effleura son ventre, le faisant trembler de surprise, et déposa un second baiser sur son épaule. Megumi resta immobile contre lui, électrisé par son touché, le souffle coupé et le cœur battant à toute vitesse dans sa poitrine. Ryômen était en train de l'embrasser, et s'il continuait de remonter le long de son épaule, il allait finir par toucher directement sa peau ! Et sa main, qui ne faisait qu'effleurer les contours de ses muscles, ne tarderait pas à se poser sur son ventre ! Pourquoi l'embrassait-il ? Jusqu'où allait-il aller ? Megumi était incapable de l'arrêter, il n'en ressentait même pas l'envie...
    Sa main se referma sur le drap et il poussa un soupir fébrile lorsque Ryômen déposa ses lèvres au creux de son cou. La paume de sa main se posa sur son ventre et appuya dessus, le ramenant un peu plus contre lui, alors que son avant-bras serrait avec plus de force ses épaules. Megumi ne réussit pas à lutter contre la délicieuse sensation de plaisir qui grimpait dans son ventre, il laissa tomber ses paupières sur ses iris, et laissa son corps se détendre. Ryômen dut le remarquer, car il se mit à l'embrasser avec plus de fougue, et finit même par passer sa langue sur son cou. Megumi se mordit la lèvre pour se calmer, les joues rouges de plaisir et de gêne. Chacun de ses baisers produisait une vague de chaleur en lui, il n'avait jamais ressenti cela, pas même avec la fille qui l'avait abandonné... C'était déroutant et terriblement excitant...
    Si Ryômen continuait de l'embrasser ainsi, il n'était pas sûr de pouvoir se contenir encore longtemps, mais il n'était pas prêt non plus à aller trop loin avec lui... Il avait besoin d'être plus proche de Ryômen pour faire cela, mais en même temps, il ne pouvait pas le repousser, ses baisers lui procuraient trop de bien pour qu'il y mette un terme...
    — Tu me repousses pas, dit Ryômen en se penchant au-dessus de lui.
    — Je... Parce que je...
    — Tu m'as l'air tout troublé, sourit Ryômen. T'inquiète pas, je sais que tu veux pas aller plus loin. Je faisais juste ça pour te dire bonne nuit.
    — Juste pour me dire bonne nuit ! Sérieu- Ah ! s'exclama Megumi alors que Ryômen fondait de nouveau sur sa gorge pour l'embrasser. Arrête !
    — Je vois que tu adores ça, murmura Ryômen en embrassant son oreille. Je peux continuer jusqu'à ce que tu t'endormes tu sais...
    — Arrête, c'est pas le moment tu dois dormir, répondit Megumi en repoussant son visage, les joues de plus en plus rouges.
    — Je retiens que t'es d'accord pour le faire plus tard, dit alors Ryômen en se rallongeant dans son dos, après avoir déposé un petit baiser sur sa joue.
    — Si c'est comme ça je vais limiter ton nombre de baisers par jour...
    — Ça me dérange pas, ça en vaut le coup. Demain tu veux que je te réveille, ou que je te laisse dormir ? Je peux te laisser mes clés si tu veux.
    — Non, je veux pas me réveiller seul.
    — Je te réveillerai alors. Tu veux que je te lâche ou ça te va si on reste comme ça pour dormir ? Parce que je suis bien dans cette position.
    — On peut rester comme ça, répondit Megumi avec gêne.
    — Ok. Bonne nuit Megumi, murmura Ryômen.
    Il retira sa main de sous son t-shirt et remit son vêtement en place avant de reposer sa main dessus, il lâcha ses épaules, puis il recula son bassin de quelques centimètres pour ne plus se frotter à lui. Ses baisers avaient provoqué plus de bien que prévu à Megumi, il était à présent si détendu que ses yeux se fermaient tous seuls, il était déjà sur le point de s'endormir. Ce n'était pas si angoissant de s'endormir dans les bras de quelqu'un finalement...
    — Bonne nuit Ryômen, eut-il le temps de dire avant de sombrer dans le sommeil.

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Voilà le premier chapitre spécial 🤭
J'espère qu'il vous a plu. La plupart des chapitres spéciaux sont sur eux car c'est le couple principal de l'histoire, mais je verrais si j'en ajoute sur les couples secondaires.

En tout cas je voulais vous remercier pour tous les commentaires et les votes jusque là, c'est vraiment génial de se lever et de voir tous vos commentaires ! J'ai vu que l'histoire était déjà à 6k vues, ça me fait plaisir je m'y attendais pas 🥲

À demain mgl 🦦

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